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Le siège d'Ecobank, à Lomé. © Michel Aveline pour JA

Le Nigeria fait flancher la note d’Ecobank

La hausse des pertes de change, en particulier au Nigeria, plombent les réserves du groupe, qui ne devrait pas distribuer de dividendes cette année. Ce qui lui vaut une dégradation de la part de l’agence américaine Fitch Ratings.

Le 22 mai dernier, l’agence de notation américaine Fitch a fait passer la note de la banque panafricaine Ecobank de B à B-. En cause, le probable non-versement de dividende aux actionnaires pour 2020 qu’anticipe Fitch, ainsi que l’augmentation des pertes de change en devises, en particulier au Nigeria, qui a pour effet de plomber les réserves du groupe.

Déjà l’an dernier, et pour la troisième année consécutive, la direction et le conseil d’administration d’Ecobank avaient recommandé aux actionnaires le non-versement de dividendes – une mesure entérinée par l’assemblée générale, tenue le 25 avril 2019. Les propriétaires du groupe n’ont été récompensés pour le capital apporté (et leur fidélité) qu’une seule fois ces dernières années : en 2015, avec 69 millions de dollars versés.

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Le maintien au régime sec pour les détenteurs d’actions Ecobank passe d’autant plus difficilement que le groupe a enregistré l’an dernier un bénéfice de 329 millions de dollars, soit une remarquable hausse de 44 %. C’est le plus haut niveau atteint cette décennie, à l’exception de l’année 2014 (environ 338 millions de dollars).

Forte exposition au pétrole nigérian

Mais le contexte économique difficile marqué par la crise du Covid-19 pourrait engendrer de nouvelles injections de capitaux dans certaines filiales du groupe bancaire.

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Présent dans 33 pays en Afrique subsaharienne, le groupe Ecobank a réalisé un résultat net en retrait de 20 %, à 67 millions de dollars, au 1er trimestre 2020, après avoir publié un bénéfice net en progression de 14 % à 405 millions de dollars au terme de l’exercice 2019.

Ainsi, Fitch s’attend à ce que les flux de trésorerie nets d’exploitation restent serrés en 2020, principalement en raison de la baisse attendue des dividendes. »La capitalisation est une faiblesse de notation relative au regard des risques pays et du profil de risque du groupe. Le ratio d’adéquation du capital total sous Bâle II / III s’élevait à 11,6 % à la fin de 2019, offrant un petit coussin d’environ 100 points de base par rapport aux exigences réglementaires minimales à respecter d’ici la fin de 2020 », explique l’agence américaine.

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Fitch Ratings souligne que la forte exposition du groupe au secteur pétrolier au Nigeria pourrait impacter les paramètres de qualité des actifs et de rentabilité d’Ecobank group.

Cap sur le digital

Pour protéger sa rentabilité, Ecobank pourrait mettre l’accent sur des activités économes en capital et accélérer sa stratégie numérique. La direction générale table d’ailleurs sur un objectif de 100 millions de clients pour la banque digitale d’Ecobank d’ici à la fin de 2020.

Selon le groupe panafricain, le numérique lui a permis d’atteindre le cap de 19 millions de clients de sa banque de détail à la fin de 2018, soit une hausse d’un tiers sur un an. Parallèlement, la valeur des transactions réalisées avec son application Ecobank Mobile a triplé, à 1,5 milliard de dollars.

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Fitch relève que la rentabilité opérationnelle avant dépréciation du groupe reste solide, sur la base de marges saines et de revenus hors intérêts solides, estimés à 6,8 % des prêts bruts moyens sur les quatre dernières années. Ce qui offre au groupe un bon coussin contre la dégradation de la qualité des actifs. »Le bilan est solide, avec des actifs liquides (y compris les placements bancaires nets, les titres de créance liquides et les soldes de trésorerie moins les réserves obligatoires) d’environ 6,6 milliards USD couvrant 41 % du total des dépôts de la clientèle à fin 2019 », salue l’agence de notation.

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