«Cela fait longtemps que rien n'est entretenu» à l'hôpital Edouard Herriot
Certains soignants de l’hôpital Edouard Herriot, qui manifestaient mardi après-midi, ont dénoncé la vétusté des locaux « pas adaptés » pour recevoir des patients atteints du coronavirus
- L’hôpital Edouard Herriot de Lyon est le plus important de la région Auvergne-Rhône-Alpes mais aussi l’un des plus vieux.
- Les soignants qui y travaillent ont manifesté mardi matin afin de demander une revalorisation de leur statut.
- Mais ils ont aussi pointé la vétusté des lieux.
« Ça fait des années qu’on se bat et rien n’avance, on n’est pas reconnu ». Près de 150 soignants ont manifesté mardi devant l’hôpital Edouard Herriot de Lyon, le plus gros de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ici, comme partout ailleurs en France, la pandémie de coronavirus aura révélé les difficultés quotidiennes auxquelles ont été confronté le personnel. Le manque de masques et de charlottes au début de l’épidémie. La pénurie de blouses et de surblouses. La nécessité de devoir utiliser des sacs-poubelle pour se protéger des virus. « C’est simple, on a oublié toutes les consignes de protection sanitaire de base », résume Mohamed, brancardier. Mais à cela se sont ajoutées d’autres complications liées cette fois à la vétusté des lieux, pointent les soignants venus manifester. « Les locaux ne sont clairement pas adaptés, à l’exception du nouveau pavillon H (unité de 15.000 mètres carrés) », poursuit Mohammed.
Un hôpital centenaire
L’établissement, construit par l’architecte Tony Garnier dès 1913, a été achevé 20 ans plus tard. Le nouveau pavillon H, symbole de modernité inauguré en septembre 2018, est selon certains l’arbre qui cache la forêt. « Là-bas, on est clairement les mieux lotis. Ailleurs (dans les 19 autres pavillons de l’hôpital), c’est autre chose », sourit un brin fataliste Audrey, aide soignante, qui travaille ici depuis 25 ans. « Je les ai d’ailleurs toujours connus dans cet état », ajoute-t-elle.
Un état « vraiment… dégueulasse », juge Gaël, aide soignant et délégué CGT. « C’est une catastrophe. Cela fait longtemps que rien n’est entretenu. La peinture est écaillée. Les sous-sols n’ont jamais été refaits ». Conçus pour relier les pavillons entre eux et acheminer les repas, les médicaments ou le linge, les souterrains auraient aujourd’hui bien besoin d’être rénovés, à en croire les soignants. Et pas « seulement d’un coup de peinture », soulignent-ils.
Moissure, absence de ventilation et fenêtres condamnées
« Il y a de l’eau qui coule sur les murs, des flaques au sol. Et nous transportons les malades au milieu de tout ça. C’était également le cas pour les patients atteints de Covid-19, poursuit le jeune homme. En ce moment, il y a des rats et des cafards dans les souterrains et de la moisissure dans les chambres les plus anciennes ». Et d’enfoncer le clou : « C’est plus que vétuste, c’est une horreur ».
« Dans certaines chambres, on ne peut pas ouvrir les fenêtres alors que c’était préconiser d’aérer. L’air ne s’évacue pas et ne se renouvelle pas. Cela nous a posé plein de questions pendant la pandémie. On voyait le risque qu’il peut y avoir, à savoir que le virus se propage dans toutes les chambres, révèle Audrey, l’aide soignante. On nous a répondu qu’il n’y avait pas d’inquiétudes à avoir de ce côté mais je suis restée sceptique ».
« Qu’on nous donne les fonds au moins pour rénover tout ça », conclut Gaël. La première tranche du titanesque projet de modernisation de l’hôpital Edouard Herriot (dont la construction du pavillon H), engagé depuis 2013, a coûté 120 millions d’euros. La Ville de Lyon et le Grand Lyon ont déboursé chacun 20 millions d’euros, l’Etat 40 millions et les Hospices civils de Lyon, 40 millions.
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