Trump va-t-il repousser les élections ?
by Patrice BravoSelon presque tous les sondages aux États-Unis, la plupart des Américains sont mécontents des actions des autorités effectuées pendant l'épidémie du Covid-19. Le niveau de confiance du président actuel, selon l’étude conjointe Washington Post-Ipsos, est tombé à 43%.
Selon un récent sondage de CNN, seulement 36% des électeurs pensent que les déclarations de Donald Trump sur les actions du gouvernement peuvent être dignes de confiance. Les spéculations sur le report de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre prochain qui va choisir l’occupant de la Maison Blanche pour le mandat 2021-2024 ou de l'emploi de techniques non démocratiques par Donald Trump pour les torpiller continuent d'alimenter les média.
Aux Etats-Unis, le report des élections présidentielles en raison de l'épidémie de coronavirus à une date ultérieure est de plus en plus discuté. Donald Trump a, lui-même, plaisanté à plusieurs reprises sur le fait qu'il n'aimait pas abolir complètement le vote car sinon cela pourrait lui permettre de devenir le chef de l'Etat à vie.
Joe Biden, l'ancien vice-président américain, qui ne communique que par vidéo avec ses partisans sans quitter son domicile au Delaware, a annoncé que Donald Trump pourrait tenter de reporter ou d'annuler complètement les prochaines élections de novembre : « Rappelez-vous de mes paroles ! Je pense qu'il tentera en quelque sorte de reporter les élections en expliquant pourquoi elles ne peuvent pas se tenir ». Les opposants démocrates se montrent convaincus, pour alimenter une machine de guerre médiatique jusqu' à en prendre les contours d'un film de science-fiction, que la Maison Blanche peut vraiment reporter l'élection présidentielle afin de sauver les chances de réélection de Donald Trump.
Cependant, les observateurs pensent que la question se pose car les autorités peuvent utiliser l'épidémie pour soutenir Trump sans violer les dispositions de la Constitution. C'est ce que le magazine Nation, par exemple, note en expliquant qu' il est « facile » d’imaginer une situation où, le jour des élections, les gouverneurs républicains « dans le cadre d’une nouvelle flambée de coronavirus » pourraient annoncer une mise en quarantaine stricte interdisant aux électeurs de quitter leur domicile dans les circonscriptions où l'on vote majoritairement pour les Démocrates. Dans les circonscriptions votant pour les Républicains, de telles mesures ne seront pas introduites et leurs habitants pourront venir sereinement aux urnes.
La raison, pour laquelle les Etats-Unis ont simplement parlé de reporter les élections, s'explique. Le 16 mars, par exemple, le gouverneur républicain de l'Ohio, Mike DeWine, a annoncé que les primaires des démocrates avaient été reportées en raison d'une épidémie de coronavirus. Le gouverneur a pris la décision à la demande du docteur Amy Acton, chef du département de la santé de l'Etat. Auparavant, c'est elle qui avait fait en sorte que l'Ohio devienne le premier Etat des Etats-Unis à fermer des écoles, des clubs sportifs, des bars et des restaurants le 15 mars. L'un des tribunaux a immédiatement déclaré l'ordonnance du gouverneur de vouloir transférer les primaires comme étant inconstitutionnelle mais en réponse, Amy Acton a simplement, sous son autorité, fermé les bureaux de scrutin en invoquant une situation sanitaire d'urgence et une menace pour la santé publique. La Cour suprême de l'Etat a par la suite confirmé cette décision.
En mars 2019, en s'adressant aux sponsors du Parti républicain en Floride, Donald Trump a félicité le dirigeant chinois Xi Jinping après la décision de la session plénière du Comité central du Parti communiste chinois de lever la règle interdisant au chef de l'Etat de rester au pouvoir pendant plus de deux mandats. « Il est maintenant président à vie et il est merveilleux », a déclaré Trump. « Regardez, il pourrait le faire. Je pense que c'est génial. Peut-être que nous devrions essayer de le faire un jour ! », a-t il rajouté. A la Maison Blanche ils préfèrent encore évasivement répondre aux questions sur un éventuel report des élections en raison de l'épidémie. « Ce n'est pas à moi de prendre une telle décision », a déclaré Jared Kushner, conseiller principal et gendre du président américain, dans un entretien au magazine Time.
Marc Elias, un avocat de Washington qui représente sur les plans juridiques le Comité national démocrate pour lutter contre les mesures de suppression des électeurs, a déclaré qu'il ne se passait pas un jour sans qu'il ne réponde aux questions des hauts responsables démocrates sur la question de savoir si Donald Trump pouvait reporter ou annuler les élections. Le New York Timescontinue d'alimenter sur les craintes d'une prise du pouvoir illimité en insistant sur le fait que Donald Trump puisse utiliser des moyens pour repousser les élections : « Mais changer la date des élections n'est pas ce qui inquiète Marc Elias. La plus grande menace, selon lui, est la possibilité que l'administration Trump puisse agir en octobre pour rendre plus difficile le vote des gens par la déclaration de l'état d'urgence, le déploiement de la Garde nationale ou en interdisant les rassemblements de plus de 10 personnes ».
Olivier Renault
Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1623