https://resize-lejdd.lanmedia.fr/r/620,310,forcex,center-middle/img/var/europe1/storage/images/lejdd/culture/series/snowpiercer-les-cahiers-desther-la-bd-simpose-a-la-television-3970451/55221680-1-fre-FR/Snowpiercer-Les-Cahiers-d-Esther-La-BD-s-impose-a-la-television.jpg
Snowpiercer, déjà adaptée au cinéma par Bong Joon-ho, est à l’origine une BD française.(Justina Mintz/TNT/Warner)

"Snowpiercer, "Les Cahiers d’Esther"... La BD s'impose à la télévision

by

Avec "Snowpiercer" (Netflix) et "Les Cahiers d’Esther" (Canal +), la BD continue de s’imposer sur nos écrans.

Hasard du calendrier, deux séries tirées de bandes dessinées françaises démarrent en même temps lundi à la télé. Sur Canal+, la deuxième saison de l’impertinente chronique préadolescente des Cahiers d’Esther se présente comme une adaptation particulièrement fidèle au trait et aux dialogues de son créateur, Riad Sattouf. En matière de transposition cathodique, l’animation reste l’option la plus fréquente pour la BD, d’Iznogoud Rahan en passant par Pif et Hercule, Agrippine, Silex and the city et Tu mourras moins bête. Voire Tintin, Blake et Mortimer ou Titeuf, en allant piocher du côté de nos voisins belges et suisses.

Lire aussi - Ces séries dont vous êtes le héros

Pour adapter Le Transperceneige des Français Jacques Lob, Jean-Marc Rochette et Benjamin Legrand, la chaîne câblée américaine TNT a choisi le recours aux acteurs réels le temps de dix épisodes recentrés sur l’intrigue policière : dans Snowpiercer (Netflix), un ex-flic à bord d’un train se laisse convaincre de remonter la piste d’un assassin dont l’existence pourrait bouleverser l’équilibre précaire de cette microsociété sur rails à l’ère glaciaire. Si la promotion américaine positionne le programme comme l’héritier de la version cinéma de 2013 du cinéaste coréen Bong Joon-ho, la BD originale n’est pas oubliée et sa nationalité française est gentiment évoquée : le premier épisode s’ouvre sur un prologue dessiné, tandis que la bande-son se pare de chansons du groupe pop français Juniore.

La transposition "live" ne demande aucun effort

La télévision américaine a déjà pioché dans les "illustrés" francophones, du moins quand ceux-ci prennent la peine de se dérouler aux États-Unis : la transposition "live" ne demande aucun effort et les téléspectateurs ne se posent pas la question de la provenance réelle des personnages. Ainsi, Jeremiah, du Belge Hermann, se déroulant dans une Amérique postapocalyptique, débouche sur une série produite en 2002 par la chaîne Showtime (Homeland), qui modifie pourtant l’origine de l’effondrement de la civilisation.

S’inspirant à la fois de l’assassinat de JFK et du personnage de Jason Bourne du romancier Robert Ludlum, la saga XIII des Belges Jean Van Hamme et William Vance s’offre en 2008 une version télé financée par la France et le Canada et tournée en anglais, permettant ainsi aux premiers épisodes d’être diffusés sur la grande chaîne NBC (This Is Us). Quelques années plus tôt, un autre personnage de Van Hamme, Largo Winch, avait eu droit lui aussi à sa série en coproduction internationale. Tournée en anglais, l’anthologie de science-fiction Métal hurlant (France 4) doit sa diffusion au pays de Marvel à la popularité du célèbre magazine de bande dessinée co-fondé par Jean-Pierre Dionnet.

Les diffuseurs se jettent plus que jamais sur les marques reconnues

Avant ces tentatives internationales, Français et Belges ont signé des productions pour un public national qui ont réussi à faire oublier les bulles originales. Avec leur générique chanté par Johnny Hallyday en 1967, Les Chevaliers du ciel version télé ont fait décoller les pages écrites par Jean- Michel Charlier et dessinées par Albert Uderzo. À la même époque, Michel Vaillant prend lui aussi vie sur le petit écran, mais dans une production moins mémorable.

Pour ne pas se noyer dans l’océan de séries, les diffuseurs se jettent plus que jamais sur les marques reconnues. Les héros de BD franco-belges n’échappent pas à la règle, quitte à végéter dans les affres du purgatoire hollywoodien. Voilà près de huit ans que l’on attend la série de science-fiction Barbarella chapeautée par le cinéaste Nicolas Winding Refn (Drive), d’abord annoncée sur Canal+ puis Amazon Prime Video.

Le succès de Game of Thrones ayant prouvé la viabilité de l’heroic fantasy sur le petit écran, il n’a pas été surprenant d’apprendre il y a deux ans que le réalisateur allemand Florian Henckel von Donnersmarck (La Vie des autres) planchait sur une adaptation des aventures de Thorgal, le héros viking de Jean Van Hamme. Idem avec le Danois Anders Walter (Chasseuse de géants), qui développe depuis l’année dernière une série inspirée de La Quête de l’oiseau du temps de Serge Le Tendre et Régis Loisel. Autant de projets dont on est sans nouvelles... L’éventuel succès de Snowpiercer leur redonnera peut-être vie.