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« Sous réserve du vote au Parlement, l’application pourra être disponible dès ce week-end », afin d’accompagner la deuxième phase du déconfinement le 2 juin, a affirmé le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O. L’exécutif en décidera. NICOLAS SIX / LEMONDE

L’hydroxychloroquine interdite, l’activité économique redémarre lentement… la situation en France

En attendant les annonces sur le déconfinement, la journée de mercredi marque un tournant pour deux polémiques : le Parlement s’est prononcé sur l’application StopCovid et l’hydroxychloroquine n’est plus autorisée dans le traitement du Covid-19.

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Emmanuel Macron et son gouvernement doivent présenter, jeudi, de nouvelles mesures à propos de la deuxième phase du déconfinement, espérant démontrer la réussite de celui-ci et dépasser les critiques sur les masques et les tests du début de la crise. En attendant, la journée du mercredi 27 mai marque un tournant pour deux polémiques liées à l’épidémie de Covid-19 en France : d’une part, le Parlement s’est prononcé sur l’application de suivi de contacts StopCovid ; d’autre part, l’hydroxychloroquine, promue par le professeur Didier Raoult, n’est plus autorisée dans le traitement du Covid-19.

Selon le bilan communiqué mercredi par la direction générale de la santé (DGS), le Covid-19 a tué 28 596 personnes depuis début mars en France, dont 18 260 dans les hôpitaux et 10 336 dans des établissements sociaux et médico-sociaux, essentiellement des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, a précisé la DGS. Le nombre de personnes hospitalisées pour une infection au Covid-19 a baissé à 15 680, soit 584 de moins que mardi. Les services de réanimation traitaient mercredi 1 501 patients atteints du Covid-19, soit 54 de moins que la veille.

L’Assemblée nationale et le Sénat ont voté en fin de journée en faveur du projet du gouvernement sur le déploiement de l’application StopCovid. Cette application pour smartphone est censée aider à lutter contre l’épidémie en traçant les « cas contacts ».

Le gouvernement a insisté sur l’ensemble des « garanties » entourant l’application. StopCovid est « un outil au service du citoyen et non une menace pour ses libertés », a souligné la ministre de la justice, Nicole Belloubet : une application « temporaire, d’installation volontaire, non identifiante et transparente ». Selon le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O, « StopCovid n’est pas magique », mais « offre un complément utile et nécessaire » aux équipes sanitaires, qui retracent les personnes en contact avec des malades du Covid-19.

A gauche, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a mené la charge contre un projet « inefficace » et « liberticide ». « Inefficace » faute de smartphones chez une large part des personnes âgées, et « dangereux » car s’introduisant dans la sphère « intime ». La députée socialiste Cécile Untermaier a jugé l’application « tardive, peut-être utile mais certainement pas indispensable », et mis en garde contre une société de la « défiance », où l’autre devient une « menace ». A droite, le chef de file des députés Les Républicains, Damien Abad, a dénoncé « une application mort-née, qui arrive trop tard » et un « pas de plus même prudent » vers une société « orwellienne ».

A la suite d’un avis défavorable du Haut Conseil de la santé publique, le gouvernement a abrogé les dispositions dérogatoires autorisant la prescription de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 à l’hôpital en France, hors essais cliniques. « Que ce soit en ville ou à l’hôpital, cette molécule ne doit pas être prescrite pour les patients atteints de Covid-19 », a réagi le ministère de la santé dans un communiqué.

Dans la foulée, le centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers a annoncé la suspension de l’étude lancée début avril portant sur l’efficacité d’un dérivé de la chloroquine. « L’étude est suspendue, elle n’est pas annulée. On doit respecter le principe de précaution et nous sommes en discussion avec les autorités sanitaires », a déclaré la direction de la communication du CHU d’Angers.

De son côté, l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille, dirigé par le professeur Raoult, a fait savoir qu’il « continuera[it] à traiter [ses] patients avec les traitements les plus adaptés en l’état actuel de la science et des connaissances ». L’IHU marseillais a déjà soigné près de 4 000 personnes infectées par le SARS-CoV-2.

