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Donald Trump mardi à la Maison-Blanche.(Reuters)

Donald Trump accuse un présentateur télé de meurtre : la "fake news" de trop pour Twitter?

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Alors que les Etats-Unis vont franchir la barre des 100.000 morts du Covid-19, Donald Trump accuse de meurtre l'un des journalistes les plus critiques sur sa gestion de la crise. Une incroyable théorie qui pourrait déclencher un séisme sur Twitter. Explications.

La guerre est-elle déclarée entre Donald Trump et Twitter? Pour la première fois, mardi soir, le réseau social a signalé deux messages du président américain comme "trompeurs". Dans ces tweets, le milliardaire affirme que le vote par correspondance, que certains Etats, comme la Californie, veulent faciliter en vue de la présidentielle, est nécessairement "frauduleux". Si la réaction de Twitter est inédite, le réseau social est pourtant critiqué pour ne pas en faire assez à propos d'autres tweets du président américains dans lesquels il accuse... de meurtre un présentateur de la chaîne câblée MSNBC.

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Cette improbable théorie trouve son origine en 2001. Joe Scarborough, qui présente aujourd'hui la matinale "Morning Joe", était alors élu républicain de Floride à la Chambre des représentant lorsque son assistante parlementaire, Lori Klausutis, a été retrouvée morte. L'actuel présentateur de MSNBC était à Washington lorsque la victime de 28 ans est décédée à plus de 1.000 kilomètres de là, à Fort Walton Beach, en Floride. La police a d'ailleurs conclu très vite à un accident : Lori Klausutis, qui souffrait d'une maladie cardiaque, a eu un malaise et s'est cognée la tête sur son bureau en tombant, ce qui a entraîné sa mort.

Il accuse régulièrement ses adversaires de meurtre

Ce n'est pas la première fois que Donald Trump mentionne cette théorie du complot - il en a parlé dès 2017 -, mais le président américain a intensifié ses attaques depuis quelques jours. Mardi, il a répété ses accusations depuis le pupitre du Rose Garden, à la Maison-Blanche. "C'est certainement une situation très suspecte. Très triste, très triste et très suspecte", a-t-il affirmé. Pour Joe Scarborough, les attaques proférées par le président s'expliquent par les critiques dont il est la cible dans son émission, notamment sur sa gestion chaotique de l'épidémie de Covid-19.

"Il est remarquable que nous ayons un président qui essaie de faire poursuivre en justice la personne qu'il considère comme son principal critique dans les médias", a-t-il expliqué. "C'est ce que fait Poutine. C'est ce que fait Orban. C'est ce que font les autocrates depuis des siècles." Lors d'un briefing devant la presse, Kayleigh McEnany, l'attachée de presse de la Maison-Blanche, a légitimé les attaques du président, estimant que Joe Scarborough était lui-même à l'origine de fausses informations contre Donald Trump. Dans le camp républicain, peu de voix s'élèvent pour critiquer la Maison-Blanche.

Ce n'est pas la première fois que le milliardaire se livre à de telles outrances : en 2016, pendant les primaires républicaines, il a accusé le père de son adversaire Ted Cruz d'être impliqué dans… la mort de Kennedy en 1963. Il a aussi accusé Bill et Hillary Clinton d'avoir joué un rôle dans la mort de Vince Foster, un conseiller de la Maison-Blanche qui s'est suicidé en 1993. Il a également émis des doutes sur Barack Obama après la mort dans un accident d'avion d'une responsable de l'Etat d'Hawaï, en 2013, ou la fusillade d'Orlando revendiquée en 2016 par l'Etat islamique.

Trump enrage contre Twitter

Mais les dernières accusations de Donald Trump ont pris une nouvelle tournure depuis que le veuf de Lori Klausutis a demandé à Twitter de supprimer les tweets du président. "S'il vous plait, effacez ces tweets", a demandé Timothy Klausutis, dans une lettre relayée par plusieurs médias américains mardi. "Ma femme mérite mieux que ça." "Je vous demande d'intervenir parce que le président des Etats-Unis s'est approprié quelque chose qui ne lui appartient pas : la mémoire de mon épouse disparue, et l'a pervertie par calcul politique", a-t-il poursuivi.

Twitter, qui a renforcé il y a deux semaines ses règles pour lutter contre la désinformation sur la pandémie, n'a pas réagi pour le moment. Fin mars, le réseau a supprimé deux tweets provenant du compte officiel du président brésilien, Jair Bolsonaro, mais il n'a jamais rien fait de tel avec Donald Trump.

Le signalement des deux autres tweets de Trump sur le vote par correspondance a pourtant suffi à provoquer la rage du président américain. "Twitter interfère avec l'élection présidentielle de 2020. Ils disent que ma déclaration sur le vote postal est incorrecte, en se basant sur des vérifications des faits par Fake News CNN et le Amazon Washington Post" a-t-il réagi. "Twitter étouffe la LIBERTE D'EXPRESSION", a ajouté Donald Trump, alors que son pays devrait franchir cette semaine la barre des 100.000 morts du Covid-19.

Mercredi, il est allé plus loin, menaçant de "fermer" les réseaux sociaux après le signalement de ses tweets. "Les républicains estiment que les plateformes de médias sociaux font totalement taire les voix des conservateurs", a-t-il écrit. La bataille contre Twitter devient plus que jamais un enjeu politique.