Municipales à Albi : Muriel Roques-Etienne (LREM) jette l'éponge
by Recueilli par Vincent VidalCoup de théâtre dans la campagne municipale albigeoise. Muriel Roques-Etienne, candidate LaREM créditée de 14,69 % des voix a décidé de ne pas se présenter au second tour.
C’est la grande surprise de ce début de second tour des municipales à Albi. Hier, Muriel Roques-Etienne (LaREM) créditée de 14,69 % des voix au premier tour a décidé d’arrêter l’aventure municipale et de ne pas présenter sa liste pour le second tour du 28 juin. Interview.
Chose rare, vous avez décidé de ne pas vous présenter au second tour des municipales. Pourquoi?
Pour ce second tour, nous nous sommes aperçus que notre espace politique était restreint. Depuis la fusion des écologistes et de la liste d’extrême gauche de Madame Ferrand-Lefranc, nos chances étaient limitées. Et il est hors de question pour nous que cette liste d’extrême gauche accède à la tête de la mairie d’Albi. [De son côté Nathalie Ferrand-Lefranc précise que la liste de gauche et la liste écologiste continuent de travailler sur leur fusion pour le deuxième tour, NDLR]
Du coup, vous appelez à voter Stéphanie Guiraud-Chaumeil ?
Nous ne donnons pas de consigne de vote. Mais je le répète, nous avons plus de points communs avec la maire actuelle même si je combats ses orientations budgétaires et sa façon de diriger la ville, qu’avec la liste de Nathalie Ferrand-Lefranc et de Pascal Pragnère.
Vous comprenez la déception de ceux qui ont voté pour vous au premier tour ? Ils vont se dire que vous quittez le bateau à la première tempête ?
Je le sais. Ce n’est vraiment pas le cas. Je le fais avant tout par respect pour eux. Il m’est sincèrement impossible aujourd’hui de continuer.
Et la réaction de vos colistiers ?
Ils ont compris ma décision. Vraiment.
Même les membres du collectif Viv’Albi autour de Patrick Vieu ?
Oui. Ils étaient extrêmement motivés pour ce second tour. Mais ils se sont rangés derrière ma décision.
Vraiment ?
Oui.
Il y a quelques jours, Frédéric Cabrolier envoyait un communiqué s’inquiétant de possibles négociations entre vous et la maire pour avoir des places d’adjoints sur sa liste. Si ce n’était pas le cas, vous pourriez quitter les municipales et en compensation, Philippe Folliot et Philippe Bonnecarrère seraient soutenus par les élus Albigeois pour les sénatoriales. Vous répondez quoi à ces attaques ?
Comment il peut dire cela ? On sait très bien qu’entre Philippe Bonnecarrère et Stéphanie Guiraud-Chaumeil, l’entente n’est pas cordiale. Il n’y a jamais eu aucune négociation. Voilà bien le discours du Rassemblement national. Écrire des mensonges sur les autres sans s’occuper de son programme. C’est honteux.
On vous sent usée ?
Depuis deux ans et demi, j’ai beaucoup subi d’attaques, d’agressivité. Aujourd’hui, il faut que je prenne du repos et du recul. J’ai beaucoup souffert.
On va vous revoir dans la vie politique ?
Je ne sais pas sincèrement. Aujourd’hui, j’ai envie de profiter de ma famille. Pour moi, la politique, ce sont des propositions, pas des attaques personnelles permanentes.
Patrick Vieu appelle « à un vote massif pour faire battre la liste ultra-droitière arrivée en tête »
L’annonce du retrait de Muriel Roques-Etienne, tête de liste d’« Au Cœur de l’Albigeois – Viv’Albi ! » a fait vivement réagir Patrick Vieu, son colistier ancien secrétaire fédéral du PS du Tarn.
« Cette liste était née de la volonté d’un large rassemblement depuis la gauche jusqu’au centre droit. Elle reposait sur la confiance, l’ouverture, le partage des compétences, l’enthousiasme, la solidarité entre ses membres. Elle portait un projet innovant, imaginatif, équilibré pour une ville inclusive, rayonnante, écologique » rappelle Patrick Vieu qui regrette d’avoir été mis devant le fait accompli. « Nous avons appris cette décision sans qu’à aucun moment il ne nous ait été donné la possibilité de la comprendre, de la discuter et d’en envisager ensemble les conséquences. La décision a été prise contre toute attente, sans aucune concertation, sans aucune consultation, sans même le partage d’un doute » dénonce Patrick Vieu.
Et de rappeler que « l’engagement que nous avions pris les uns envers les autres d’aller jusqu’au bout de cette démarche n’a pas été tenu. Les ambitions personnelles et les calculs politiciens l’ont emporté au mépris de la sincérité de l’engagement et de la fidélité à la parole donnée. »
Son désormais ancien colistier renvoie Muriel Roques-Etienne dans les cordes et a des mots durs : « Le motif politique invoqué pour justifier ce retrait unilatéral est l’imminence d’une fusion entre la liste du collectif « Albi 2020 » et la liste « Albi Vert demain ». Il s’agirait de « faire barrage à l’ultra-gauche », ce qui signifie : ne pas affaiblir la candidature de la maire sortante. Comble de félonie, certains de nos colistiers envisageraient de rejoindre la liste de la maire sortante sans opposition de notre tête de liste. »
« Le retrait forcé de notre liste ouvre un boulevard à la liste arrivée en tête qui bénéficiera du report d’une partie de nos électeurs tandis que les autres, nous l’espérons, iront grossir le score de la liste de fusion à gauche, que nous espérons le plus haut possible. Nous appelons à un vote massif pour faire battre la liste « ultra-droitière » arrivée en tête. »
Patrick Vieu adresse « nos excuses à nos électeurs. Nous partageons leur déception. Aujourd’hui nous les laissons seuls. Et c’est à eux que nous pensons d’abord. Qu’ils sachent que ce n’est pas ce que voulait la majorité des membres de la liste. Qu’ils sachent aussi que nous sommes déterminés, dans l’avenir, à porter haut nos idées et nos valeurs dans le cadre de Viv’Albi ! ou dans d’autres associations ou mouvements. »