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Grâce à ces 200 bufflonnes en lactation, le GIE Châtaigneraie produit 400.000 litres de lait par an qui sont transformés en trois fromages différents, vendus sous la marque « L’éleveur occitan ». © Rédaction INFORMATIONS GENERALES

Après l'Italie, le Cantal, l'autre pays de la bufflonne

Né en 1994, le GIE Châtaigneraie regroupe 44 éleveurs laitiers du Cantal, du Lot et de l’Aveyron. Avec l’introduction de bufflonnes en 1998, la coopérative, qui dispose désormais de son propre outil de transformation, n’a de cesse de se différencier grâce à une production de fromages haut de gamme.

Dans le monde d’avant, quand les promeneurs et touristes pouvaient batifoler librement dans les valons de la Châtaigneraie cantalienne, certains ont cru parfois être frappés d’hallucinations. Que venaient donc faire là ces grosses bêtes noires et cornues, inconnues dans cette partie du Massif central qui louche sur le Sud-Ouest?? Fausse alerte, leur santé mentale n’était pas en cause.

À plus de 1.500 kilomètres de la Campanie, leur terre d’origine, les bufflonnes ont trouvé une nouvelle terre d’élection en Auvergne. Une greffe qui date même de 1998. « Comme nous étions coincés à l’époque par les quotas laitiers, nous avons cherché à nous diversifier pour favoriser les installations et les agrandissements. C’est comme cela que nous nous sommes lancés dans l’aventure », raconte Christian Broussal, le président du GIE Châtaigneraie. Réunissant 44 éleveurs du Cantal, du Lot et de l’Aveyron, le groupement a connu le succès grâce à sa gamme de fromages diversifiée (lait de vache et de bufflonne), positionnée sur le haut de gamme et vendue sous la marque « L’éleveur occitan ». Une démarche qui a permis la création de 35 emplois.

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Le GIE Châtaigneraie produit également un cantal AOP haut de gamme qui fait le bonheur des crémiers réputés.

 

"Un numéro sur un listing"

Depuis ses débuts en 1994, la coopérative cherche à se démarquer, avec un objectif premier : donner un avenir à l’élevage laitier dans une région où il a eu tendance à décliner au profit de l’élevage allaitant. « Notre GIE est issu d’une scission au sein du syndicat de producteurs qui livrait la laiterie Valmont à Rodez (Aveyron) après son rachat par le groupe Besnier (aujourd’hui Lactalis). Nous avons compris alors que nous ne serions plus qu’un numéro sur un listing. Et que ce soit au niveau technique ou sur la fixation du prix du lait, nous n’aurions plus vraiment voix au chapitre. La suite nous a donné raison car beaucoup de ceux qui sont restés ont depuis jeté l’éponge », explique celui qui est éleveur laitier à Parlan (Cantal).

"Nous lancer dans la transformation"

Après avoir revendu pendant « une vingtaine d’années » son lait à la coopérative 3A, le GIE s’est retrouvé le bec dans l’eau quand celle-ci a été reprise par le groupe Sodiaal. « C’est à ce moment-là que nous avons décidé de changer notre fusil d’épaule et de nous lancer dans la transformation. Nous nous sommes rapprochés de la laiterie de Bouriane à Jaleyrac, près de Mauriac. Nous avons créé un partenariat et quand l’entreprise s’est retrouvée en dépôt de bilan, nous l’avons reprise en 2014 », retrace Christian Broussal.

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Le bleu au lait de vache et de bufflonne, l'un des produits phares de la marque "L'éleveur occitan"

 

"Notre tome bio marche très fort"

Depuis, le GIE s’est recentré sur des fromages à haute valeur ajoutée : cantal AOP au lait cru, fromages au lait de bufflonnes et lait de montagne. « En 2018, nous avons signé un accord de prestation de collecte avec Biolait. Nous produisons également notre propre fromage bio à partir du lait de nos neuf éleveurs bio. Nous commercialisons l’ensemble de notre production au niveau local en grandes surfaces et à l’echelle nationale avec des grossistes, en particulier à Rungis. Nous travaillons aussi avec le réseau Biocoop où notre tome bio marche très fort », se réjouit le président. Une montée en puissance qui devrait permettre d’accueillir de nouveaux éleveurs adhérents dans les prochains mois. Malgré la crise.

Vente directe. Le GIE Châtaigneraie dispose d’un magasin de vente directe, 1, rue Ampère à Maurs (Cantal). Renseignements au 04.71.46.75.82 ou eleveur-occitan.fr

« Nous avons connu une baisse de 50 % »

Depuis bientôt deux ans, Franck Chancel, Mauriacois pur jus et maître-fromager, dirige le GIE Châtaigneraie. La crise sanitaire lui a fait vivre quelques sueurs froides. « Nous avons connu une baisse de 50 % de nos ventes, notamment à cause de la fermeture de la RHF qui représente 30 % de notre chiffre d’affaires. Cela nous a amenés à chercher de nouveaux débouchés. Nous avons trouvé de nouvelles enseignes dans le Lot et l’Aveyron. Et nous sommes en train de finaliser avec deux grossistes. Nous voulons rattraper notre retard en allant chercher des volumes. Pour être en mesure de répondre à ces nouveaux marchés et servir nos anciens clients qui vont redémarrer, nous sommes, dans un premier temps, à la recherche de deux à trois producteurs. »

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Les ventes de fromage, qui se sont effondrées avec la crise sanitaire, repartent doucement. 

Dominique Diogon

Photos DR