Covid-19 : L'application de pistage du Qatar a exposé les données d'un million de personnes
by Alice VitardUne faille de sécurité dans l'application de pistage numérique du Qatar a exposé les données d'un million de personnes, alerte l'ONG Amnesty International le 26 mai 2020.
La faille a été corrigée
Cette faille, désormais corrigée par les autorités, rendait les informations telles que les noms, des numéros de carte d'identité, des informations médicales et des données de géolocalisation accessibles alors qu'elles n'auraient pas dû l'être. Amnesty International a découvert la faille le 21 mai et affirme que les autorités l'ont corrigée le lendemain. La vulnérabilité concernait les QR codes qui incluaient des informations sensibles. La mise à jour a supprimé certaines de ces données et a ajouté une nouvelle couche d'authentification pour éviter les fraudes.
L'application de contact tracing, appelée Ehteraz (précaution en arabe), utilise le GPS et le Bluetooth pour suivre les personnes testées positives au Covid-19. La semaine dernière, elle a été rendue obligatoire par les autorités pour tous les citoyens et résidents du Qatar, qui compte le deuxième plus grand nombre de cas confirmés dans le monde arabe (48 000 cas environ). Selon Amnesty, les personnes qui refusent d'utiliser l'application risquent jusqu'à trois ans de prison et une amende de 200 000 QR (environ 50 000 euros).
Un incident pouvant décourager son utilisation
"Cet incident devrait servir d'avertissement aux gouvernements du monde entier qui se précipitent sur les applications de contact tracing qui sont trop souvent mal conçues et manquent de garanties en matière de respect de la vie privée. Si la technologie doit jouer un rôle efficace dans la lutte contre le virus, les personnes doivent avoir confiance dans le fait que ces applications protégeront leur vie privée et les autres droits de l'Homme", a déclaré Claudio Guarnieri, responsable d'Amnesty’s Security Lab.
Pour que les applications de contact tracing fonctionnent correctement, il faut qu'elles soient largement adoptées par la population. Une étude publiée dans la revue scientifique Science montre que 60 % des personnes doivent utiliser une application pour qu'elle soit réellement efficace pour détecter les chaînes de contamination. Des incidents de sécurité, comme celui d'Ehteraz, pourrait décourager les personnes à utiliser ce type d'outil dont l'efficacité a fait ses preuves dans certains pays asiatiques comme à Taïwan.