Nouveau revers judiciaire pour EDF sur le dossier Arenh
PARIS (Reuters) - Le tribunal de commerce de Paris a ordonné mardi à EDF de suspendre une partie des engagements d'achat pris par Gazel Energie dans le cadre de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), la justice estimant une nouvelle fois que les concurrents du groupe public peuvent activer une clause de force majeure dans le contexte du coronavirus.
Dans son ordonnance de référé, que Reuters a pu consulter mercredi, le président du tribunal considère que les conditions de la force majeure "sont manifestement réunies" et condamne EDF à verser 25.000 euros à Gazel Energie au titre des frais de procédure.
Cette décision intervient après un jugement similaire favorable à Total Direct Energie, intervenu jeudi.
La filiale de Total et Gazel Energie cherchaient depuis mi-mars à obtenir la suspension d'une partie au moins de leurs contrats d'Arenh en faisant valoir que, sous l'effet du coronavirus et des mesures de confinement, ils disposaient d'un surplus d'électricité qu'ils devaient écouler sur le marché à un prix bien inférieur à celui auquel ils l'avaient acheté.
Réclamant l'activation d'une clause de force majeure qui leur permettrait de mettre fin aux livraisons des volumes d'Arenh et de s'approvisionner sur le marché à un prix beaucoup plus bas, ils s'étaient vu opposer une fin de non-recevoir par l'électricien public, ainsi que par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et le Conseil d'Etat.
Gazel Energie est une ex-filiale de l'allemand Uniper désormais détenue par la holding EPH, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Selon l'ordonnance du tribunal de commerce, la société a indiqué qu'elle faisait appel à l'Arenh à hauteur de 60% de ses approvisionnements en moyenne et que, contrainte de revendre cette électricité à prix cassé, ses pertes s'élevaient à 300.000 euros par mois et risquaient de "mettre en péril son existence".
Afin de limiter les conséquences pour EDF, Gazel Energie s'est cependant engagée à restituer à l'électricien public l'écart entre le prix de l'Arenh (42 euros par mégawatt-heure) et le prix de marché pour l'électricité issue de l'Arenh consommée pendant la suspension du contrat.
Personne n'était disponible dans l'immédiat chez EDF pour commenter ces informations.
(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)