Flins, Choisy, Dieppe... Ces usines Renault menacées par le plan d'économies
by franceinfoL'épidémie de Covid-19 a paralysé l'activité du groupe automobile français pendant plusieurs semaines. La marque au losange va présenter, vendredi, un plan d'économies de 2 milliards d'euros, qu'elle avait annoncé en février.
Quels choix fera Renault après l'épidémie de coronavirus ? Le constructeur automobile français doit présenter, vendredi 29 mai, les contours d'un plan d'économies de 2 milliards d'euros, annoncé en février. Selon des informations du Figaro, Renault prévoit de supprimer 5 000 postes en France d'ici à 2024, soit plus de 10% de sa main-d'œuvre, principalement par des départs à la retraite non remplacés. Contacté par franceinfo, Renault n'a pas souhaité confirmer cette information.
Depuis un an, le constructeur traverse une mauvaise passe. Après avoir enregistré en 2019 sa première perte nette en dix ans, Renault est de nouveau fragilisé par la crise sanitaire. En avril, ses livraisons européennes ont chuté de 79%. Avant le confinement, la direction du groupe avait prévenu : "Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien." Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a également déclaré que l'Etat ne s'opposerait pas à des fermetures. Selon plusieurs médias, au moins quatre sites seraient concernés par une fermeture. Franceinfo fait le point sur ces éventualités.
Flins-sur-Seine : "Une évolution de l'activité"
La situation actuelle. L'usine de Flins (Yvelines), créée en 1952, emploie 2 640 personnes. Spécialisé dans la production de citadines, c'est le site français qui a produit le plus de véhicules en 2019, avec 60 110 Clio, Zoe et Micra.
Le plan envisagé. Le 20 mai, Le Canard enchaîné affirme que l'usine de Flins pourrait fermer mais "plus tard" que d'autres. Cinq jours plus tard, après une réunion avec la direction, le syndicat CFDT de Renault avance qu'il n'y aura "pas de fermeture" du site, "mais une évolution de l'activité". "On nous a certifié que c'était la démarche" retenue, avec "un maintien de la capacité de production", déclare Franck Daoût, délégué syndical central CFDT.
Selon Le Monde (article payant), le site n'a pas une rentabilité suffisante, souffre de sa grande taille et d'un bassin d'emplois trop proche de Paris. "Comparé à l’usine la plus rentable de Renault, Maubeuge, le turn-over des équipes est nettement plus élevé, ce qui génère des coûts importants de formation", avance un spécialiste au quotidien. L'usine devrait être remaniée, avec, à terme, l’arrêt de la chaîne d’assemblage de véhicules. Durant le confinement, l'usine a déjà élargi son activité en produisant des masques chirurgicaux pour l'ensemble des sites et des concessions d'Europe.
Choisy-le-Roi : menace de fermeture ou reconditionnement
La situation actuelle. Situé à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), le site, qui a ouvert en 1949, est spécialisé dans la rénovation des pièces mécaniques des voitures. Il possède des ateliers de démontage et d'assemblage qui produisent des moteurs, des boîtes de vitesses mécaniques... Quelque 260 salariés y travaillent.
Le plan envisagé. Selon Les Echos, l’activité de Choisy-le-Roi pourrait être délocalisée sur le site de Flins, beaucoup plus grand. "Le déménagement de Choisy est logique. Le site actuel est trop petit pour cette activité d’économie circulaire (reconditionnement des pièces mécaniques) que Renault veut développer", explique une source au Monde. D'autres évoquent au média l'éventualité de produire des "prototypes de nouveaux véhicules électriques et partagés", ou d'assemblage de batteries.
Selon Le Canard enchaîné, le site de Choisy fait partie des sites voués à disparaître. "La fermeture d'un tel site constituerait un non-sens total tant celui-ci a développé une expertise dans l'économie circulaire utile à la transition écologique pour l'ensemble du groupe Renault", déplore le président du conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier (PCF), dans un texte commun avec le maire communiste de la ville, Didier Guillaume.
