Des soignants vont bénéficier de vacances gratuites cet été à Morzine
120 soignants et leur famille peuvent bénéficier d’une initiative solidaire d’hôteliers de Morzine (Haute-Savoie), qui leur offrent une semaine cet été à la montagne
- La fin des deux mois de confinement ne signifie pas l’arrêt des actions solidaires en direction des personnels soignants en France.
- Plusieurs hôteliers de Morzine (Haute-Savoie) ont ainsi formé une association afin de leur offrir 120 séjours cet été à la montagne dans des établissements trois et quatre étoiles.
- Cette initiative, qui dépasse clairement celle des repas spontanément apportés durant deux mois dans les hôpitaux, n’est-elle pas too much ?
Les personnels soignants n’ont certes plus droit à leurs applaudissements quotidiens de 20 heures. Mais l’élan de solidarité n’a pas complètement disparu en France avec le déconfinement. Après les paniers de fruits et légumes, les chocolats, les cartes essence ou les repas apportés dans les hôpitaux durant deux mois, d’étonnantes attentions à destination des professionnels de santé perdurent. Il y a notamment eu ces dernières semaines le geste de Qatar Airways, qui a offert 100.000 packs de deux billets aller-retour (gratuits hors taxe d’aéroport).
De même, depuis fin mars, l’agence d’attractivité et de développement touristique (AADT) Béarn-Pays basque a lancé, par solidarité, l’opération #LeReposDesHeros avec 200 bons de 500 euros pour des séjours vacances dans le département réservés aux personnels soignants. Dans la station de Morzine (Haute-Savoie), une vingtaine d’hôtels (trois et quatre étoiles) se sont réunis le 15 avril pour lancer le projet Hôteliers au grand cœur. Ils proposent environ 120 séjours pour les familles du personnel de santé. A savoir sept nuitées et des repas inclus pour deux adultes et deux enfants, pour une valeur moyenne de 2.500 euros, du 15 juillet au 29 août.
« Ça nous gênait de ne pas participer du tout »
« Ça fait partie de notre participation à l’effort national à destination du personnel hospitalier, explique Jean-Marie Michaud, président de l’association des Hôteliers au grand cœur et propriétaire de l’hôtel Champs Fleuris. Comme nous étions trop loin d’un centre hospitalier pour nous montrer utiles pendant la période la plus difficile du coronavirus, ça nous gênait de ne pas participer du tout. On tient à inviter les soignants à se reposer chez nous. »
Les hôteliers de Morzine ouvrent leur offre « aux soignants » dans un sens large, demandant uniquement une copie de carte professionnelle. Depuis une semaine, une vingtaine de médecins, infirmiers, aides-soignants ou auxiliaires puéricultrices ont sauté sur cette belle occasion de séjour entièrement payé à la montagne.
« On ne s’attendait pas à ce que l’engouement pour les soignants dure ainsi »
« On fait appel à la bonne foi des gens, indique Jean-Marie Michaud. Il est délicat d’estimer qu’untel a plus droit à cette opération qu’un autre. » Auxiliaire puéricultrice à l’hôpital de Remiremont (Vosges), Adélia Claudel a vécu des semaines très délicates en pleine zone rouge. « On ne s’attendait pas à ce que cet énorme engouement pour les soignants dure ainsi, confie-t-elle. Ça a été dur pour le personnel de notre hôpital, deux de mes collègues se sont retrouvés dans un état grave à cause du Covid-19 et se dire qu’on va ainsi pouvoir souffler cet été en famille à la montagne, c’est vraiment un chouette cadeau. »
Un geste d’autant plus significatif que chacun des établissements hôteliers participant a perdu en moyenne 20 % de son habituel chiffre hivernal en raison du confinement dès le 15 mars. Finalement, les personnels soignants peuvent-ils même être gênés de se voir offrir de telles vacances avec leur famille ?
« La question de la déontologie peut se poser »
« On ne peut pas tout accepter en tant que médecin mais là, on est par exemple loin d’un conflit d’intérêts avec un laboratoire, indique Marine, médecin à Lyon. C’est touchant de constater que les gens se sont rendu compte comme jamais qu’il leur fallait prendre soin de leurs soignants. Mais nous attendons maintenant une prise de conscience du pouvoir politique. »
Un avis partagé par Yann, en poste dans un hôpital lyonnais : « Face à une telle offre, la question de la déontologie peut se poser, reconnaît-il. Mais je suis davantage gêné à l’idée de recevoir de l’Etat une médaille. Nous ne sommes pas des militaires, et à faire de nous des héros, je redoute que l’Etat compte éteindre toute possibilité de contestation de notre part dans les prochains mois. »
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