CHSLD: une chaleur difficile à supporter en pleine pandémie

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Trois-Rivières — La première vague de chaleur qui balaie le Québec cette saison a commencé en force. À Trois-Rivières, le mercure atteignait les 32 degrés Celsius en après-midi. Avec l’humidité, les températures ressenties avoisinaient les 37 degrés. Confinés à leur chambre souvent non climatisée en raison de la pandémie de COVID-19, plusieurs résidents des CHSLD dont plusieurs ont contracté la COVID-19 doivent supporter cette chaleur.

«C’est une situation quand même difficile», mentionne d’emblée Pascal Bastarache, président du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers CSN Mauricie et Centre-du-Québec.

Lundi, le gouvernement de François Legault a annoncé son intention d’accélérer la climatisation des CHSLD, mais la tâche s’annonce particulièrement complexe. Seulement 25 % à 33 % des chambres sont climatisées dans ces établissements qui sont durement affectés par la pandémie.

«On est en attente d’avoir une réponse pour la climatisation. Il y a eu un mot d’ordre», soutient Pascal Bastarache en ajoutant que la disposition des climatiseurs devrait être revue.


« Il y a des pièces climatisées, mais en zone rouge les résidents doivent rester dans leur chambre. On espère qu’on va pouvoir remédier à la situation. »
— Pascal Bastarache


Contraints de travailler avec de l’équipement de protection supplémentaire, les travailleurs des CHSLD sont aussi confrontés à des difficultés engendrées par cette vague de chaleur sur fond de pandémie.

«Ils doivent porter en plus de leur uniforme, une couche supplémentaire avec une jaquette, un masque dans le visage, des lunettes ainsi qu’une visière. C’est vraiment, mais vraiment pas évident en période de canicule donner les soins», affirme le président du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers CSN Mauricie et Centre-du-Québec.

Agent d’information au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Guillaume Cliche avoue toutefois qu’il est impossible de procéder à la climatisation des résidences dès cette semaine. «Nous y travaillons déjà pour cet été, notamment avec l’aide de fournisseurs externes pour installer des climatiseurs temporaires», note-t-il. «Il y a quand même un certain nombre de nos installations qui sont climatisées.»

Par ailleurs, les familles des résidents peuvent fournir un climatiseur qui sera installé dans la chambre de leur proche. Il est toutefois préférable de vérifier avec les équipes techniques des centres pour s’assurer que les fenêtres permettent ces installations avant d’acheter un climatiseur.

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Le président du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers CSN Mauricie et Centre-du-Québec, Pascal Bastarache.
STÉPHANE LESSARD

Une enquête de la protectrice du citoyen «nécessaire»

Préoccupée par la multiplication des décès dans les CHSLD de la province, la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, a annoncé mardi qu’elle mènera une enquête sur ces milieux de vie, mais surtout sur les actions posées par le gouvernement et le réseau de la santé pour contenir la pandémie dans ces établissements de santé.

Alors que les trois CHSLD Cloutier-du Rivage, Laflèche et Mgr Paquin déplorent ensemble 50 % des 180 décès dans la région, le Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers CSN Mauricie et Centre-du-Québec demandait déjà la tenue d’une commission d’enquête sur la gestion de la crise par la direction du CIUSSS MCQ. L’annonce de l’enquête de la protectrice du citoyen est donc très bien accueillie.

«Ce que nous proposions, c’est pratiquement un copier-coller de ce que la protectrice du citoyen a annoncé», mentionne Pascal Bastarache.

«On voit que notre mouvement a fait bouger les choses. On accueille favorablement cette enquête. Et on est heureux que nos demandes répétitives aient été entendues.»

En effet, les syndicats qui représentent les travailleurs des CHSLD de la région dénoncent vivement le manque de personnel ainsi que les conditions de travail de leurs membres depuis des années. Devant la pandémie, ces réalités ont amplifié les risques de contamination dans les centres d’hébergement. Et le syndicat estime que la direction du CIUSSS MCQ n’a pas mis l’ensemble des outils nécessaires à la disposition des employés dès le début de la pandémie.

«Le CIUSSS MCQ va faire une introspection sur soi-même. Mais c’est important qu’une entité neutre analyse le tout», précise M. Bastarache.

Chaleur: mises en garde des autorités de santé

Le CIUSS MCQ avise la population que les «impacts sanitaires de la pandémie de COVID-19 pourraient être augmentés lors d’un épisode de chaleur extrême». Afin de limiter les impacts de cette chaleur sur notre état physique, il est recommandé de bien s’hydrater, de rester au frais, de réduire les efforts et de se protéger du soleil.

Il va de soi en période de chaleur accablante qu’il faut porter une attention particulière aux personnes vulnérables. «Prenez des nouvelles des personnes âgées, des personnes ayant des problèmes de santé physique ou mentale autour de vous et vérifiez fréquemment l’état de santé des tout-petits. Veillez à ce qu’ils puissent passer du temps dans un endroit frais ou climatisé et qu’ils s’hydratent convenablement», mentionne Guillaume Cliche, agent d’information du CIUSSS MCQ.

Le CIUSSS MCQ met aussi en garde contre l’utilisation de ventilateurs sur pied ou climatiseurs mobiles dans les lieux communs en période de pandémie, «car ils pourraient contribuer à propager le virus s’il y avait présence de personnes infectées, même si asymptomatiques».

«Cependant, étant donné la situation épidémiologique en Mauricie et au Centre-du-Québec et considérant qu’un ventilateur sur pied diminue l’inconfort lié à la chaleur, son utilisation pourrait être tolérée, en respectant les balises suivantes: le flux d’air provoqué par le ventilateur sur pied ne doit pas être dirigé vers le visage des occupants de la pièce et le système de rotation du ventilateur sur pied ne doit pas être en fonction», explique Guillaume Cliche.

De son côté, la Ville de Trois-Rivières rappelle que les consignes de la santé publique empêchent l’ouverture de plusieurs lieux publics climatisés «comme les bibliothèques municipales et les installations aquatiques comme les piscines publiques, les jeux d’eau et les abreuvoirs». «La Ville de Trois-Rivières communiquera de nouvelles informations lorsque la santé publique émettra ses recommandations», précise le service des communications de la Ville de Trois-Rivières.