Belfort : General Electric recule et ne délocalisera pas
Après une réunion ce mercredi à la préfecture du Territoire de Belfort, General Electric annonce revenir sur son intention de délocaliser une partie de son activité à l'étranger. Les syndicats saluent la décision, mais déplorent l'attitude de la direction "qui ne marche qu'au rapport de force".
by Wassila GuittouneGeneral Electric à Belfort ne délocalisera pas, annoncent les syndicats ce mercredi après une réunion à la préfecture du Territoire de Belfort. Le groupe américain avait pour ambition de transférer une partie de l'activité réparation de rotor aux Etats-Unis et en Arabie saoudite, une ligne de production devait également partir de Belfort pour être installé en Hongrie. Les syndicats, les élus locaux s'en étaient émus, et avaient demandé au gouvernement d'intervenir.
Un changement de ton après une réunion avec le gouvernement?
"Il aura donc fallu la médiation du gouvernement pour que la direction revienne sur sa décision" explique Alexis Sesmat. C'est en effet lors d'une réunion où étaient présents un représentant de la Direction Générale des Entreprises et du cabinet d'Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, que les représentants du personnel ont pu avoir la garantie que ce projet, qui menaçait plusieurs dizaines d'emplois, était suspendu. "Cela traduit le mode de langage de General Electric : c'est le rapport de force, le dialogue social ne marche pas".
Du temps perdu pour donner un avenir à GE
Même sentiment du côté de la CFE-CGC. Pour Philippe Petitcollin : "Cela fait des mois qu'on veut discuter avec eux, et bizarrement devant le gouvernement, le position et le ton est beaucoup plus conciliant. Ce sont des heures et de l'énergie perdues. On aurait pu plutôt travailler sur comment augmenter nos capacités de production, plutôt que la direction nous présente un projet à la hâte de délocalisation, cela n'a aucun sens".
La direction aurait-elle profité du COVID-19 pour justifier une délocalisation?
Les salariés belfortains vont donc garder leurs outils de production, sans menace sur la dizaine d'emplois menacés. La direction de GE avait pourtant justifié sa décision de délocaliser en expliquant que l'activité était ralentie à cause du Covid-19. "On peut raisonnablement penser qu'on peut s'en sortir d'ici la fin de l'année et faire la démonstration aux Américains que même avec la crise du Covid-19 les salariés du Territoire de Belfort savent travailler" réplique Cyril Caritey, représentant CGT.
L'aviation ne sera pas l'avenir du site de Belfort
En échange, les syndicats ont accepté d'enterrer le projet de diversification dans l'aérien qui prévoyait d'employer jusqu'à 200 personnes entre les sites de Belfort et de Bourogne. "Il faut rester réaliste, on ne peut blâmer personne sur ce sujet" réagit Alexis Sesma, du syndicat SUD, soulignant qu'aujourd'hui "_l'aérien n'a pas d'avenir à court terme. On est passé d'une situation euphorique à une situation en berne, on fait preuve d'intelligence, et on s'adapte on porte nos efforts sur d'autres secteur_s".
Une nouvelle réunion prévue dans moins d'un mois avec le gouvernement
Les syndicats ont ainsi pu obtenir un rendez vous avec la direction dès jeudi où il sera question de donner un avenir à Belfort, de voir plus grand, d'engager des moyens financiers. Les représentants du personnel veulent que le groupe américain mette de l'argent sur la table pour, notamment développer la turbine à gaz "écologique", "verte".
Il s'agit d'une turbine à gaz qui brûle non pas du gaz mais de l'hydrogène : ce qui veut dire, aucun rejet de CO2 et du coup aucune pollution. D'autres projets vont être abordés, comme la volonté des syndicats de développer l'activité du centre de réparation (de rotor) pour l'Europe l'Afrique, le Moyen Orient. Une réunion va avoir lieu mi-juin avec le gouvernement pour faire le point.