Les chercheurs du GReD de Clermont-Ferrand mettent en lumière les principes d’évolution des tumeurs
Cet animal qu’est l’humain n’est souvent pas si différent de ses congénères, y compris les insectes. C’est du reste grâce à l’un d’entre eux qu’un nouveau pas a été franchi dans l’étude des cancers.
C’est en étudiant un diptère, plus connu sous le nom de « mouche des fruits » ou « mouche du vinaigre », que les chercheurs du laboratoire Génétique, Reproduction et Développement (GReD) de Clermont-Ferrand ont pu mettre en lumière les principes de développement d’une tumeur, diagnostiquée « bénigne » en affliction « maligne », propice à une croissance rapide et à l’intrusion de métastases dans l’organisme.
D’une glande d’insecte à la prostate
En prenant pour support la glande accessoire, un équivalent de la prostate chez l’insecte, les chercheurs ont montré que les cellules tumorales fabriquent elles-mêmes les substances qui les font croître et se développer, créant ainsi une boucle d’activation propice, pour la tumeur, à installer son processus d’invasion.
En effet, c’est lorsqu’une tumeur, d’apparence anodine, est nourrie de cette interaction qu’elle sera en capacité de quitter son tissu d’origine pour aller coloniser les tissus adjacents et donc évoluer vers un cancer et ses ramifications.
Et la mouche dans tout ça ? Les chercheurs clermontois ont mis en évidence, dans cette glande accessoire chez l’insecte, un mécanisme comparable à celui pouvant exister dans la prostate chez l’humain. Ils comptent donc utiliser cette glande pour déterminer quels autres mécanismes sont impliqués dans l’évolution nocive des tumeurs.
Un pas en avant dans la prévention
Une découverte d’importance dans le domaine du dépistage puisqu’elle permettrait d’anticiper sur l’altération des cellules en tumeurs cancéreuses. La maladie, en effet, qui dénombre 9 millions de victimes par an et compte près de 18 millions de nouveaux cas chaque année, n’est, pour l’heure, bien étudiée que lorsqu’elle est à un stade peu ou prou avancé. Autant dire de nouveaux horizons ouverts vers la prévention.
Et tout ça grâce à une petite mouche qui n’en est pas à sa première contribution avec la science et la médecine puisque c’est déjà sur elle que s’étaient appuyées des recherches sur les cancers du cerveau ou du côlon…
Patrick Ehme