Réouveture du Puy du fou : la gauche dans tous ses états
by Bastien LejeuneOutrés par la réouverture annoncée du Puy du Fou, plusieurs personnalités de gauche ont manifesté ces derniers jours toute leur hostilité à l’égard du Parc vendéen. « Tous les déconstructeurs haineux expriment ainsi leur gêne devant l’immense succès populaire de l’oeuvre puyfolaise » répond Philippe de Villiers.
Au début du Mépris, ce film de Jean-Luc Godard sorti en 1963 mettant en scène Michel Piccoli et Brigitte Bardot, le producteur Jeremie Prokosh, incarné par Jack Palance, adresse une sentence exprimant assez bien ce que devrait être la culture dans l’univers mental de la gauche socialiste : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon carnet de chèques ! » Depuis quelques jours, l’annonce de la réouverture prochaine du Puy du Fou a mis en rogne tout ce que le débat public compte d’idéologues aigris déçus de voir ce fleuron du tourisme français se relever après avoir frôlé la faillite en raison du coronavirus.
Le scénario de la réouverture, conséquence d’un bras de fer politique sur fond de tension Elysée-Matignon (longuement raconté dans Valeurs actuelles) n’a d’abord pas manqué de heurter ceux qui voient dans les fréquentations de Macron un signe de sa nature profonde - il serait évidemment de droite, voire d’extrême droite. « Magnifique ce pays où le Président, en plus de décider perso de la fermeture des jardins municipaux, mobilise son conseil de défense pour la réouverture du Puy du fou… tweete le député européen Raphaël Glucksmann. PS: juste dommage pour le festival d’Avignon que son directeur ne soit pas un ami d’extrême droite de Sa Majesté ».
Hostilité idéologique
L’écrivain et journaliste de France Culture Frédéric Martel s’étonne que l’on « rouvre le ringardissime Puy du Fou pour plaire au souverainiste Philippe de Villiers mais pas les festivals de théâtre et de musique ». De quoi faire réagir l’avocat Gilles-William Goldnadel qui s’agace auprès de nous : « Ce monsieur est journaliste à France Culture et il trouve que le Puy du Fou, qui attire chaque année des millions de visiteurs venus du monde entier, est ringardissime ? Quand je dis que la radio de sevice public est au fond du puits de la médiocrité gauchisante, je suis encore trop gentil ». Meilleure incarnation de la punchline de Jean-Luc Godard, l’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti croit porter le coup de grâce en rappelant que le Puy du Fou génère des revenus - contrairement aux artistes subventionnés qu’elle affectionne - : « Un petit rappel pour tous ceux qui disent “le Puy du Fou c’est formidable parce qu’il y a plein de bénévoles” etc etc : c’est une société par actions simplifiée (SAS) to ce qu’il y a de lucratif dont le président n’est autre que ... chiffre d’affaires 100 millions € ».
Sur ce point-là, l’ancienne ministre, qui confond allègrement chiffre d’affaires et bénéfice (« ce qui ne m’étonne pas venant d’une ancienne responsable socialiste » raille Goldnadel) trouve face à elle l’ensemble des élus de Vendée unis derrière le Parc de Philippe de Villiers. Le Puy du Fou, c’est aujourd’hui 2 300 employés, pas d'argent public et 2,3 millions de visiteurs… Alors au moment où il n’était pas certain de pouvoir réouvrir ses portes et que la menace d’une année blanche menaçait sa survie, la mairie des Herbiers, l’ancienne députée Véronique Besse, lançait une pétition pour demander l’ouverture. Tous les députés du département, tous Modem ou LREM, signaient le texte. Même le sénateur Bruno Retailleau, en froid avec le fondateur du Puy du Fou et d’ordinaire peu favorable à l’idée de signer des pétitions, apposait sans hésitation son paraphe - Villiers lui a fait savoir depuis qu’il avait trouvé ce geste très fort et très élégant.