Dieppe : menace de fermeture
La situation actuelle. Créé en 1969, le site de Dieppe (Seine-Maritime) est principalement connu pour l'assemblage de l'Alpine A110, un coupé sportif lancé il y a deux ans. Il produit également des véhicules de petite série et compte environ 400 salariés. En début d'année, la cadence de production de l'Alpine A110 a été réduite de 15 à 7 véhicules par jour.
Le plan envisagé. Selon plusieurs médias, le site de Dieppe serait menacé de fermeture. Une décision incompréhensible pour les salariés et les syndicats. "Tous nos indicateurs sont au vert, notre carnet de commandes est plein jusqu'au mois d'août", assure Dominique Seraffin, secrétaire du CSE et syndicaliste CFDT à France 3 Normandie. L'usine est quasiment neuve, il y a eu un gros investissement de 15 millions d'euros."
Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, le député PCF et ancien maire de Dieppe Sébastien Jumel s'alarme : "Alpine est le symbole même du renouveau industriel possible, du savoir-faire made in France (...) [Il y a eu] 36 millions d’euros investis sur le site de Dieppe en trois années." Dans un communiqué, la CGT du site temporise et rappelle que l'information sur la fermeture n'a été confirmée "ni par la direction locale, ni par la direction du groupe, ni par l’État", cite Paris-Normandie. L'usine n'est toutefois pas équipée pour fabriquer le futur SUV Alpine, censé développer la marque, note Le Monde.
Maubeuge : menace de relocalisation
La situation actuelle. L'usine Maubeuge construction automobile (MCA), située dans le Nord, est devenue une filiale de Renault en 1969. Elle est spécialisée dans la production des véhicules Kangoo et de ses dérivés utilitaires, y compris électriques. Au 31 décembre 2018, elle comptait 1 639 employés.
Le plan envisagé. Selon plusieurs médias, Renault réfléchirait à "un transfert de l’activité d’assemblage de véhicules de son usine de Maubeuge vers Douai", également dans le Nord, à 70 km de là. Ce projet permettrait de renforcer l'activité d'assemblage de Douai et de spécialiser à nouveau Maubeuge dans l'emboutissage et la tôlerie, détaille L'Usine Nouvelle.
Lors de la présentation du plan de soutien à la filière automobile à l'usine Valeo d'Etaples (Pas-de-Calais), Emmanuel Macron a appelé Renault à ce que les salariés des deux sites "puissent avoir toutes les garanties sur leur avenir, leur capacité à produire et à œuvrer dans le groupe Renault".
Le président de la région, Xavier Bertrand, et des élus du Nord, dont deux députés LREM, se sont mobilisés avec des salariés contre toute éventualité de transfert. Ce plan "mettrait en péril des milliers d'emplois et bouleverserait la vie des 1 800 salariés et 600 intérimaires du site", alerte le député macroniste Christophe Di Pompeo, rappelant qu'il s'agit de "l'usine la plus performante du groupe". Renault avait annoncé, en 2018, un investissement de 450 millions d'euros sur cinq ans dans MCA pour produire en France de nouveaux véhicules utilitaires basés sur son modèle Kangoo.
Caudan : menace de fermeture
La situation actuelle. Filiale du groupe Renault, implantée depuis 1965, la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan) produit des pièces de fonderie brutes et des pièces pour les moteurs et les boîtes de vitesses. Au total, 385 personnes y travaillent selon Le Monde.
Le plan envisagé. Caudan fait partie des sites dont la fermeture est annoncée par plusieurs médias. Depuis le 25 mai, certains salariés bloquent l'accès à l'usine et la production est à l'arrêt. "Le paradoxe, c'est que Renault nous a repris après une lutte historique en 2008-2009. C'est inacceptable, une fermeture telle que celle-là", dénonce l'un d'entre eux à RTL. Maël Le Goff, délégué CGT, rappelle que le site a complètement été rénové après l'incendie de 2019 : "L'outil de production est tout neuf, de la ligne de moulage à l'usinage, et maintenant on nous annonce la fermeture du site."