L’effondrement de l’immeuble avait fait deux morts à Lille : la société immobilière condamnée
En septembre 2014, un immeuble à l’état incertain s’effondre à Fives. Une femme et son enfant sont retrouvés morts sous les décombres. Le tribunal correctionnel de Lille vient de reconnaître comme seule coupable la société civile immobilière propriétaire des lieux.
by Publié leLes débats avaient duré des heures. C’était en mars dernier, la veille de la plongée de la France dans le confinement. Le climat est à l’économie de crise. Un exemple ? L’un des avocats du dossier n’a pas pu se procurer de gel hydroalcoolique. Dans le prétoire, il se désinfecte régulièrement les mains à l’alcool pur.
De crise, il est également largement question dans les échanges. Le 1er septembre 2014, un immeuble se désagrège rue Pierre-Legrand, à Fives. Dans les décombres, les secours retrouveront les corps d’une femme de 37 ans et de son enfant de deux ans. Six ans plus tard, quelques protagonistes de l’affaire se retrouvent devant le tribunal. « Cette affaire rappelle celle de la rue d’Aubagne, à Marseille, souligne Stéphane Bulteau, l’avocat du père et mari des victimes. Sauf que là, on n’a pas forcément affaire à des marchands de sommeil. »
Il y a deux mois, la SCI du Collège, ou plutôt Gilles Maton, son défenseur, tente d’élargir le champ des responsabilités. Au moment du drame, les lieux sont dans un état déplorable. Ils sont même connus pour cela. Au fil des ans, le bâtiment a subi effritements et autres déliquescences. Mais bon, depuis au moins cinq ans, les locataires ne réglaient plus le loyer, sans provoquer l’ire des bailleurs qui escomptaient vendre les lieux à leurs occupants. « Preuve que l’on n’a pas affaire à des marchands de sommeil », insiste Me Maton. Lui regardait plutôt du côté de la ville et de la communauté urbaine. Pour lui, la commune et la Métropole européenne de Lille ne peuvent que partager une responsabilité dans ce cauchemar.
Pourquoi ? À cause de travaux réalisés dans les années 1990 sur l’immeuble voisin heurté par un camion et finalement détruit. La municipalité s’était substituée au propriétaire. Quant à la MEL, elle a eu quelques chantiers dans les environs, autant de possibles agressions contre un édifice peu stable.
Le tribunal présidé par Bernard Lemaire ne retiendra finalement que la culpabilité de la seule SCI. Entre amende et dommages et intérêts, celle-ci devra régler plus de 150 000 €.