Le Bec-du-Canard menacé par l’érosion des berges
ENVIRONNEMENT. L’érosion des berges dans le secteur du Bec-du-Canard fait disparaître des parcelles de terrain chaque année, mais le phénomène semble s’accélérer. La situation inquiète les riverains.
Des arbres matures jonchent les berges du Bec-du-Canard. Une partie des sols où ils étaient enracinés s’est détachée, s’effondrant dans la pente bordant la rivière Saint-François.
Depuis quelques années, Vicky Côté et Evans Fortin constatent l’ampleur du phénomène sur leur terrain. Jeudi dernier, un bout de celui-ci s’est encore affaissé, emportant quelques arbres sur la rive. À proximité, d’autres menacent de s’effondrer incessamment, alors que des fissures sont apparentes sur le sol.
«Ici, on a une variété d’oiseaux, comme des Pygargues à tête blanche. Si la végétation part, on les perd aussi. On veut préserver l’environnement. On est des amoureux de la nature», indique Mme Côté.
Leur voisin, Guy Hamel, habite le secteur depuis dix ans. Mais depuis environ quatre ans, il remarque que l’érosion abîme davantage les berges. Selon lui, les périodes de redoux hivernaux, comme celles survenues en janvier dernier, sont l’une des causes de ce phénomène. Lorsque la glace qui recouvre la rivière se fractionne, le courant emporte des morceaux, abîmant une partie des berges.
Ils ne sont pas les seuls résidents du secteur à se préoccuper du phénomène. Leur voisine, Liliane Roy, a aussi vu son terrain être rongé par l’érosion. «Je ne compte plus le nombre d’arbres qui sont tombés, lance-t-elle. Mais je peux dire qu’il y en a au moins une vingtaine.»
Tranquillement, elle voit son terrain être engouffré. À ce rythme-là, sa fosse septique pourrait aussi bientôt prendre le large. «Si ça continue, dans une dizaine d’années, la moitié du terrain sera dans l’eau», estime-t-elle.
Un patrimoine à protéger
Résident dans la partie la plus étroite du Bec-du-Canard, Guy Hamel craint, à long terme, que cette partie du secteur soit emportée si aucune action n’est prise pour freiner l’érosion des berges.
«C’est une situation qui touche tout le monde, même ceux qui ne sont pas sur le bord de la rivière. Le Bec-du-Canard fait partie du patrimoine de Drummondville, souligne-t-il. Je pense qu’il faudrait un programme basé une analyse et une vision d’ensemble pour voir de quelle façon les riverains peuvent être appuyés afin de travailler dans le même sens.»
En 2012, ce dernier a procédé à des travaux d’enrochement afin de stabiliser les berges sur une partie de son terrain et de celui appartenant à ses voisins Vicky Côté et Evans Fortin. En 2018, ces derniers ont planté 300 boutures de saules, un moyen de protection contre l’érosion, mais en vain. Le printemps suivant, ils ont tous été emportés.
Il y a environ un an, Mme Côté et M. Fortin ont entamé des démarches de soumissions pour procéder à l’enrochement du reste de leur terrain pour sécuriser les lieux, mais aussi pour préserver la flore et la faune restante. Les travaux sont estimés entre 55 000 à 100 000 $.
Toutefois, une étude géotechnique et un plan d’ingénierie sont demandés par lot pour aller de l’avant avec les travaux. Or, l’étude de 1 500 $ réalisée par M. Hamel à l’époque étant échue, elle ne peut être utilisée.
Pour obtenir leur permis, Vicky Côté et Evans Fortin devront débourser plus de 30 000 $, s’ajoutant au coût pour les travaux d’enrochement. Au cours des derniers mois, le couple a cumulé les démarches à la recherche de solutions pour alléger la facture.
Durant leurs démarches, ils ont appris que les sommes pour l’étude géotechnique et le plan d’ingénierie peuvent être partagés entre les résidents du secteur qui souhaitent procéder à des travaux de stabilisation des berges.
«Nous voulons effectuer et assumer les travaux, mais évidemment nous aurions souhaité pouvoir bénéficier collectivement d’une étude et d’un plan commun. Nous souhaitons aussi que le tout se concrétise rapidement à titre préventif», indique Mme Côté, qui mise sur la collaboration de la Ville et des autorités compétentes pour les aider à préserver le secteur du Bec-du-Canard.
De son côté, Drummondville entend accompagner les riverains dans leurs démarches. «On va orienter les citoyens dans des portes où ils pourraient trouver des réponses à leur problème. On est sensible à ce qu’ils vivent. On ne voudrait pas se ramasser dans 30 ans et que la pointe du Bec-du-Canard soit rendue une île», mentionne le maire de Drummondville, Yves Grondin.
«C’est un réel problème et on veut les aider à trouver des solutions. Le Bec-du-Canard, pour moi, c’est une signature géographique de la ville», poursuit l’élu, qui s’est rendu sur les lieux ce week-end pour constater de visu l’ampleur de la situation.
Au moment d’écrire ces lignes, le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques avait accusé réception de notre demande média, mentionnant qu’un suivi nous sera effectué dans les prochains jours.
Par ailleurs, une rencontre virtuelle est prévue ce jeudi avec des résidents, le député Sébastien Schneeberger, la directrice de bureau du comté de Johnson Nathalie Benoit ainsi que le conseiller Daniel Pelletier afin de discuter du dossier.