En Val de Loire, pendant le confinement, les migrateurs étaient tranquilles pour nicher

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Les sternes naines et pierregarin reviennent, chaque année, sur les bancs de sable pour pondre et élever leurs jeunes.   © Frédéric Lonjon

Le confinement est intervenu au moment où les oiseaux migrateurs viennent dans la vallée de Loire pour se reproduire. Le ralentissement de l’activité humaine était une aubaine pour les sternes, qui apprécient le calme des bancs de sable. 

Chaque année, dans la vallée de la Loire, elles viennent se reproduire sur les bancs de sable façonnés par le courant. Pour les sternes naines et les sternes pierregarin, le ralentissement de l’activité humaine pendant l’épidémie de Covid-19 a procuré un surcroît de calme bienvenu.

« Le confinement est arrivé à une période importante, celle de la reproduction, explique Florence Delaroche, chargée de mission du Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire, animatrice des sites protégés Natura 2000 de l’axe Loire-Allier. Un certain nombre d’espèces migratoires revient au printemps, notamment les oiseaux qui nichent sur le sable, dont les sternes. »

Les sternes sont « très sensibles au dérangement »

L’absence de l’humain sur les rives du fleuve pendant deux mois n’a pu qu’être profitable à ces oiseaux pêcheurs au plumage blanc et au vol léger. D’ordinaire, ils n’apprécient guère sa présence. « Les sternes forment de grandes colonies et sont très sensibles au dérangement, précise la chargée de mission du Conservatoire. Si des gens approchent, ils provoquent l’envol des adultes. C’est un risque pour leurs œufs, qui ne sont alors plus protégés de la chaleur, très forte sur le sable. Qui plus est, ceux-ci sont à même le sol et, du fait de leur couleur, on peut ne pas les voir. »

Les sternes restent au bord du fleuve jusqu’à l’été, le temps que leurs jeunes soient aptes à prendre leur envol. L’impact du confinement sur elles reste encore difficile à quantifier. « Il n’y a pas beaucoup de données, car les naturalistes étaient, eux aussi, confinés, souligne Florence Delaroche. Mais, sur des sites qui se sont soudain retrouvés vides d’êtres humains, il y a potentiellement des installations de nids. » En plus des zones de nidification déjà connues où les volatiles aiment venir d’année en année, signalées aux promeneurs par des panneaux et interdites d’accès – l’une d’elles se trouvent près de Léré.

Du reste, le confinement a, aussi, apporté de la tranquillité aux oiseaux communs. « Dans les sentiers où il y a du passage et où ils ne s’installent pas d’habitude, ils ont pu faire des nids. » Ou encore aux grenouilles, crapauds, tritons et salamandres, « qui se reproduisent à cette époque ».

 

« L’enjeu de cette période,
c’est que le retour brutal du bruit,
de la présence humaine, peut conduire
à un échec de la reproduction. »Florence Delaroche (Chargée de mission du Conservatoire d'espaces naturels Centre-Val de Loire)

À présent, le déconfinement peut constituer un danger pour la faune. « L’enjeu de cette période, c’est que le retour brutal du bruit, de la présence humaine, peut conduire à un échec de la reproduction, prévient Florence Delaroche. Il est bon de faire attention, quand on est en voiture, aux animaux pour qui la route était devenue moins dangereuse, de faire moins de bruit quand on est dans la nature, de rester sur les sentiers, de tenir son chien en laisse... »

Le moment peut être propice à la redécouverte de l’environnement, après un calme qui lui a été favorable. « Ces précautions, ce sont des petites choses qui peuvent permettre de voir ce qu’on ne voit pas en temps normal. Ça peut être une aubaine ! C’est l’occasion de se rendre compte qu’il y a beaucoup de vie autour de nous, une nature passionnante et pleine de beauté. »


Le guêpier est déjà dérangé. Petit migrateur coloré, le guêpier d’Europe aime venir nicher à Maimbray, sur la commune de Beaulieu-sur-Loire, au bord du fleuve, aux confins du Cher et du Loiret. Il est de retour cette année, mais il n’est pas tranquille… « Des dérangements ont déjà été constatés comme les années précédentes », indique Mélanie Baumann, de la Maison de Loire du Cher de Belleville-sur-Loire, toute proche. Avec des communes, des passionnés et d’autres associations, la Maison de Loire travaille à la protection de cette zone et à la sensibilisation du public. Mais le Covid-19 a retardé les opérations. « Il n’a pas été possible de finaliser l’installation en dur de la protection du site avant l’arrivée dela colonie. Nous avons mis en place une installation provisoire : corde, support bois et affichette sur la nidification. »  


Vincent Michel