Les Suisses moins enclins à aider les travailleurs au noir
by www.rjb.ch, RJB, Radio Jura BernoisLa solidarité des Suisses n'est pas inconditionnelle face à la crise du coronavirus. Une méfiance perdure notamment envers les travailleurs au noir, montre un sondage réalisé par l'Université de Lausanne (UNIL) et le pôle de recherche 'nccr - on the move'.
Dans cette enquête, effectuée sur un échantillon de 1535 personnes entre avril et mai dans toute la Suisse, les sondés devaient donner une note de 1 à 10 à différents types de profils touchés par la crise. Il en est ressorti que les employés au noir ont récolté en moyenne 2,5 points de moins que les travailleurs déclarés.
'Il s'agit de très loin du facteur le plus pénalisant', indique mercredi Giuliano Bonoli, professeur à l'UNIL en charge du sondage, interrogé par Keystone-ATS. 'On aurait pu penser que les gens soient plus tolérants, que la cohésion sociale soit renforcée vu la gravité de la situation. Mais cela n'est pas le cas', relève-t-il.
Le sondage a été réalisé avant la médiatisation des files de distribution alimentaire à Genève, où se sont retrouvés de nombreux travailleurs au noir. 'Ces images n'auraient sans doute pas changé grand-chose aux résultats du sondage. Il y aurait peut-être eu plus de bienveillance chez les Genevois, mais pas forcément ailleurs', estime le professeur Bonoli.
Stéréotypes
Comme pour les travailleurs au noir, mais dans une moindre mesure, les Suisses sont moins enclins à aider les étrangers. 'Des stéréotypes perdurent. Les gens continuent de se méfier des profiteurs, qu'ils soient avérés ou imaginaires', indique-t-il.
A l'inverse, parmi les critères suscitant davantage d'empathie, le fait d'avoir des enfants à charge, un conjoint au chômage ou de pratiquer le bénévolat ont eu un bon écho auprès des participants au sondage. 'Les Suisses font preuve de solidarité, mais celle-ci n'est pas inconditionnelle', résume le professeur Bonoli.
Prêt sans intérêt sollicité
Le sondage montre aussi que 98% des personnes interrogées soutiennent des mesures d'aide pour relancer l'économie. Le prêt sans intérêt (30,6%) est la forme la plus sollicitée, devant le paiement à fonds perdus (24,4%).
Les différences entre régions linguistiques ne sont pas énormes: les Suisses romands sont par exemple un peu plus nombreux (29%) que les Alémanique (23%) à privilégier les aides à fonds perdus.
/ATS