Un succès qui incommode la gauche
Véronique Besse n’est pas étonnée par le succès de sa pétition, dont elle espère qu’elle aura pu jouer un rôle dans le dénouement heureux de l’affaire : « Ici, en Vendée, tout le monde connait l’impact du Puy du Fou : il est indispensable à l’économie régionale, il génère de très nombreux emplois directs et indirects ». Elle cite une étude selon laquelle un euro dépensé dans le grand parc correspond à 3,2 euros dépensés dans la région, raconte qu’un boulanger de sa commune a perdu 37 % du chiffre d’affaires habituellement réalisé sur la période où le Puy du Fou est ouvert, parle de ces « drames » pour des familles qui avaient investi dans la rénovation de gites ruraux et pour lesquelles le manque à gagner pourrait être fatal. La président de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, exprime elle aussi sa « colère » : « C’est scandaleux, c’est odieux d’entendre toute cette gauche bien-pensante critiquer le Puy du Fou depuis des bureaux parisiens. Ce parc est un fleuron du tourisme français, il fait rayonner notre pays et notre région à l’international, il fait fonctionner toute l’économie de notre territoire. Derrière ce projet, il y a un investissement personnel pour Philippe de Villiers et son fils, mais aussi pour l’ensemble des Vendéens et tous les bénévoles qui oeuvrent pour ce spectacle magnifique. Quand on n’a jamais visité le Puy du Fou, on n’a pas de commentaire à faire ».
Une autre attaque, toujours portée par l’ancienne ministre Aurélie Filippetti et relayée sur Twitter, porte sur un don du Puy du Fou adressé en 2015 à la Fondation Jérôme Lejeune : « Ainsi donc le Puy du Fou pourra continuer à financer la fondation anti-IVG Jerome-Lejeune » écrit la socialiste. « Triste époque que celle où venir en aide aux enfants trisomiques est devenu une pièce à charge » soupire Gilles-William Goldnadel. Villiers, lui, n’a pas l’habitude de réagir à la pression. Les attaques et les procès lui en touchent une sans faire bouger l’autre, comme disait son ancien Premier ministre Jacques Chirac : « Le Puy du Fou célèbre la grandeur et l’amour de la France, il est bien normal que ceux qui veulent la détruire s’en prennent à cet hymne d’amour, nous confie-t-il. Tous les déconstructeurs haineux expriment ainsi leur gêne devant l’immense succès populaire de l’oeuvre puyfolaise. Et je dis au passage ma fierté que le Puy du Fou ait soutenu la Fondation Lejeune. J’ai eu la chance de connaitre le professeur Lejeune et d’apprécier sa grande sagesse prémonitoire ».
Procès en sorcellerie
Du côté de la Fondation, on est également habitué à ces procès en sorcellerie : « Pourquoi ces accusateurs publics ne supportent-ils pas une fondation qui a créé la plus grande consultation médicale d’Europe sur le handicap mental d’origine génétique, qui est le principal financeur de la recherche sur la trisomie 21 et qui alerte sur la tentation récurrente de l’eugénisme ? s’interroge Jean-Marie Le Méné, le président de la Fondation Jérôme Lejeune. C’est curieux cette haine recuite à l’encontre ceux qui veulent qu’on prenne soin de toute vie humaine, fût-elle imparfaite aux yeux du monde, alors que la même exigence s’impose pour le règne animal et végétal ». Lui préfère rappeler que le don du Puy du Fou est allé à une Fondation qui assure aujourd’hui l’accueil de 500 nouveaux patients par an, souvent envoyés par des services de génétique qui s’occupaient autrefois des personnes trisomiques mais qui sont fermés les uns après les autres dans les hôpitaux publics. « Nous faisons simplement ce que les autres ne font plus », plaide Le Méné, « et si ces choix nous conduisent parfois dans la solitude des crêtes, nous sommes honorés et heureux d’y rencontrer d’autres corsaires de la vie. Philippe de Villiers, créateur du Puy du Fou, fait partie de ces êtres intransigeants et généreux qui n’habitent pas le rez-de-chaussée de leur âme ».
Le Puy du Fou, qui enregistre des inscriptions en masse depuis l’annonce de sa réouverture, n’a pas fini de faire hurler la gauche. Mais il traverse ces turbulences avec la sérénité que lui procure son incroyable succès populaire et l’assurance que lui procure le fait de ne dépendre, lui, d’aucun carnet de chèques.