Woody Allen se fiche des scandales et court après son film ultime
by La RédactionLe réalisateur culte revient sur sa carrière, et le rejet d'une certaine partie de Hollywood ces dernières années.
Pendant des décennies, il était le cinéaste qui attirait tous les grands noms hollywoodiens, ravis de travailler avec le réalisateur culte de Manhattan, Annie Hall et Coups de feu sur Broadway, avec à la clé un succès d'estime voire un petit Oscar (Diane Keaton, Dianne Wiest, Mira Sorvino, Michael Caine, Penelope Cruz, Cate Blanchett...). Puis, le vent a tourné. #MeToo a réveillé le malaise autour de la vie privée de Woody Allen, et les accusations portées par sa fille adoptive.
Entre Wonder Wheel et un Un jour de pluie à New York, le réalisateur a été rejeté par plusieurs acteurs (comme Natalie Portman, Timothée Chalamet, Rebecca Hall, Ellen Page), tout en étant défendu par d'autres (comme Javier Bardem, Scarlett Johansson, Anjelica Huston, Diane Keaton, Alec Baldwin). Amazon Studios a annulé la sortie de son film pluvieux, avant d'être attaqués par Woody Allen, et que tout le monde ne trouve un terrain d'accord pour stopper cette affaire et collaboration.
Depuis, le réalisateur, bien plus défendu par les distributeurs européens, a repris le chemin des plateaux pour Rifkin's Festival, une nouvelle comédie romantique, tournée en Espagne et menée par Christoph Waltz. Il a aussi retrouvé le parfum de la polémique puisque Hachette a décidé de ne plus publier ses mémoires, Apropos of Nothing, relançant encore une fois le débat sur l'homme.
Dans une interview avec Daily Mail, le cinéaste revient sur ce rejet très hollywoodien :
"Bien sûr j'ai conscience que je suis le sujet de commérages et scandales, mais je ne peux pas laisser ça me toucher. Je vis ma vie. Je travaille. Je joue du jazz. Je regarde du sport. Je vois mes amis. Je ne cherche rien et ne lit rien sur tout ça. C'était une fausse accusation mais un excellent drame pour les journaux. (...) Je n'ai jamais fait partie du club à Hollywood. Je ne vais pas aux soirées. Je me fiche du box-office ou des prix. Gagner un Oscar n'a pas grande valeur pour moi. Le premier film que j'ai écrit, Quoi de neuf, Pussycat ?, a été un incroyable succès mais c'était vraiment nul et j'étais embarrassé."
Il explique aussi ne jamais écrire en prenant en compte les critiques, polémiques et autres effets de mode, défendant notamment l'histoire d'Un jour de pluie à New York qui tourne autour d'une énième ingénue (Elle Fanning) convoitée par quelques hommes mûrs :
"Je m'en fiche vraiment complètement. J'écris ce que je pense être drôle, une situation que je veux explorer. Je ne me censure pas. Je me fiche de répondre aux pensées malicieuses des autres... Il n'y a rien de noir, c'est une comédie romantique."
Une déclaration cohérente avec sa réponse aux accusations de racisme discret dans ses films.
Woody Allen porte enfin un regard intéressant sur son œuvre tant célébrée :
"Je pense toujours que je n'ai pas fait de grand film comme Federico Fellini ou Ingmar Bergman, rien comme Le Septième Sceau ou Le Voleur de bicyclette. Je ne vais pas arrêter d'essayer parce que même si j'ai eu du succès, je n'ai jamais été satisfait artistiquement. On ne fait pas un film pour gagner un prix. Mozart n'a jamais composé en pensant à un trophée. Si j'en ai la chance et que le virus se calme, peut-être que je ferai un grand film avant de mourir. Mais je ne l'ai pas encore fait."
Le monsieur n'est donc pas entièrement comblé par sa longue filmographique, qui compte quelques films plus qu'appréciés comme Annie Hall, Manhattan, Hannah et ses soeurs, Crimes et délits, Intérieurs, Une autre femme, Ombres et brouillard, La Rose pourpre du Caire, Match Point, ou encore Minuit à Paris. Et vu ses propos, pas sûr que Rifkin's Festival (déjà tourné, sans date de sortie encore annoncée) fasse mieux.