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Rémi Pauvros : « Il ne faut plus que Bercy gère la santé ». PHOTO ARCHIVES SAMI BELLOUMI - VDNPQR

Ségur de la santé: «Les disparités régionales doivent être prises en compte»

La Fédération hospitalière de France (FHF) est parmi les premières organisations concernées par le Ségur de la santé. Que peuvent attendre les hôpitaux de la région de cette concertation entamée lundi ? Les réponses du président de la FHF Hauts-de-France, Rémi Pauvros (1).

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– Comment accueillez-vous cette concertation ?

« Elle était indispensable. Mais il faut d’abord remettre à niveau l’hôpital public en France et dans notre région en particulier, après le choc. On a le sentiment qu’on va parler du moyen et du long terme, mais il y a aussi le court terme : penser à la fatigue du personnel, reconstituer les stocks en particulier de médicaments, et remettre à flot les trésoreries. Dans notre région, il y a des hôpitaux qui sont dans des situations extrêmement tendues. »

– Quelles sont les attentes de la FHF au niveau régional ?

« On a une demande très forte pour que les disparités régionales soient prises en compte. Si nous sommes parmi les régions les plus impactées par la crise, il y a des raisons, y compris la fragilité de notre population. Donc il faut que ces indicateurs soient pris en compte. Cela passe par une décentralisation de la gestion de la santé.

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Ensuite, il faut aborder les salaires mais les salaires de tout le monde, car il faut aussi poser le problème de débauchage des médecins par le privé dans le secteur public. Enfin, personnellement, je suis pour la remise en cause de la T2A. La tarification à l’acte, c’est un instrument comptable, mais derrière, cela signifie bien qu’on est dans un marché. Or la crise a montré que l’hôpital public doit être pris en compte dans sa globalité. Regardez ce qu’a fait le CHU en termes d’innovation, c’est impressionnant et ça montre que si on donne la parole à l’ensemble des acteurs, on peut aboutir à des choses extraordinaires. Cela doit être pris en compte financièrement pour qu’on élimine cette symbolique forte de la T2A, qui depuis 2008 a amené une autre gestion, une autre conception et une autre gouvernance de l’hôpital. »

– Cette concertation, catapultée par la crise, peut-elle néanmoins aboutir à des réformes d’envergure ?

« On a vraiment à refonder un véritable système de santé, ce qui ne se résume pas à l’hôpital public. Il faut prendre en compte l’ensemble du parcours du soin. Que vous habitiez Maubeuge, Dunkerque ou Lille, vous devez être pris en charge d’une façon équitable. Cela veut dire décloisonner au maximum le système. Or, là, j’ai un peu peur qu’on propose des mesures encore sectorielles. Je considère que la santé est quasiment une politique régalienne de l’État. »

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– Les syndicats ont-ils raison de se méfier ?

« Oui parce qu’objectivement il ne faut plus que Bercy gère la santé. Il faut que la santé soit gérée par rapport à l’humain et non l’argent. La même main est présente depuis qu’on a commencé à dire qu’il y a trop de lits d’hôpitaux. L’hôpital public, la santé, ça coûte cher. Il faut qu’une bonne fois pour toutes on en ait conscience. »

– La crise n’a-t-elle pas réveillé cette conscience ?

« Les décideurs quels qu’ils soient, y compris le monde économique, ont enfin intégré que la préoccupation majeure des habitants de notre pays, c’est la santé. Et que sans un système de santé extrêmement performant, l’économie s’arrête. Et la crise a montré que qu’on ne peut pas la traiter comme n’importe quel autre domaine. C’est fondamental et irréversible. Donc le débat doit avoir lieu et il dépasse les équilibres politiques traditionnels. »

(1) Rémi Pauvros est également en campagne pour les municipales, à Maubeuge.