Royaume-Uni : quelle place pour les travailleurs immigrés de la Santé ?
by Damon Emblingeuronews_icons_loading
Boris Johnson participe aux applaudissements quotidiens pour les soignants. Et ce, alors que que son gouvernement conservateur est accusé d'hypocrisie en ayant tourné le dos à plusieurs de ces mêmes soignants.
Aujourd’hui, le secteur britannique des soins dépend fortement des travailleurs migrants.
Mais à partir de la fin de cette année, le projet de loi du gouvernement sur l'immigration après le Brexit devrait mettre fin à la libre circulation des personnes venues de l’Union Européenne.
Damon Embling, Euronews, Londres : «Cela ouvrira également la voie à un nouveau système de points pour ceux qui veulent un emploi ici au Royaume-Uni - un système qui favorisera les travailleurs migrants classés comme qualifiés et atteignant un seuil de salaire de 28 500 euros. Avec de nombreux travailleurs sociaux gagnant actuellement moins que ce salaire, c’est comme si la porte leur était d’avance fermée. Le gouvernement dit qu’il est temps de cesser d’être dépendant de la «main-d’œuvre bon marché» d’Europe. »
Sandija, venue de Lituanie, est une aide familiale à domicile… La pandémie a fait qu’elle s’est retrouvée confinée avec une dame âgée dont elle s’occupe depuis 11 semaines.
"(Les) dernières semaines ont été très difficiles mentalement mais cela a été, en même temps, très enrichissant parce que je sais que j'ai gardé quelqu'un en sécurité."
Sandija est l'un des mille soignantes à domicile travaillant pour la société The Good Care Group. Près de la moitié de ses travailleurs britanniques sont originaires de l'UE.
Si nous les faisons venir, ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas chers, mais parce qu'il n'y a pas de gens dans ce pays qui veulent faire ce travailDominique Kent
Directrice générale de Good Care Group
Dominique Kent, Directrice Générale, The Good Care Group : «Il faut commencer à reconnaître ces personnes comme des travailleurs qualifiés et cesser de dire qu’ils ne sont pas qualifiés. Si nous les faisons venir, ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas chers, mais parce qu'il n'y a pas de gens dans ce pays qui veulent faire ce travail. »
Le gouvernement affirme que l'immigration n'est pas la solution aux problèmes du secteur des soins. Pourtant, les services de santé ne voient pas bien comment ils pourraient vivre sans les travailleurs migrants qui sont là aujourd'hui.
Karolina Gerlich, directrice exécutive, The Care Workers’s Charity : «Nous devons très clairement être inscrits sur la liste des secteurs en pénurie, cela nous permettrait de recruter des soignants. Et, évidemment, à l'avenir, il faut que les salaires augmentent, pour qu’on puisse espérer qu’au cours des prochaines années, ils atteignent le seuil."
Le nouveau projet de loi sur l'immigration a déjà reçu le soutien initial des parlementaires.
Mais l’opinion publique a-t-elle changé? Un récent sondage montre que 54% de la population soutient désormais des règles d'immigration plus souples, pour les travailleurs considérés comme essentiels pendant la pandémie.