Emploi des jeunes : l'OIT alerte sur les effets dévastateurs de la pandémie
Un jeune sur six privé d'emploi, retard dans leurs études... l'OIT vient de publier une étude dans laquelle elle met en garde contre les effets de la pandémie sur l'emploi des jeunes.
Un sur six. C'est la part de jeunes privés d'emploi depuis le début de la pandémie, selon une étude de l'Organisation internationale du travail (OIT), publiée ce mercredi 27 mai. Les jeunes sont ainsi les principales victimes du marasme économique né de la pandémie du nouveau coronavirus. Lors de la présentation du rapport aux médias, le directeur général de l'OIT, Guy Ryder, a appelé les gouvernements à porter "une attention particulière à cette génération du confinement" pour éviter qu'elle ne soit affectée par la crise sur le long terme.
Il a expliqué que les jeunes sont touchés de manière "disproportionnée" par la crise, en raison des perturbations dans le marché du travail et dans les domaines éducatif et de la formation. Selon l'étude menée par l'OIT parmi les moins de 29 ans, un jeune sur six a arrêté de travailler depuis l'apparition du Covid-19. Et ceux qui ont conservé leur emploi ont vu leur temps de travail diminuer de 23%. De plus, environ la moitié des jeunes étudiants font état d'un "retard probable" dans la réalisation complète de leurs études, tandis que 10% d'entre eux s'attendent à ne pas être en mesure de les terminer.
Avec un taux de 13,6% en 2019, le chômage des jeunes était déjà plus élevé que dans tout autre groupe de population. Environ 267 millions de jeunes étaient sans emploi tout en étant ni scolarisés ni en formation. Et les 15-24 ans qui travaillaient occupaient généralement des formes d'emploi les rendant plus vulnérables, soit parce qu'il s'agissait d'emplois mal rémunérés ou d'emplois informels, soit du fait de leur statut de travailleurs migrants.
"La crise économique due au Covid-19 frappe les jeunes – en particulier les femmes – plus durement et plus rapidement que les autres groupes de population", a pointé Guy Ryder, cité dans un communiqué. "Faute de prendre d'urgence des mesures énergiques pour améliorer leur situation, nous allons peut-être devoir assumer l'héritage du virus pendant des décennies", a-t-il ajouté.
Pour l'OIT, mieux vaut dépister que confiner
Cette quatrième édition de l'Observatoire de l'OIT sur l'impact du Covid-19 montre aussi qu'un dépistage rigoureux entraîne beaucoup moins de perturbations sur le marché du travail et au plan social que les mesures de quarantaine et de confinement. Dans les pays qui testent massivement la population et organisent de vastes opérations de dépistage, la diminution moyenne des heures de travail est ainsi réduite jusqu'à 50%.
Selon l'OIT, il y a trois raisons à cela : les tests et le dépistage réduisent la nécessité d'appliquer des mesures de confinement strictes ; ils favorisent la confiance du public, encourageant la consommation et contribuant à soutenir l'emploi ; et ils permettent de réduire au minimum les perturbations opérationnelles sur le lieu de travail.
En outre, les tests et le dépistage peuvent contribuer directement à créer de nouveaux emplois, même temporaires. "Les tests et le dépistage peuvent être une composante précieuse dans la stratégie à mettre en oeuvre pour combattre la peur, réduire les risques et relancer rapidement nos économies et nos sociétés", a estimé le directeur général de l'OIT.
Plus globalement, la crise continue d'entraîner "une réduction sans précédent de l'activité économique et du temps de travail dans le monde", observe par ailleurs l'OIT, la région des Amériques étant la plus affectée, suivie de l'Europe et de l'Asie centrale. Par rapport au quatrième trimestre 2019, l'organisation a observé une baisse de 4,8% des heures de travail au premier trimestre 2020 (ce qui équivaut à 135 millions d'emplois en se basant sur une semaine de travail de 48 heures).
Les perspectives pour le deuxième trimestre sont, quant à elles, "désastreuses". Ainsi, les heures travaillées devraient baisser d'environ 10,7% (ce qui équivaut à 305 millions d'emplois à plein temps). Nous sommes donc encore loin d'être au bout de nos peines.