Elections municipales 2020 : l'article à lire pour reprendre le fil de la campagne, interrompue par le coronavirus

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Le second tour se tiendra finalement le 28 juin, plus de trois mois après la date prévue.

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Une passante devant des panneaux électoraux à Paris, le 15 mars 2020. (LAURENCE KOURCIA / HANS LUCAS / AFP)

"Ce ne sera pas un second tour comme avant", a prévenu Edouard Philippe.  Stoppée net par l'épidémie de coronavirus, la désignation des quelque 500 000 conseillers municipaux et 35 000 maires de France devrait trouver son épilogue le dimanche 28 juin, dans des conditions très inhabituelles. Trois mois et demi se seront écoulés depuis le premier tour, organisé le 15 mars dans un contexte inédit et  marqué par une abstention record pour ce type de scrutin. Résultats, calendrier, campagne… Voici tout ce qu'il faut savoir avant ce second tour des élections municipales.

Pourquoi le scrutin se tiendra-t-il le 28 juin ?

Jusqu'au dernier moment, la tenue du premier tour, le dimanche 15 mars, a été incertaine. L'exécutif a finalement décidé de maintenir cette date malgré la vague épidémique, suscitant après coup de nombreuses critiques en irresponsabilité. Au lendemain du scrutin, Emmanuel Macron avait en revanche annoncé, dans une adresse à la nation, le report du second tour, qui devait se tenir une semaine plus tard, le 22 mars.

Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait avancé une échéance pour la tenue du second tour, "au plus tard au mois de juin". Le gouvernement avait alors annoncé que la date exacte serait décidée selon l'avis du conseil scientifique. Ce rapport, rendu public le 19 mai, ne suggère aucune date au gouvernement, jugeant "difficile d'anticiper une situation incertaine pour les semaines à venir".

Après avoir consulté les élus locaux et les partis politiques, le gouvernement a toutefois décidé de fixer la date au 28 juin. Comme l'a jugé nécessaire le conseil scientifique, une nouvelle évaluation sera dévoilée 15 jours avant cette date pour confirmer si le scrutin peut bien avoir lieu.

Les résultats du premier tour sont-ils validés ?

Comme l'a précisé Christophe Castaner dès le 16 mars, les résultats du premier tour des élections municipales ont été "sanctuarisés". "Les élections qui ont été conclues à l'issue du premier tour sont acquises", avait expliqué le ministre de l'Intérieur. Dans ces communes, les conseillers municipaux sont entrés en fonctions le 15 mai, et les séances d'installation des conseils municipaux, lors desquelles les maires sont formellement élus, s'échelonnent du 23 au 28 mai.

Dans les autres communes, où l'élection ne s'était pas jouée dès le premier tour, la question s'est posée de savoir si le second tour pouvait se tenir plusieurs semaines après le premier, ou bien s'il fallait rejouer les deux tours. Compte-tenu des circonstances exceptionnelles, le Conseil d'Etat a jugé qu'un délai de trois mois entre les deux tours était "raisonnable". Les résultats du premier tour restent donc bien pris en compte pour l'organisation du second. Un report du scrutin à l'automne, ou plus tard, aurait en revanche obligé à organiser de nouveau les deux tours.

Dans quelles villes ce second tour aura-t-il lieu ?

Sur les 35 065 communes (ou secteurs, à Paris, Lyon et Marseille) en jeu, le premier tour a permis le renouvellement intégral du conseil municipal dans 30 168 (soit 86%) d'entre elles. Le second tour ne concerne donc que les 4 897 communes (ou secteurs) restantes, représentant environ 16 millions d'inscrits, soit 35% du corps électoral.

Parmi ces 4 897 seconds tours qui se tiendront le 28 juin, la plupart (3 455) concernent de petites communes dans lesquelles seuls quelques membres du conseil municipal restent à élire. Seuls 1 442 de ces seconds tours concernent des communes (ou secteurs) de 1 000 habitants et plus, dans lesquelles la totalité du conseil municipal doit être désigné.

Quelles sont les listes qualifiées ?

Dans les communes de moins de 1 000 habitants. L'élection se déroule selon un mode de scrutin majoritaire. Les candidats non élus au premier tour sont automatiquement candidats pour le second tour. Ceux qui obtiennent le plus de voix sont élus et remportent donc les sièges restant à pourvoir.

Dans les communes de plus de 1 000 habitants. Le scrutin de liste avec prime majoritaire s'applique. Les listes qualifiées sont celles ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés au premier tour. Dans l'entre-deux-tours, des alliances peuvent se nouer et aboutir à une fusion entre les listes qui le souhaitent. Les candidats des listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages sont autorisés à fusionner avec des listes qualifiées. En dessous de la barre des 5%, les listes sont définitivement éliminées, et leurs candidats avec. Les listes souhaitant se présenter pour le second tour doivent déposer leur candidature avant le 2 juin à 18 heures.

Quels sont les enjeux de ce second tour ?

Les résultats des quelque 1 500 communes les plus importantes permettront de confirmer ou non les tendances relevées au premier tour, marqué par les performances catastrophiques de La République en marche, le maintien des Républicains et la poussée d'Europe Ecologie-Les Verts. EELV semble en effet en mesure de conserver facilement Grenoble, conquise en 2014, et pourrait frapper un grand coup en s'emparant de Besançon, Lyon, Bordeaux ou encore Strasbourg.

