Union européenne: la cuisine maligne d’Ursula von der Leyen
by Gilles SengèsIl paraît que, confinement oblige, la cuisine est revenue au goût du jour. Si cela a été le cas pour Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne a bien progressé en la matière. Après la bouillie servie notamment aux Italiens au début de la crise du coronavirus, voilà qu’elle présente un « menu malin » – comme disent les grands chefs – en guise de plan de relance économique.
Il y a peu de fautes de goût dans sa présentation, sur la forme comme sur le fond. Il était d’abord malin d’en donner la primeur au Parlement européen. Malin ensuite d’introduire sa présentation en français pour en appeler aux valeurs de l’Union, de continuer en anglais pour parler chiffres et de finir en allemand, sa langue natale, pour donner plus de force de conviction à sa plaidoirie. Le club des pays « frugaux » a dû se sentir visé. Malin enfin de ne pas dévoiler tous les ingrédients de ce généreux menu pour arriver à la note finale.
Les critiques diront qu’elle est salée et que c’est un comble de dire qu’elle est destinée à sauver la jeune génération, laquelle devra pourtant régler l’addition. Mais, prise entre ceux qui ne veulent pas augmenter le budget européen et ceux qui réclament une mutualisation de la dette, Ursula von der Leyen n’avait guère d’autres choix que de présenter un menu à la carte. Les pays du sud bénéficieront de subventions mais, comme tout fonds de cohésion, elles nécessiteront le visa des Vingt-Sept et répondront aux nouvelles priorités environnementale et technologique de l’UE. Les « frugaux » ne mettront pas plus au pot commun, à condition d’accepter l’instauration de ressources propres (taxes carbone, numérique, plastique). Les tractations ne font que commencer mais la présidente de la Commission a déjà montré qu’elle avait tiré une autre leçon de la crise. Elle avance masquée.