La Lufthansa rejette les conditions de l'UE sur son sauvetage
FRANCFORT (Reuters) - Le conseil de surveillance de la Lufthansa a rejeté mercredi certaines des conditions posées par les autorités européennes pour que le plan de sauvetage gouvernemental de la compagnie aérienne soit approuvé, semant le doute sur les perspectives de ce projet estimé à 9 milliards d'euros.
Le conseil refuse notamment que Lufthansa renonce de manière permanente à un certain nombre de créneaux d'atterrissage et de décollage aux aéroports de Francfort et Munich, un marché qu'elle occupe aux deux tiers.
Il constate toutefois que le plan de sauvetage reste la "seule alternative viable" pour que Lufthansa échappe à la faillite et dit souhaiter poursuivre ses négociations sur les exigences européennes qui sont selon lui une source d'affaiblissement, tant pour ses "hubs" aéroportuaires que pour ses capacités à rembourser ses emprunts.
Le gouvernement allemand et la direction de Lufthansa, sévèrement pénalisée par la pandémie liée au coronavirus, ont annoncé lundi être parvenus à un accord sur un plan de sauvetage de neuf milliards d'euros pour la compagnie aérienne.
L'Etat allemand va prendre une participation de 20% dans Lufthansa, dont il compte se dessaisir d'ici 2023, via l'acquisition de nouvelles actions d'une valeur nominale de 2,56 euros pour un montant total d'environ 300 millions d'euros.
Le gouvernement va aussi injecter 5,7 milliards d'euros pour prendre une participation sans droit de vote, dite "silencieuse", dont une partie pourrait être convertie dans une participation supplémentaire au capital de 5% si des échéances de paiement de coupons venaient à ne pas être honorées ou pour protéger l'entreprise d'une prise de contrôle étrangère.
Lufthansa bénéficiera par ailleurs d'un prêt de trois milliards d'euros sur trois ans garanti par l'Etat, auprès de la banque publique allemande KfW et de banques privées.
Selon le site internet de la compagnie, Lufthansa emploie environ 138.000 personnes.
(Arno Schuetze et Ilona Wissenbach; version française Nicolas Delame)