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L’application Stop-Covid devrait être téléchargeable à partir du mardi 2 juin. PHOTO AFP - AFP

L’application Stop-Covid sera bien un outil de plus de la lutte contre le virus

Les critiques éthiques d’une partie de la classe politique n’empêchent pas le gouvernement d’avancer et de publier mardi 2 juin l’application de traçage numérique des cas contacts de malades du virus.

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« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » C’est avec François Rabelais que le débat parlementaire sur l’application Stop-Covid de traçage des contacts des malades du Covid-19 s’est élevé, ce mercredi. Du gouvernement assurant défendre les valeurs démocratiques, le respect de l’État de droit et des libertés individuelles, aux farouches opposants, tels Jean-Luc Mélenchon, citant le libre-penseur du XVIe siècle.

« Je suis de ceux qui ne veulent pas qu’on sache à côté de qui j’étais à moins d’un mètre et pendant un quart d’heure », s’est enflammé le Français insoumis, dénonçant un système dangereux et inefficace. « C’est un outil au service des citoyens et non pas une menace pour ses libertés », avait plaidé plus tôt la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.

Un gadget ou un instrument sanitaire ?

L’application de traçage numérique est « un gadget, un écran de fumée » a critiqué Damien Abad pour Les Républicains. Ce n’est «  pas une coquetterie technologique mais un outil sanitaire  », pour Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique. Cette invention nationale promet une transparence totale, la publication par l’INRIA du code informatique de l’application en source ouverte. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a appuyé la stratégie en rappelant que 45 % des transmissions du virus se font à partir de cas asymptomatiques ou en période d’incubation.

Finalement, cette polémique intellectuelle nécessaire a obligé le gouvernement et les scientifiques à prendre une foule de précautions. La CNIL (Commission nationale informatique et libertés) a obtenu des garanties. L’usage de l’application Stop-Covid sera volontaire, anonyme et transparent, sans géolocalisation (technologie Bluetooth), ni conservation des données au-delà du besoin. L’historique de proximité sera purgé après quinze jours.

Il aurait été possible d’aller plus loin en créant un comité de suivi ou de contrôle car on ne peut exclure des failles de sécurité. Au moment où le déconfinement s’apprête à prendre une dimension supplémentaire (nouvelles perspectives attendues ce jeudi), « c’est maintenant que nous avons besoin de multiplier les outils », en complément des enquêtes humaines de traçage, a insisté Olivier Véran.

Jamais le numérique n’avait pénétré aussi profondément notre société, du télétravail au téléenseignement. Le débat éthique ne peut être occulté. Le projet a été approuvé par les députés à une confortable majorité, par 338 voix contre 215, et 21 abstentions. Au Sénat, 186 sénateurs ont voté pour, dont une majorité du groupe LR, 127 ont voté contre et 29 se sont abstenus.

« Un enjeu majeur pour les années à venir », selon le mathématicien et ancien marcheur Cédric Villani qui met « en balance les avantages et les risques ».

L’application Stop-Covid devrait être téléchargeable sur les smartphones à partir du mardi 2 juin. Un boîtier est à l’étude pour ceux qui n’en sont pas dotés.