Trump s'en prend à Twitter qui a signalé pour la première fois deux de ses tweets comme possibles "fake news"
by La rédaction avec AFPDonald Trump a accusé mardi Twitter d'interférer dans la présidentielle américaine. Twitter a en effet signalé pour la première fois deux de ses tweets comme trompeurs, une menace pour la liberté d'expression selon lui. Le président américain menace même de "fermer" les réseaux sociaux.
Donald Trump n'est plus intouchable sur Twitter, lui qui utilise depuis plusieurs années le réseau social pour attaquer ses adversaires ou diffuser des informations souvent partiales ou même erronées. Pour la première fois, Twitter a signalé deux tweets de Donald Trump comme trompeurs et pouvant être potentiellement des "fake news". Le président américain a bien entendu violemment répondu, accusant Twitter d'"interférer" dans la présidentielle américaine de novembre prochain.
Le réseau social, souvent accusé de laxisme dans son traitement des propos tenus par des dirigeants, a ajouté mardi une mention "vérifiez les faits" ("Get the facts") à deux tweets du milliardaire républicain qui affirmait que le vote par correspondance était nécessairement "frauduleux". Twitter propose ainsi à ses utilisateurs de vérifier les propos de Trump en les redirigeant vers une sélection d’articles.
....living in the state, no matter who they are or how they got there, will get one. That will be followed up with professionals telling all of these people, many of whom have never even thought of voting before, how, and for whom, to vote. This will be a Rigged Election. No way!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
"Twitter interfère avec l'élection présidentielle de 2020. Ils disent que ma déclaration sur le vote postal est incorrecte, en se basant sur des vérifications des faits par Fake News CNN et le Amazon Washington Post" a réagi le président, qui est suivi par 80 millions de personnes sur son réseau social de prédilection. "Twitter étouffe la LIBERTE D'EXPRESSION", a-t-il ajouté. Quelques heures plus tard, à son réveil, Donald Trump a même menacé de "fermer" les réseaux sociaux.
.@Twitter is now interfering in the 2020 Presidential Election. They are saying my statement on Mail-In Ballots, which will lead to massive corruption and fraud, is incorrect, based on fact-checking by Fake News CNN and the Amazon Washington Post....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
Republicans feel that Social Media Platforms totally silence conservatives voices. We will strongly regulate, or close them down, before we can ever allow this to happen. We saw what they attempted to do, and failed, in 2016. We can’t let a more sophisticated version of that....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 27, 2020
"Ces tweets contiennent des informations potentiellement trompeuses sur le processus de vote et ont été signalés pour fournir du contexte additionnel sur le vote par correspondance", a justifié un porte-parole de la plateforme. Mais Twitter n'a pas agi contre d'autres messages au vitriol de Donald Trump publiés mardi matin, dans lesquels il relaie une théorie du complot infamante.
Le président s'attaque régulièrement au présentateur de la chaîne câblée MSNBC Joe Scarborough, ancien homme politique qui fut son ami avant de le critiquer ouvertement à l'antenne. Plusieurs sites et blogs ont entretenu l'idée selon laquelle Joe Scarborough, alors élu républicain, aurait assassiné son assistante parlementaire Lori Klausutis en 2011, sans aucun élément tangible à l'appui.
A lot of interest in this story about Psycho Joe Scarborough. So a young marathon runner just happened to faint in his office, hit her head on his desk, & die? I would think there is a lot more to this story than that? An affair? What about the so-called investigator? Read story! https://t.co/CjBXBXxoNS
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 24, 2020
Le veuf de cette femme a fini par écrire au patron de Twitter, Jack Dorsey. "S’il vous plaît, effacez ces tweets", a demandé Timothy Klausutis, dans cette lettre relayée par plusieurs médias américains mardi. "Ma femme mérite mieux que ça."
"Je vous demande d'intervenir parce que le président des Etats-Unis s'est approprié quelque chose qui ne lui appartient pas: la mémoire de mon épouse disparue, et l'a pervertie par calcul politique", a-t-il poursuivi.
Mardi, Jack Dorsey n'avait pas réagi publiquement à cette demande et les tweets incriminés n'avaient pas été supprimés.
Il y a deux semaines, Twitter a renforcé ses règles pour lutter contre la désinformation sur la pandémie. C'est la première fois que ces règles sont appliquées au président américain.
"Il n'y a PAS MOYEN (ZERO !) que le vote par correspondance soit autre chose que substantiellement frauduleux" avait tweeté le président américain mardi, avant de s'en prendre au gouverneur de la Californie, qu'il accuse de distribuer des bulletins à tous les habitants et de leur dire "pour qui voter".
"C'est un début"
Pour rétablir la vérité, sous ces deux tweets s'affiche désormais la mention "Obtenez les faits sur le vote par correspondance", qui renvoie à un résumé des faits et à des articles publiés dans la presse américaine. "C'est un début, j'imagine... Merci de supprimer ces tweets", a réagi sur Twitter Mika Brzezinski, une journaliste qui co-présente une émission avec Joe Scarborough.
Les réseaux sociaux se voient régulièrement reprocher d'appliquer des politiques à deux poids deux mesures dans leur lutte contre la désinformation. Facebook, notamment, a pris la décision controversée de ne pas soumettre au "fact-checking" par des tiers (vérification des faits) les propos tenus par des personnalités politiques.
Twitter, de son côté, a réglé une partie du problème en interdisant les publicités à caractère politique. Mais cela n'empêche pas Donald Trump de continuer à relayer régulièrement des théories complotistes, même s'il a été établi qu'elles étaient fausses, partiellement ou totalement.
En fonction du potentiel de danger des messages et du degré de doute, les modérateurs de Twitter peuvent répondre avec des mises en garde ou des avertissements, voire aller jusqu'au retrait dans le pire des cas (information trompeuse et dangereuse).
La désinformation est considérée comme particulièrement cruciale par Facebook et les autres plateformes depuis les tentatives de manipulation de l'élection présidentielle américaine et du référendum sur le Brexit, en 2016.