Les nouveaux avocats de Tariq Ramadan connaissaient déjà certaines plaignantes
by valeursactuelles.comCertaines femmes, qui mettent en cause le théologien, accusent ses avocats de conflit d’intérêts.
Y’a-t-il conflit d’intérêts dans la nouvelle défense de Tariq Ramadan ? C’est en tout cas le point soulevé par deux plaignantes indique 20 Minutes, après qu’elles ont saisi le bâtonnier de Paris. Selon plusieurs sources proches du dossier, deux des nouveaux avocats du théologien auraient eu des contacts et échangé des informations avec les deux femmes au début de l’affaire. Ces deux victimes présumées, Henda Ayari qui a déposé plainte pour viol en 2017, et Mounia Rabbouj, dont la plainte a été déposée en 2018, dénoncent un « possible conflit d’intérêts ».
Henda Ayari conteste l’arrivée dans l’équipe de l’islamologue de l’avocat William Bourdon, qui avait échangé avec elle au début de l’affaire. Joint par téléphone, l’avocat affirme être dans son bon droit. « Aucun élément du fond du dossier n’a été évoqué. Sa préoccupation essentielle étant liée à la campagne de diffamation dont elle estimait être victime et à un nouveau contrat d’édition », explique-t-il. Il indique par ailleurs que la rencontre avec Henda Ayari avait eu lieu à la demande de la jeune femme et qu’elle n’avait « jamais été sa cliente ». « Ma décision de défendre Tariq Ramadan a été prise en conscience dans le respect du règlement intérieur qui n’interdit pas, après une prise de contact non suivie d’effets, de défendre l’autre partie », ajoute-t-il en précisant que la jeune femme n’avait « confié aucune information personnelle sur son dossier susceptible de créer un avantage indu ou un déséquilibre ».
Conflit d’intérêts ou moral
L’autre cas est un peu plus épineux, puisque Mounia Rabbouj dénonce de son côté la nomination de Me Ouadie Elhamamouchi, un avocat avec qui elle avait échangé par messages en novembre 2018, rappelle 20 Minutes. Il lui avait alors demandé de le nommer comme son avocat et l’avait relancé à plusieurs reprises après son refus, indique-t-elle.
La commission de déontologie du barreau devrait se prononcer sur ces deux cas soulevés par les jeunes femmes. Pour le moment, l’avocat de Mounia Rabbouj entend laisser les instances agir mais reste persuadé qu’il y a conflit d’intérêts, du moins « un conflit moral majeur ». De son côté, Me Elhamamouchi dit avoir « strictement respecté la déontologie » et se sent « serein ». Il entend porter une action en diffamation.