Des chercheurs français étudient une nouvelle maladie inconnue en lien avec les chauves-souris
by Yohan Demeure, rédacteur scientifiqueEntre 2012 et 2019, une maladie bactérienne inconnue a touché la Nouvelle-Calédonie. Or, la quinzaine de personnes infectées (4 décès) avaient toutes en commun d’avoir été en contact avec des chauves-souris. Un groupe d’étude local tente d’en apprendre davantage sur cette maladie.
Une maladie inconnue
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, l’animal le plus commenté est sans aucun doute la chauve-souris. Il est vrai que les chauves-souris et les coronavirus sont au cœur d’une association qui ne date pas d’hier. De récentes recherches ont d’ailleurs confirmé le fait que seulement deux grandes familles de chauves-souris hébergent près de 50 % des coronavirus connus !
Comme l’explique Ouest France dans un article du 22 mai 2020, le Fonds Pacifique du ministère des affaires étrangères français a débloqué une aide de 25 000 euros à destination d’un groupe pluridisciplinaire basé en Nouvelle-Calédonie. L’objectif ? Étudier une nouvelle maladie en lien avec les chauves-souris ayant frappé la région entre 2012 et 2019.
Une quinzaine de personnes ont eu de la fièvre, des troubles hématologiques et ont perdu du poids. Leur rate avait également augmenté de volume. En 2017, le Centre Hospitalier Territorial de Magenta (Nouvelle-Calédonie) a envoyé des échantillons à l’Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille (IHU) dirigé par le désormais célèbre Didier Raoult.
Comprendre les modes de transmission
Selon les résultats, les chercheurs ont identifié une bactérie nommée Mycoplasma haemohominis. Or, celle-ci avait auparavant déjà été retrouvée chez plusieurs roussettes (chauves-souris) par le même institut marseillais. La maladie qui a frappé la Nouvelle-Calédonie a été baptisée fièvre hémolytique.
Rappelons tout de même que la roussette est un animal très populaire dans cette région et incarne un gibier très recherché. Or, les personnes touchées par cette nouvelle maladie avaient été en contact avec ces animaux (via la chasse notamment) ou les avait consommés environ trois semaines avant l’apparition des symptômes.
Par ailleurs, si Centre Hospitalier Territorial de Magenta a bien mis au point un test diagnostic (PCR) pour détecter la bactérie, les chercheurs ne veulent pas s’arrêter là. En effet, il est désormais question d’en apprendre davantage à propos des modes de transmission. De plus, les chercheurs calédoniens veulent effectuer des travaux dans d’autres contrées du Pacifique où la roussette est également présente, c’est-à-dire le Vanuatu ainsi que Wallis et Futuna. En effet, d’autres réservoirs de cette bactérie pourraient être observés. Au final, l’équipe réunira pas moins de 200 roussettes afin de mener de nombreux tests.