Le pitbull Bloody finalement euthanasié

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Shawinigan — Bloody n’est plus. Le pitbull qui a mortellement attaqué un yorkshire miniature le 25 avril a été euthanasié mardi après-midi.

La propriétaire de l’animal, Debrah Auger, semblait peu encline à respecter la décision du conseil municipal de Shawinigan, en début de soirée lundi. Quelques minutes auparavant, les élus avaient décrété que ce pitbull devait être euthanasié, sur la base de rapports de deux vétérinaires qui considéraient que Bloody représentait un risque modéré envers les humains et élevé à l’endroit d’autres animaux.

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Marco Champagne, directeur général de la Société protectrice des animaux de la Mauricie, mentionne que malgré le degré d’émotion élevé dans ce genre de situation, Mme Auger a finalement offert une bonne collaboration dans les circonstances.

Il s’est présenté chez la Shawiniganaise en compagnie d’un patrouilleur dès mardi matin. Quelques heures plus tard, en après-midi, elle communiquait avec la SPA Mauricie pour lui céder son animal.

«Nous lui avons fait comprendre l’importance de la décision qui a été rendue par la Ville de Shawinigan», explique M. Champagne. «Nous étions en mode collaboration, pour nous assurer qu’elle respecterait la décision. Quelques heures plus tard, elle a appelé notre patrouilleur, qui avait créé un lien de confiance avec elle depuis le début. Elle nous a alors dit qu’elle nous confiait son animal pour l’euthanasie.»

«Vous savez, notre personnel a l’expérience avec les citoyens, un peu comme un travailleur social», ajoute le directeur général. «On veut que le citoyen collabore avec nous. C’est sûr que c’est émotif, se départir de son animal. Mais nous avons toujours eu une bonne collaboration avec cette dame.»

M. Champagne précise qu’il s’agit d’une première intervention de la SPA Mauricie à la suite de l’adoption d’une résolution d’un conseil municipal, en vertu du Règlement d’application de la loi visant à favoriser la protection des personnes par la mise en place d’un encadrement concernant les chiens, entré en vigueur le 3 mars.

Le porte-parole précise qu’à Shawinigan, il existe présentement 22 chiens sous conditions de garde, des mesures qui doivent être scrupuleusement respectées par les propriétaires pour éviter l’euthanasie à leur animal.

Dans le cas de Bloody, les deux vétérinaires recommandaient le port d’une muselière en tout temps sur la voie publique ou lorsqu’il était attaché à l’extérieur, de même que le port d’un harnais ou d’un licou pour la promenade. Mais le conseil municipal estimait tout de même le risque trop élevé pour la population, compte tenu de l’attaque du 25 avril dans le quartier Saint-Marc.

M. Champagne s’attend malheureusement à ce que d’autres demandes semblables de municipalités soient transmises à la SPA Mauricie.

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Nala, le yorkshire miniature qui n’a pas survécu à l’attaque de Bloody, repose maintenant dans une urne.
SYLVAIN MAYER

«Nous avons réalisé plusieurs évaluations comportementales au cours des dernières semaines», explique-t-il. «Le 1er mai, nous avions déjà recensé une dizaine de cas de morsures en Mauricie depuis l’entrée en vigueur du règlement. En 2019, nous avions réalisé 32 évaluations comportementales à la suite d’une morsure.»

M. Champagne fait remarquer que depuis le 3 mars, les médecins ou médecins - vétérinaires doivent maintenant signaler toute morsure qui démontre que l’animal peut représenter un risque à la sécurité publique. «C’est une obligation déontologique qu’ils n’avaient pas avant le 3 mars», précise M. Champagne. «C’est pourquoi il y a maintenant plus de déclarations.»

Soulagement

Kayla Dumont, victime de l’attaque du 25 avril dans une ruelle du quartier Saint-Marc, accueille avec soulagement l’euthanasie du pitbull meurtrier.

«Le poids sur mes épaules a vraiment diminué quand le conseil municipal a pris sa décision», raconte-t-elle. «J’en étais vraiment soulagée. Il y a des enfants partout dans le quartier, plusieurs personnes qui ont de petits chiens. Je n’aurais pas été capable de supporter que ça puisse arriver une autre fois.»

En début de semaine, Mme Dumont est sortie de chez elle avec la chienne de sa sœur et elle affirme avoir été agressée à nouveau.

«C’était deux gros chiens, qui n’étaient même pas attachés», déplore-t-elle. «Ils me sautaient dessus et la propriétaire ne réagissait pas. Il y a des gens irresponsables, ça n’a pas de sens! C’est décevant et c’est dangereux pour les autres.»

M. Champagne souhaite que cet épisode servira de mise en garde à la population.

«Nous profitons de l’occasion pour rappeler l’importance de la maîtrise de son chien en tout temps», indique M. Champagne. «Sinon, c’est malheureux, dramatique ce qui peut arriver. Il fait chaud, les gens déconfinent... On demande aux gens d’avoir une laisse de 1,85 mètre en tout temps quand ils se promènent sur la rue et d’être conscients qu’un animal peut attaquer.»

Quant à Mme Dumont, elle se remet lentement des blessures subies en tentant de défendre son minuscule yorkshire.

«Je prends encore des médicaments», confie-t-elle. «Mon pouce ne plie pas du tout. Je suis en arrêt de travail tant que mon pouce ne sera pas guéri.»

«J’ai perdu ma petite fille parce qu’une dame, qui savait que son chien était dangereux, n’a pas respecté la loi», déplore-t-elle. «À l’avenir, je ne me gênerai pas pour parler de ces situations. Je ne laisserai plus rien passer.»