Manifestation à Trois-Rivières: les professionnelles en soins réclament leurs vacances

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TROIS-RIVIÈRES — Une vingtaine de professionnelles et professionnels en soins ont manifesté devant le siège social du CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec, mercredi après-midi. Le Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (SPSMCQ-FIQ) voulait ainsi dénoncer l’arrêté décrété par le ministère de la Santé et des Services sociaux, en vertu duquel le CIUSSS peut annuler ou déplacer les vacances de ses employés, en raison de la pandémie. 

C’est l’épuisement de ses membres après deux mois de travail intensif pour lutter contre la pandémie que dénonçait le syndicat, alors que d’autres actions étaient menées par des syndicats affiliés à la FIQ à travers la province, mercredi. Un épuisement exacerbé par le recours à l’arrêté du ministère de la Santé et des Services sociaux du 21 mars dernier, qui permet au CIUSSS de suspendre et d’annuler les congés de ses employés, notamment les vacances. 

«Les professionnelles sont déjà à bout de souffle, on a des appels quotidiennement. Encore hier, des gens se sont fait annoncer que leurs vacances sont annulées. Beaucoup n’ont pas eu droit à leurs jours fériés et beaucoup sont obligées de travailler à temps complet alors qu’elles étaient à temps partiel. Beaucoup sont essoufflées, elles ont de la difficulté à concilier travail et famille. Les gens ont besoin de repos, ils ont besoin de se ressourcer et c’est le message qu’on porte aujourd’hui», résume Nathalie Perron, présidente du SPSMCQ-FIQ. 

Les manifestants ont pris part à une mise en scène en se couchant au sol – à 2 m de distance les uns des autres – pour simuler leur mort par épuisement. Un cercueil avait été posé contre la clôture du terrain du siège social du CIUSSS, de même que des affiches où l’on pouvait lire des slogans comme «mort de fatigue», «vous allez tuer notre profession» et «arrêtez les arrêtés». 

Claudia Rheault était du nombre des manifestants présents mercredi. C’est avant tout en appui à ses collègues qui ont du mal à concilier famille et travail et à s’adapter aux conditions de travail en constant changement qu’elle a participé à cette action. 

«J’ai été affectée au niveau d’une équipe COVID, il a fallu s’adapter pour aller voir des patients à domicile qui ont été déclarés positifs», explique-t-elle.  «Chaque jour, il y avait de nouvelles façons de gérer les situations. On n’avait pas l’équipement requis, pas de visière. Il a fallu se battre aussi pour ça», rappelle Mme Rheault. 

Claudiane Gélinas était également présente à cette action syndicale. En tant qu’agente de proximité pour la FIQ à Shawinigan, elle dit être bien placée pour témoigner de la détresse que vivent ses collègues. 

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Nathalie Perron, présidente du SPSMCQ-FIQ (à gauche, de dos), a brièvement échangé avec le directeur des ressources humaines, communications et affaires juridiques du CIUSSS, Louis Brunelle, avant le début de l’action syndicale.
STÉPHANE LESSARD

«On ne compte plus les heures, nous non plus. On est présent de jour, de soir, de nuit, la fin de semaine. On fait un roulement pour qu’il y ait toujours une présence syndicale pour aider nos membres», explique-t-elle. 

«On est des professionnelles nous aussi, je suis infirmière clinicienne. Quand on m’appelle, je suis agente, mais je suis aussi soignante. On essaie de prendre soin (de nos membres) quand ils sont en détresse psychologique. 

Offre du CIUSSS rejetée

Le CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec affirme pour sa part avoir offert une alternative à ses employés de catégorie un, soit de prendre un maximum de deux semaines de vacances, consécutives. Si cette offre avait été acceptée par le SPSMCQ-FIQ, le CIUSSS prétend qu’il n’aurait pas besoin de demander à des employés en vacances d’y mettre un terme pour retourner travailler. 

«Si tout le monde revenait après deux semaines consécutives, avec le bassin qu’on avait, on était capables de passer à travers toutes éclosions qui pourraient survenir durant l’été. Ils auraient gardé deux semaines qu’ils avaient choisies», soutient Louis Brunelle, directeur des ressources humaines, communications et affaires juridiques du CIUSSS. Le CIUSSS aurait ensuite tenté de permettre aux employés de reprendre leurs jours de vacances manquants, si la situation l’avait permis. 

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Les manifestants ont protesté contre l’arrêté du ministère de la Santé et des Services sociaux qui permet aux CIUSSS et CISSS de la province de suspendre ou annuler les vacances de ses employés en temps de pandémie.
STÉPHANE LESSARD

Cette offre a toutefois été rejetée par le SPSMCQ-FIQ. Les deux parties conservent donc le programme de vacances sur lequel elles s’étaient entendues en février, avant le début de la pandémie. M. Brunelle prévient toutefois que cette façon de faire lui donne moins de marge de manœuvre et pourrait impliquer que des employées perdent une partie de leurs vacances. Certaines pourraient même avoir moins de deux semaines de congé. 

«On ne le souhaite pas et on ne le pense pas, mais il pourrait arriver qu’on cancelle une semaine sur deux à quelqu’un. Donc, il lui resterait une seule semaine», indique-t-il. 

Le syndicat explique de son côté qu’il ne pouvait pas se résoudre à endosser une mesure comme celle proposée par le CIUSSS. 

«On ne peut pas endosser une position comme ça parce qu’elle est contraire aux conventions collectives», résume Mme Perron. 

Elle ajoute que les trois quarts de ses membres n’ont droit qu’à deux semaines de vacances par année. «Ce n’est pas un gros écart pour respecter les droits des gens sur le plancher», croit-elle. 

Mme Perron prévient en outre que les vacances qui sont annulées devront être reprises et peut-être à un moment inopportun. «Il va falloir les reprendre, ces vacances-là, et cet hiver, ce ne sera pas le temps, il risque d’y avoir une deuxième vague», rappelle-t-elle.