Une montagne d’euros pour sauver l’Union européenne de la prochaine génération
La crise du coronavirus pousse les Européens à sortir ensemble les grands moyens financiers pour sauver l’UE et conduire ses États membres vers un avenir plus vert, numérique et résilient. Mais en interne, certains États s’opposent au plan ambitieux de la Commission présidée par Ursula von der Leyen.
by Publié leUne montagne de milliards d’euros va surplomber les États membres et les régions de l’Union européenne pour tenter d’éteindre le plus rapidement possible l’incendie économique et social provoqué par la crise du coronavirus. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a présenté ce plan de sauvetage ce mercredi après-midi au Parlement européen. Il sera doté de 750 milliards d’euros et intitulé « Next Generation EU ».
Pour la présidente allemande de la Commission, il s’agit « d’aller à toute vitesse vers un univers vert, numérique et résilient, l’univers de la prochaine génération ».
L’augmentation du budget européen pour la période 2021-2027 et un fonds de relance additionnel financé par l’emprunt doivent prendre le relais des dispositifs d’urgence qui vont entrer en action au 1er juin à travers un plan de 540 milliards d’euros (prêts aux États, aide au chômage partiel, garanties aux entreprises). Le total colossal du plan d’aide s’élèvera à 2,4 trillions d’euros (2 400 milliards) ! « La non-action nous coûterait encore plus cher », observe Ursula Von Der Leyen. « Une folie ! » pour les eurosceptiques. « C’est la nouvelle génération qui paiera votre plan », râle Manon Aubry, députée européenne La France insoumise.
Éviter l’Europe des nantis et l’Europe des pauvres
L’originalité, qui augure des négociations serrées au Conseil, c’est que l’Union européenne empruntera ensemble pour assurer une reprise rapide et homogène. Pour éviter « l’Europe des nantis et l’Europe des pauvres », selon les mots de la présidente.
Chaque pays définira un schéma de relance conforme aux grands objectifs de l’Union européenne (transition écologique, numérisation) et bénéficiera d’une enveloppe, analysée et évaluée au niveau UE. Divers mécanismes, créés ou renforcés pour l’occasion, financeront ensuite le soutien aux États, aux régions et aux entreprises sur des sujets aussi cruciaux que la cohésion, la solvabilité ou la formation.
Certains États, qualifiés à Bruxelles de frugaux, comme les Pays-Bas, la Suède, le Danemark ou l’Autriche, regardent avec suspicion cette stratégie qui pourrait offrir un blanc-seing à des États moins économes. Ceux-ci sont favorables à des prêts mais pas à des subventions au contraire des pays plus fragiles et touchés par la crise (Italie, Espagne)… Bref, l’Union européenne. Avec une contrainte de temps toutefois. « Il faut dépenser beaucoup d’argent, savoir où le mettre et comment, en peu de temps pour être efficace et pas dans six mois », décrit un représentant de la Commission.
Cette dette, aussi colossale qu’indispensable, sera à rembourser à partir de 2028 et pendant trente ans. Une nouvelle ligne emprunt va apparaître dans le budget européen. À Bruxelles, on souhaite trouver de nouvelles ressources propres pour procéder au remboursement, comme une taxe digitale ou sur le marché d’échange carbone (qui vont aux États). Il va falloir mettre tout le monde d’accord et vite. Question subsidiaire incertaine : à quoi ressemblera l’UE en 2028 ?