La crise du Covid-19 fait émerger de nouveaux « travailleurs vulnérables »
Ces salariés représentent environ 4,3 millions de personnes, travaillent dans l’hôtellerie et la restauration, la culture ainsi que les transports
La crise du coronavirus, qui a conduit à l’arrêt total et brutal de nombreux secteurs d’activité, fragilise considérablement les travailleurs vulnérables mais elle en frappe aussi de nouveaux qui risquent d’être « durablement impactés », selon une étude présentée ce mercredi par France Stratégie.
Ces « nouveaux vulnérables », qui représentent environ 4,3 millions de personnes, travaillent dans l’hôtellerie et la restauration, la culture ainsi que les transports. Ils ont vu leur activité professionnelle, « qui exige des rassemblements », « durablement arrêtée » et elle risque d’être « durablement impactée », selon l’organisme gouvernemental.
Parmi eux, nombre de jeunes travailleurs sans diplômes, ou reconvertis après une perte d’emploi, en temps partiel et horaires atypiques et de petites ou très petites entreprises, avec « une part de statuts fragiles (CDD, intérimaires, autoentrepreneurs…) très supérieure à la moyenne des métiers ».
De nouvelles entrées dans « les vulnérables de toujours »
Beaucoup ont vu leur chiffre d’affaires chuter, ont de grandes difficultés de trésorerie, alors qu’ils « ont le salaire médian le plus faible de toutes les catégories de métiers », très inférieur au salaire médian moyen de 1.800 euros mensuels nets, selon France Stratégie qui répertorie quatre autres catégories de métiers.
Ces « nouveaux vulnérables » rejoignent, dit l’organisme, « les vulnérables de toujours », estimés presque au même nombre (4,2 millions), « ouvriers, artisans, travailleurs de l’industrie et du bâtiment » aux statuts précaires eux aussi, et « premiers impactés lors des crises », notamment en 2008 où ces secteurs avaient vu leurs effectifs considérablement réduits.
Leur vulnérabilité économique se cumule avec « la pénibilité physique », « l’intensité du travail (à la chaîne) » et souvent « une situation de handicap déclarée » et reconnue ainsi qu’une « vulnérabilité financière ». Beaucoup, soumis au chômage partiel avec la crise sanitaire ont vu leurs revenus baisser, alors que leur revenu médian se situe entre 1.600 et 1.630 euros, en dessous de la plupart des salariés en France.
« Travailleurs sur le front », télétravailleurs…
Parmi les autres catégories de métiers, diversement impactées par la crise, France Stratégie identifie les « travailleurs sur le front » (santé, sécurité, agriculture, propreté, éducation) qu’elle évalue à « 10,4 millions de personnes » et dont deux sur trois sont des femmes, peu rémunérées, à l’activité maintenue car jugée essentielle et confrontées à un risque infectieux direct [sauf cas spécifique de l’enseignement à distance pour les enseignants pendant le confinement].
L’organisme évoque par ailleurs les télétravailleurs (5 millions de personnes, selon le ministère du Travail), « essentiellement les cadres », qualifiés, en CDI et « assez protégés par le salariat » mais « très sollicités pendant la crise », et exposés à un risque certain « d’hyperconnectivité ».
Dernier groupe identifié, non quantifié : les professionnels qui ne peuvent pas télétravailler et en activité partielle, « très massivement en CDI », travaillant dans des fonctions support administratives, cadres intermédiaires, techniciens informatiques, employés de banque ou secrétaires, dont l’éloignement de la sphère professionnelle pourrait générer une « désocialisation ».
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