La pression monte en zone rouge pour rouvrir parcs et jardins
Les élus locaux à Paris et en Seine-Saint-Denis pressent le gouvernement qui s’y est jusqu’ici refusé, à de rares exceptions près
by Raphaël ProustPlusieurs élus écologistes de la capitale, dont le président du groupe au conseil de Paris et candidat à la mairie David Belliard, ont déposé mardi un référé au Conseil d’Etat pour contraindre le gouvernement à rouvrir les parcs et les jardins de la ville. Des dizaines d’élus de Seine-Saint-Denis ont adressé la même demande au Premier ministre qui annoncera jeudi la feuille de route de la phase deux du déconfinement.
De l’air ! Les températures grimpent et avec elles la pression des élus locaux sur le gouvernement pour obtenir la réouverture des parcs et des jardins en zone rouge. Elle est particulièrement intense à Paris et en Seine-Saint-Denis où les responsables politiques de tous partis réclament depuis des jours la levée des restrictions.
La maire PS de la capitale Anne Hidalgo l’a ainsi demandé à deux reprises, en proposant de mettre en place un filtrage des entrées et le port obligatoire du masque. Le ministre de la Santé et des solidarités Olivier Véran avait dit niet une première fois, en invoquant les images des Parisiens venus se retrouver sur les bords du canal Saint-Martin. Dimanche dernier, sa collègue de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a encore écarté une telle réouverture à Paris « car la ville est toujours en zone rouge ».
Pourtant, « l’interdiction générale et absolue d’accès à l’ensemble des parcs et jardins de la zone rouge conduit à un effet inverse à l’objectif poursuivi, ayant provoqué depuis le début du déconfinement des attroupements massifs de la population dans les espaces à l’air libre disponibles », protestent les écologistes de la capitale. Le président de leur groupe au conseil de Paris et candidat à la mairie, David Belliard, avait déjà dénoncé il y a une semaine dans une tribune « une aberration sociale, environnementale et sanitaire ».
Les élus d’EELV vont cette fois plus loin et ont déposé mardi un référé-liberté devant le Conseil d’Etat « pour obliger » l’exécutif à permettre à nouveau l’accès aux espaces verts. Leur fermeture n’est, selon eux, plus justifiée sur le plan sanitaire et porte atteinte au droit de circuler comme au droit « à un environnement équilibré et respectueux de la santé ». D’autant plus que les bois de Vincennes et de Boulogne – situés sur le territoire de la capitale – sont, eux, accessibles depuis le premier jour début du déconfinement, malgré l’affluence constatée le week-end.
Restrictions « infantilisantes ». Dans la Seine-Saint-Denis voisine, le constat des élus locaux est le même. A l’initiative de leur collègue LR d’Aulnay-Sous-Bois, Bruno Beschizza, 24 maires du département ont adressé il y a deux semaines une lettre au Premier ministre, cosignée par de nombreux conseillers départementaux. « Depuis le 11 mai, qu’on soit en zone verte ou rouge, on peut aller dans les supermarchés et dans les transports en commun mais pas dans les grands parcs... Il faut que les institutions et la puissance publique fassent confiance aux citoyens », demande le président PS du conseil départemental, Stéphane Troussel, qui juge ces restrictions « infantilisantes ».
Seul le plus grand parc du département, situé à La Courneuve, a pour l’instant été autorisé à rouvrir, à titre d’essai. Une expérience concluante, selon le patron du département qui appelle désormais à « entamer un dialogue avec l’Etat » pour obtenir la réouverture de plus de parcs, même en cas de maintien de la Seine-Saint-Denis en zone rouge.
« Après plus de deux mois de confinement, nos concitoyens ont besoin de respirer dans des territoires très urbanisés, très densément peuplés avec parfois des conditions d’habitat difficiles », poursuite Stéphane Troussel. L’annonce jeudi par Edouard Philippe de la feuille de route de la deuxième phase du déconfinement devrait lever en partie le doute sur la date de réouverture des parcs et jardins.