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La rue de Vesle, dans le centre commerçant de Reims (Marne), lors du premier week-end du déconfinement, le 16 mai. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Selon l’Insee, l’activité se contractera de 20 % au deuxième trimestre

Malgré la réouverture des commerces et le redémarrage des entreprises, la reprise économique reste encore bien fragile.

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Depuis le 11 mai, date du déconfinement, l’économie a redémarré de manière nette, mais encore prudente, selon le diagnostic livré par l’Insee dans son point de conjoncture publié mercredi 27 mai. Alors que l’activité, début mai, était aux deux tiers de la normale, elle se situe aujourd’hui aux quatre cinquièmes de son niveau d’avant la crise. Le déconfinement aura notamment permis aux ménages de retrouver le chemin des commerces et autres coiffeurs : la consommation a connu un net sursaut et se situe « seulement » en retrait de 6 % par rapport au niveau habituel. L’industrie a elle aussi récupéré la moitié de ce qu’elle avait perdu : l’activité se situe à – 38 % par rapport à la normale, au lieu de – 75 % pendant le confinement.

Il n’en reste pas moins que l’impact du confinement sur le PIB du deuxième trimestre reste extrêmement lourd. L’institut de statistiques estime que l’activité a reculé de 20 %, « la perte la plus élevée depuis que les statisticiens font des comptes nationaux », constate Julien Pouget, directeur des études économiques de l’Insee. Au premier trimestre, le PIB s’établissait en chute de 5,8 %. Dans ces conditions, l’Institut national de la statistique a fait le choix de ne pas faire de prévision sur l’ensemble de l’année. Mais, « même si l’activité économique revenait intégralement à son niveau d’avant-crise dès le mois de juillet, le PIB français diminuerait de 8 % sur l’année 2020, notent les statisticiens nationaux. Or un retour aussi rapide à la normale semble peu réaliste ».

Alors que de nombreux secteurs n’ont pas encore repris, comme le tourisme, la restauration ou les lieux culturels et de loisirs, les contraintes sanitaires pèsent sur le fonctionnement et la productivité des entreprises qui ont repris. De plus, il demeure toujours un certain nombre de personnes, jugées fragiles face au risque de contamination, qui ne sont pas encore retournées travailler.

Attentisme

Les données de Google Mobility indiquent que la fréquentation des lieux de travail était inférieure de 41,8 % dans la semaine du 11 au 16 mai par rapport à un niveau normal. Autre élément qui incite à la prudence, l’indicateur de confiance des ménages, également publié mercredi par l’Insee. L’opinion sur le niveau de vie futur en France se situe « à son plus bas niveau depuis que la série existe ». Les ménages sont de plus en plus nombreux à estimer que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois. Sur le plan personnel, les Francais jugent que, dans ces conditions, il est opportun d’épargner, ce qui ne laisse pas augurer d’une forte poussée de la consommation de nature à alimenter la relance dans les mois à venir. « Au vu de la situation, les ménages peuvent être tentés par l’attentisme », concède Julien Pouget.

Même attentisme dans les entreprises. Un nombre important d’entre elles, représentant un quart du total des salariés, disent ne pas connaître à ce jour leur rythme de reprise. Selon une analyse de l’institut Xerfi, « une entreprise sur deux estime revenir à ses pleines capacités de production dès septembre et 72 % d’ici à la fin de 2020 ». Il faudra attendre la moitié de l’année 2021 pour que neuf entreprises sur dix aient repris une activité normale.

Cette reprise lente et progressive recèle des risques pour les entreprises. « La crainte aujourd’hui est celui d’un effet de deuxième tour », souligne Mathieu Plane de l’OFCE. La diminution de la prise en charge du chômage partiel par l’Etat va alourdir le coût de la sous-activité, tandis qu’il faudra bien payer un jour les charges et les loyers reportés et rembourser les prêts garantis par l’Etat. De même, le coût des immobilisations du capital (machines, équipements, informatique…) qui n’est pas utilisé n’est pas anodin pour les sociétés. Dans ces conditions, le risque de faillites et de licenciements est important. Le calendrier de la relance est plus que jamais crucial.