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SRAS-CoV-2: un vaccin du peuple?

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Maintenant que l’on observe que le SRAS-CoV-2 semble se comporter comme tous les virus, caractérisé par un pic épidémique plus ou moins contenu par des mesures de santé publique (confinement, distance physique et lavage des mains fréquent, traçage des contacts, etc.), puis par une disparition apparente, il n’en demeure pas moins que la résurgence périodique est hautement probable, compte tenu de la faiblesse de l’actuelle immunité de groupe. Il apparaît donc essentiel dans la lutte contre ce virus de trouver un vaccin, probablement la seule manière efficace de prévenir le Covid-19 à long terme.

D’ailleurs, on note une certaine fébrilité à ce sujet: plus de 100 projets de recherche sur un vaccin ont été lancés dans le monde. Il n’y a pas de semaine sans qu’on nous annonce l’arrivée prochaine, cet automne ou au début 2021, d’un tel vaccin, une fois en Chine, une autre fois aux Etats-Unis ou en Europe. Je ne doute pas de l’intérêt des chercheurs à trouver une solution, c’est leur métier et leur passion. Il paraît d’ailleurs raisonnable de penser qu’un tel vaccin sera disponible dans les deux ans. Contrairement au VIH, dont les caractéristiques intrinsèques sont différentes et contre lequel on attend un vaccin depuis bientôt quarante ans.

Le problème principal va être la disponibilité du vaccin au moment de sa commercialisation: les groupes pharmaceutiques qui maîtrisent le savoir-faire dans la fabrication et la distribution de vaccins à large échelle ne sont qu’une poignée, et l’on sait que – au moins dans le «monde d’avant» la pandémie actuelle –, comme chez toute «bonne» entreprise, la logique du profit y prévalait sur celle de la santé publique. Ne soyons pas naïfs au point de penser que cela pourrait changer maintenant. D’ailleurs, ces mêmes groupes perçoivent l’enjeu colossal en cours et voient leurs intérêts réciproques à s’unir pour gagner la course de vitesse: c’est le cas du groupe anglais GSK et du français Sanofi, numéros 1 et 3 de l’industrie des vaccins.

GSK amène son savoir-faire en matière de technologie de production de vaccins avec adjuvant. Sanofi apporte ses travaux lancés au début de l’année autour du virus, en particulier ceux qui consistent à travailler à partir d’un vaccin candidat élaboré il y a plus de dix ans pour prévenir le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui posséderait 75% de similarités génétiques avec le SRAS-CoV-2. Les récentes déclarations du PDG de Sanofi sont emblématiques de l’état d’esprit qui anime ces entreprises. Il a affirmé: «Sanofi distribuera un éventuel vaccin en priorité aux Etats-Unis, parce qu’ils ont investi 30 millions de dollars (!) pour soutenir nos recherches.» Business as usual. Il y a de l’argent à faire avec ceux qui paient, on verra pour les autres après.

Appelant à un «vaccin du peuple», près de 150 dirigeants – dont l’ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss – et experts mondiaux demandaient aux Etats de garantir, à l’occasion de l’assemblée on-line de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, la gratuité pour les patients de possibles vaccins et médicaments contre le Covid. Il est hélas peu probable que l’OMS, représentante des différents pays de la planète, puisse en être la garante. Et pourtant, cette pandémie a bien mis en évidence le risque sanitaire de notre monde globalisé et l’importance d’une réponse concertée pour l’enrayer. Cette demande semblerait donc logique et pleine de bon sens, si la santé pour tous était une réelle préoccupation de tous nos dirigeants.

A noter qu’il existe, par ailleurs, un principe édicté par l’Organisation mondiale du commerce (OMC): la licence obligatoire, qui pourrait au moins être invoquée dans ce cas-là. Elle «confère la certitude juridique que les médicaments (donc aussi les vaccins) puissent être exportés à des prix raisonnables» (qui les détermine?) «pour répondre aux besoins des pays dont la capacité de production dans le secteur pharmaceutique est inexistante ou limitée». Mais rien ne nous dit que les groupes pharmaceutiques ne s’y opposeront pas, comme ils l’ont toujours fait par le passé: ils préféreront que les pays s’endettent auprès du Fonds monétaire international (FMI) et de la Ban-que mondiale mais qu’ils achètent leurs vaccins!

Le monde «d’avant» ne changera pas sans luttes dans les parlements et dans la rue, malgré le Covid-19. C’est vrai aussi pour l’urgence écologique (vous vous souvenez, il y a un an?).