Une étude sherbrookoise démontre que la perte d’odorat est un symptôme marqué

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Une équipe de recherche du CIUSSS de l’Estrie — CHUS et de l’Université de Sherbrooke, dirigée par le Dr Alex Carignan, vient de confirmer la perte d’odorat et du goût comme symptôme prédominant de la COVID-19.

« L’association est très très forte, commente le Dr Carignan en entrevue avec La Tribune. Je crois qu’on en parle déjà beaucoup, mais il faut absolument que les gens soient alertés : s’ils ont une perte d’odorat ou de goût, actuellement, je dirais que c’est clairement de la COVID-19 jusqu’à preuve du contraire. Je dirais même que s’ils ont ce symptôme et qu’ils sont testés négatifs, ça vaudrait la peine d’attendre quelques jours plus tard pour s’assurer qu’ils sont bien négatifs, et de s’isoler jusqu’à preuve du contraire. »

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L’équipe du Dr Carignan, qui a mené son étude après de 134 patients atteints du nouveau coronavirus SARS-CoV-2, a remarqué que près des deux tiers d’entre eux, soit 65 %, présentaient comme symptômes une perte d’odorat et de goût, de manière partielle ou complète. Les malades présentaient même ces symptômes de façon plus fréquente que d’autres signes considérés comme classiques de la maladie comme la fièvre ou l’essoufflement.

« C’était intéressant de voir que la majorité des patients qui avaient une perte d’odorat l’avaient subi de manière soudaine et complète. Les gens n’arrivaient plus à reconnaître certaines odeurs caractéristiques dans leur environnement, par exemple l’odeur des poubelles, des odeurs de parfum ou de fumée », note le Dr Carignan, dont l’étude a été publiée dans le journal de l’Association médicale canadienne mercredi.  

Chez un groupe témoin, qui comptait 134 personnes présentant des symptômes d’infection respiratoire, mais qui ont obtenu un test négatif à la COVID-19, seulement 4,5 % ont déclaré une perte d’odorat et de goût. Un chiffre qui concorde avec la proportion de la population qui souffre habituellement de pertes d’odorat ou de difficulté à sentir pour diverses raisons médicales, analyse le Dr Carignan. 

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Alex Carignan
Archives La Tribune

Cette étude représente des données importantes pour plusieurs raisons, affirme-t-il. 

« Au départ, on entendait parler de ce symptôme dans les médias, mais il n’y avait pas tellement de publications scientifiques. Entre-temps, il en est sorti quelques-unes. Par contre, la particularité de notre étude c’est de comparer à un groupe témoin. Souvent, ce qu’on voyait, c’était seulement une description de quel pourcentage des cas avait une perte d’odorat. De plus, c’est aussi la première étude à ce sujet qui a été menée au Canada. On voulait également voir si les symptômes étaient similaires à ceux observés en Italie, puisqu’il y a une étude qui a été publiée là-dessus. Je dirais que l’ordre de grandeur est assez semblable, ça semble constant, peu importe la région du globe. » 

Les participants à cette étude ont été contactés par voie téléphonique par les chercheurs une fois leur résultat de dépistage obtenu.   

D’autres questions pourraient également faire l’objet d’autres recherches par l’équipe du Dr Carginan. « On aimerait peut-être requestionner nos patients, peut-être dans trois mois, pour voir quelle est l’évolution de leurs symptômes. Est-ce que c’est persistant? Il y a une ou deux études qui ont démontré que ça pouvait durer quelques semaines, mais on n’a pas beaucoup plus de précisions. Est-ce qu’il y a des gens qui ne récupéreront pas complètement? »  

Un seul nouveau cas en Estrie 

Le bilan de la Santé publique de l’Estrie mercredi fait état d’un seul nouveau cas de COVID-19 sur le territoire du CIUSSS de l’Estrie — CHUS, ce qui porte le nombre total à 932. Celui-ci a été détecté dans le réseau local de services de La Pommeraie, en Montérégie. 

En contrepartie, on dénombre maintenant 810 personnes rétablies du virus, ce qui en représente 17 de plus que la veille. 

En phase avec la stabilité de l’état de la région, le nombre de personnes aux soins intensifs demeure nul, tandis qu’on compte toujours le même nombre de personnes hospitalisées que mardi, soit six personnes. 

La maladie n’a pas non plus emporté de vies dans la région depuis le 24 avril dernier. 

La répartition des cas par réseau local de services va comme suit : La Pommeraie (133), Haute-Yamaska (217), Memphrémagog (98), Coaticook (13), Sherbrooke (299), Val Saint-François (72), Des Sources, (47), Haut-Saint-François (34), Granit (18).