Depuis fin mars, hors essais cliniques, l’hydroxychloroquine – médicament dérivé de l’antipaludéen chloroquine – pouvait être prescrite contre le Covid-19 à titre dérogatoire, seulement à l’hôpital et uniquement pour les patients gravement atteints, sur décision collégiale des médecins. Le médicament, commercialisé en France sous le nom de Plaquénil, était déjà interdit en ville pour traiter la maladie.

L’économie française a repris son souffle avec le déconfinement, mais elle ne retrouvera pas avant longtemps son niveau d’avant la crise. Sur le seul deuxième trimestre, la chute du produit intérieur brut pourrait atteindre « environ 20 % », après – 5,8 % au premier, estime l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ajoutant que sur l’ensemble de l’année 2020 une récession de 8 %, comme envisagé par le gouvernement, représente un scénario « peu réaliste ». Il reposerait en effet sur un retour intégral à la normale dès juillet. La reprise sera « au mieux progressive au second semestre », estime l’Insee.

Les ménages ont déjà profité de la réouverture des commerces, avec un rebond de la consommation durant la première semaine du déconfinement, à un niveau seulement inférieur de 6 % à son niveau d’avant-crise (contre – 32 % début mai). Mais, prévient l’Insee, « une partie de ce rebond est ponctuelle, correspondant à des achats qui avaient dû être reportés ».

Le dépôt des candidatures pour le second tour des élections municipales du 28 juin a été fixé du 29 mai au 2 juin, a annoncé mercredi le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Il a aussi précisé que la campagne officielle débuterait « le 15 juin ».

Le ministre a estimé que le préfet, sur demande du maire, pourrait décider de la fermeture des bureaux de vote à 20 heures plutôt qu’à 18 heures. Il a évoqué en outre la possibilité d’accroître les procurations en permettant à un électeur d’avoir le mandat de deux autres personnes. « Aller au-delà de deux mandants poserait des problèmes techniques », a-t-il dit. Le ministre discutera de tous ces points avec les représentants des partis politiques et des associations d’élus qu’il doit recevoir mercredi en début d’après-midi, place Beauvau.

Initialement prévu le 22 mars, le second tour des municipales avait été reporté en raison de l’épidémie. Christophe Castaner a rappelé que la décision d’organiser le second tour le 28 juin pouvait être remise en question « si, d’ici à quinze jours, le conseil scientifique » estimait que les conditions sanitaires n’étaient plus satisfaisantes.

Le premier groupe de presse hippique en France, Paris-Turf, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny, qui se prononcera sur sa reprise le 22 juin. Le groupe, qui édite une dizaine de titres et emploie 250 personnes, a pâti de l’arrêt des courses, qui l’a obligé à suspendre l’impression de ses journaux, peut-on lire dans la décision du tribunal rendue mardi. Paris-Turf souffre également de la situation du distributeur Presstalis, lui-même en redressement judiciaire, et qui devrait faire défaut au quotidien Paris-Turf à hauteur de 1,2 million d’euros et plus généralement de la baisse des ventes papier.

Le redressement judiciaire s’inscrit dans le cadre d’un processus de « cession préétablie », qui permet d’accélérer le calendrier en arrivant devant la justice avec déjà plusieurs projets de reprise. Quatre offres de reprise ont été déposées, et d’autres pourront être proposées jusqu’au 14 juin.

Un campement de migrants avec une cinquantaine de tentes s’est établi sur les quais du bassin de La Villette, à Paris. La plupart des quelque cinquante migrants qui ont installé leurs tentes bleues au bord de l’eau sont des femmes originaires d’Afrique subsaharienne, arrivées en France juste avant le confinement. Quatorze enfants – âgés de 3 mois à 12 ans – les accompagnent et jouent autour de ce campement informel, devant un square fermé en raison de l’épidémie.

Juste avant la crise sanitaire, sous l’impulsion du ministère de l’intérieur et de la Préfecture de police de Paris, les campements où s’entassaient plusieurs milliers d’exilés, des lieux insalubres qui suscitaient la polémique depuis la crise migratoire de 2015, avaient été évacués.

Les personnes installées sur ce nouveau campement « seront prises en charge, comme cela a été le cas les dernières semaines », lors d’opérations de « mise à l’abri » à l’occasion de rassemblements de tentes, a précisé la préfecture de la région Ile-de-France, rappelant qu’environ 12 000 places d’hébergement d’urgence avaient été débloquées durant la crise sanitaire.