Comment les Girondins s’invitent dans la campagne électorale à Bordeaux ?
Les candidats montent au créneau à tour de rôle alors que le club traverse une grave crise institutionnelle
- La situation des Girondins de Bordeaux inquiète les candidats à la mairie et chacun à son avis sur la question.
- Nicolas Florian, le maire sortant, joue gros sur le sujet et il peut compter sur son concurrent écologiste Pierre Hurmic pour lui mettre la pression.
- Pour l’instant, la mairie n’a pas eu de retour sur sa demande de rendez-vous avec King Street, le propriétaire du club.
A quand Philippe Poutou capo du Virage Sud au Matmut Atlantique ? En tout cas, le candidat de « Bordeaux en luttes » ne dénoterait pas puisqu’il maîtrise déjà le chant favori des Ultramarines de ces derniers mois : « Longuépée démission, Thiodet aussi » Comme le plus grand groupe de supporteurs bordelais, celui qui s’est qualifié pour le second tour des élections municipales avec 11.77 % des voix réclame depuis la semaine dernière le départ du PDG des Girondins et de son directeur « stratégie commerciale stade et réseaux » ainsi que « la reprise en main (du club) par la mairie. » Surprenant ? Pas tant que cela.
Cette prise de parole sur le club au scapulaire vient en effet après celles de deux autres candidats pour le Palais Rohan. Les deux favoris : le maire sortant Nicolas Florian et son concurrent écologiste Pierre Hurmic.La situation assez calamiteuse dans laquelle se retrouvent les Marine et Blanc a fini par pousser les politiques locaux à monter au créneau car comme le rappelle le successeur d’Alain Juppé, « dans Girondins de Bordeaux, il y a Bordeaux et aujourd’hui c’est l’image de la ville qui est dégradée ». La question de l’avenir du club est en train de se faire une petite place dans le débat politique en vue du second tour des élections municipales le 28 juin mais aussi des prochains mois.
Un maire sous pression
Sur le sujet, Nicolas Florian se retrouve en première ligne. Il pourrait même jouer gros si la situation devait encore se détériorer au château du Haillan. Pourquoi ? Tout simplement parce que le maire sortant n’était autre que l’adjoint aux finances de la ville au moment où le club a été racheté par les fonds d’investissement américains, King Street et GACP. C’est lui, entre autres, qui a validé la vente des Girondins auprès d’Alain Juppé après moult rebondissements en 2018. Si cela venait donc à très mal se passer pour le club dans les prochaines semaines, ses adversaires ne manqueront pas de lui rafraîchir la mémoire en pleine campagne électorale. Pierre Hurmic a déjà commencé à le faire en rappelant que lui, à l’époque lors d’un conseil métropolitain exceptionnel, avait voté contre le principe de ce rachat aujourd’hui si décrié.
L’édile bordelais suit donc de près le dossier et occupe le terrain médiatique même si la mairie n’a au final aucun vrai pouvoir sur le club. Dès le mois de décembre dernier, pour montrer son implication, il a reçu dans son bureau une délégation des Ultramarines en conflit avec la direction du club puis Frédéric Longuépée et un représentant de King Street, Daniel Ehrmann. Il voulait se poser en médiateur. C’est un échec au vu de la situation actuelle et il le reconnaît. Alors après les différentes affaires qui ont secoué récemment les Girondins de Bordeaux, Nicolas Florian en a remis une couche la semaine dernière sous la pression du candidat écologiste.
Occuper le terrain en attendant les actes
Le maire sortant demande désormais des comptes au fonds d’investissement américain et souhaite voir au plus vite ses dirigeants et non plus le PDG du club. « Il désavoue clairement Frédéric Longuépée. Va-t-il réclamer à King Street sa démission ? », s’interroge même le candidat d’Europe-Ecologie Les Verts qui n’en perd pas une miette. Pierre Hurmic a d’ailleurs demandé officiellement à Nicolas Florian « de se joindre à lui pour cette réunion afin de donner davantage de poids à ce rendez-vous destiné à restaurer l’image des Girondins et de la ville. » Pour l’instant, il n’a reçu aucune réponse. Comme la mairie de la part de King Street, selon les informations de 20 Minutes.
En attendant, les deux hommes ne sont pas à une surenchère près. L’un compte demander des engagements écrits au propriétaire du club selon ses dires dans L’Equipe alors que l’autre réclame désormais le départ de Frédéric Longuépée.
Si les Ultramarines se félicitent « des soutiens qui affluent et que la classe politique dans sa globalité a compris le sens et l’importance de leur combat », un homme d’affaires français rappellent que « les investisseurs de ce type détestent l’interférence politique et qu’ils peuvent faire leurs valises du jour au lendemain ». Et là pour le coup, le club se retrouverait dans une situation économique très critique notamment vis-à-vis de la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion).
L’avenir du Matmut Atlantique aussi en jeu
Derrière ces prises de position sur la gestion des Girondins, il y a aussi un autre enjeu : l’avenir du Matmut Atlantique, le stade résidant du club. Une question sur laquelle les deux favoris aux municipales à Bordeaux ne sont pas non plus d'accord. Alors que le club veut récupérer la gestion de l’enceinte à la charge de SBA (Société Bordeaux Atlantique) aujourd’hui, Nicolas Florian ne compte pas casser le PPP (partenariat public-privé) au contraire de Pierre Hurmic. La tête de liste de « Bordeaux respire » a affirmé au cours de sa campagne électorale qu’il souhaitait « se débarrasser d’un stade qui coûte une fortune » et le vendre même si ça semble impossible aujourd'hui.
En cas de victoire écologiste le 28 juin prochain, cela changerait donc beaucoup de choses pour le club. Mais d’ici là, les candidats à la mairie vont déjà continuer à garder un œil sur la situation des Girondins car l’actualité y est souvent brûlante ces dernières semaines et surtout c’est leur devoir de faire attention au patrimoine de la ville.
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