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La Halle va être placée en redressement judiciaire

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La crise du coronavirus aura été celle de trop pour La Halle : l’enseigne de vêtements et chaussures va être placée en redressement judiciaire, mais les offres de reprise ne sont que partielles, faisant craindre une « catastrophe sociale » aux syndicats

La Halle, enseigne de vêtements et chaussures, va être placée en redressement judiciaire, mais les offres de reprise ne sont que partielles, faisant craindre une « catastrophe sociale » aux syndicats. À Calais, un magasin se situe zone Curie. Ce lundi, les personnes rencontrées sur place indiquaient ne pas avoir d’informations et continuaient à faire des promotions et des cartes fidélité.

La Halle, fragilisée par deux mois de fermeture de ses magasins pendant le confinement décidé pour limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus, après avoir déjà subi les Gilets Jaunes et les grèves de décembre, avait été placée en procédure de sauvegarde le 21 avril. Les repreneurs potentiels avaient jusqu’à lundi soir pour manifester leur intérêt pour une enseigne qui a réalisé un chiffre d’affaires annuel de 847 millions d’euros lors de son dernier exercice clos fin août 2019.

«  Nous avons reçu sept offres, émanant pour la plupart de concurrents, qui reprendraient à ce stade 3 195 personnes sur 5 391, donc 60 % », a affirmé mardi Patrick Puy, PDG du groupe Vivarte qui est propriétaire de l’enseigne, lors d’une conférence de presse téléphonique. La combinaison de ces offres, qui constitue une «  fourchette haute » selon le syndicat FO, permettrait également la reprise de 502 magasins sur un total de 830. Par conséquent, «  2 196 personnes, à ce jour, ne seraient pas reprises », a précisé M. Puy.

Dès la semaine prochaine, La Halle va demander son placement en redressement judiciaire au tribunal de commerce de Paris. Puis dans les dix jours suivants, «  nous allons travailler à améliorer ces offres », et notamment augmenter le nombre de salariés repris, a ajouté le dirigeant. Enfin, avant la fin du mois de juin, «  nous demanderons au tribunal d’entériner ces cessions d’une part, et d’autre part le plan social pour les personnes qui ne seraient pas reprises », a précisé M. Puy.

Démantèlement

Depuis l’arrivée de ce spécialiste des restructurations à la tête de Vivarte en juillet 2017, plusieurs enseignes (Chevignon, Cosmoparis, André, Kookaï, Naf Naf, Besson) ont été cédées, faisant craindre aux syndicats son prochain «  démantèlement ». De fait, a souligné M. Puy, à l’issue du processus de cession de la Halle, il ne restera du groupe que deux enseignes, Caroll et Minelli, «  qui ne sont pas à vendre ».

Parmi les offres de reprise partielle de la Halle, la plus importante provient du groupe Beaumanoir, propriétaire notamment de Morgan, et qui s’est aussi récemment positionné pour reprendre Naf Naf. Dans une déclaration à l’AFP, Beaumanoir confirme avoir déposé une offre qui lui permettrait de se lancer dans le segment «  de la mode à petits prix pour femme, homme et enfant ».

Il «  se propose de reprendre la quasi-totalité de l’activité Mode de La Halle, soit la moitié du parc total (l’autre moitié étant des magasins destinés à la chaussure) et 2 500 emplois ». S’y ajouteraient une centaine de personnes du siège social.

Annonces « violentes »

«  Cela suppose toutefois que les pouvoirs publics, les banques comme les actionnaires se mobilisent en renfort de cette proposition pour sauvegarder durablement la marque française », souligne Beaumanoir. Cette offre, qualifiée de «  seule sérieuse » par Karim Cheboub, coordinateur CGT de Vivarte, ne reprendrait cependant que «  moins de la moitié du personnel ». «  On s’attendait à mieux que ça. Il semble que la crise du Covid-19 ait dissuadé les investisseurs potentiels », a-t-il affirmé, évoquant une « catastrophe sociale ».

D’autres offres émanent d’enseignes spécialisées dans la chaussure, telles Chaussea ou Besson, a précisé M. Puy. Il a également évoqué l’enseigne Gémo et des groupes de «  distribution alimentaire ».

Pour Claire Vigouroux de FO, «  ce sont des annonces violentes », d’autant qu’aucune offre ne prévoit de reprendre les deux centres logistiques de l’enseigne qui emploient plus de 500 personnes dans l’Indre. «  Il faut absolument que les actionnaires actuels, qui se sont gavés quand il y avait de la trésorerie, mettent la main à la poche pour accompagner les milliers de salariés et leurs familles qui seront sur le carreau. »

Un espoir qu’a déjà balayé M. Puy : «  le PSE ne sera pas très généreux car nous n’avons pas les moyens de l’être ».