Dans les trois plus grandes villes de France, le suspense reste de mise. A Paris, au vu des résultats du premier tour, la maire socialiste Anne Hidalgo part favorite, mais n'est pas à l'abri d'une déconvenue si ses principales rivales – Rachida Dati (LR) et Agnès Buzyn (LREM) – parviennent à s'entendre pour la battre. A Lyon (dans la ville comme dans la métropole), Gérard Collomb aura bien du mal à se relever de la gifle reçue après trois mandats successifs. A Marseille enfin, les jeux s'annoncent serrés entre l'ex-écologiste Michèle Rubirola, à la tête d'une alliance de la gauche, et Martine Vassal, l'héritière désignée de Jean-Claude Gaudin.

Au Havre, la réélection ou non du Premier ministre Edouard Philippe, arrivé en tête le 15 mars mais sous la menace de son rival communiste, pourrait sceller son avenir national. Pendant la crise du coronavirus, des rumeurs persistantes de changement de Premier ministre ont circulé, sur fond de tensions supposées avec le chef de l'Etat.

Comment va se dérouler la campagne ?

Habituellement, la campagne du second tour est très courte, car seulement cinq jours séparent le dépôt des listes du jour du scrutin. Le report de l'élection dû à la crise sanitaire va exceptionnellement allonger cette campagne, qui s'étalera du 2 au 28 juin. Cette période inhabituellement longue est censée permettre aux candidats de mieux prendre en compte les règles sanitaires dans leurs différentes démarches (validation des documents, impression, acheminement et distribution des tracts, affiches et bulletins, etc.)

Dans son avis du 18 mai, le conseil scientifique a prévenu que les rassemblements et les événements de campagne classiques devront être limités afin de garantir une distanciation physique. Les scientifiques soulignent ainsi "les risques majeurs liés aux meetings électoraux (...) et aux rencontres ou rassemblements physiques" comme la distribution de tracts, le porte à porte ou les réunions publiques.... "D'autres modalités de campagne, certes limitées mais égales pour tous les candidats, peuvent être envisagées, notamment à travers l'usage du numérique", écrit le conseil scientifique, qui recommande par ailleurs "le port du masque et d'une visière pour toutes les personnes participant à des opérations de campagne".

Le gouvernement doit prochainement établir les règles qui devront être respectées par les candidats, mais le ministre de l'Intérieur a dévoilé quelques pistes dans une récente interview au Parisien. S'agissant des réunions publiques, "on peut imaginer que ce sera possible" si "les associations d'élus et les partis politiques le jugent indispensable et s'engagent à respecter une organisation stricte pour respecter les mesures de distanciation physique", affirme Christophe Castaner. Concernant les tracts, le ministre explique ne pas vouloir "interdire tout support de communication".

L'allongement de la durée de la campagne pourrait en outre générer des coûts supplémentaires pour les candidats (par exemple la location prolongée d'un local). Christophe Castaner a donc annoncé que les plafonds de dépenses seraient augmentés de 20%.

Quelles seront les mesures pour aller voter ?

Evidemment, les règles sanitaires devront être strictement respectées dans les bureaux de vote. Le port du masque sera ainsi obligatoire, tant pour les électeurs que pour les membres du bureau de vote, ainsi que pour les scrutateurs qui participent au dépouillement. Dans Le Parisien, Christophe Castaner s'est engagé "aux côtés des communes" pour que "chaque électeur qui n'en ait pas puisse être équipé dans chaque bureau de vote". Par ailleurs, les électeurs devront "pouvoir disposer de gel hydroalcoolique ou d'un accès à un point d'eau pour se laver les mains".

Si rien n'est encore tranché, le ministre de l'Intérieur s'est dit ouvert à élargir les horaires d'ouverture des bureaux de vote afin d'éviter une trop forte affluence. Christophe Castaner a également évoqué la possibilité de créer d'autres bureaux de vote afin d'en diminuer leur taille "si les maires le souhaitent".

Sera-t-il possible de voter à distance ?

Après l'avoir dans un premier temps exclu, Christophe Castaner s'est dit prêt à étudier la possibilité d'autoriser le vote par correspondance lors de ce second tour. "Nous ne devons rien exclure sur ce sujet", a déclaré le ministre de l'Intérieur devant l'Assemblée nationale, mardi 26 mai. Le vote par courrier avait été abandonné en 1975 en raison des fraudes électorales qu'il permettait. Mais ces derniers jours, plusieurs élus ont demandé son rétablissement : le patron du MoDem François Bayrou, candidat à sa réélection à Pau, Rachida Dati ou encore le maire de Nancy Laurent Hénart.

Par ailleurs, les autorités pourraient faciliter le recours aux procurations, qui permettent de confier son vote à un proche, sans se déplacer aux urnes. Chaque mandataire pourrait par exemple avoir le droit de détenir jusqu'à deux procurations (contre une seule en temps normal) et les procédures pour établir ces procurations pourraient être assouplies.

J'ai eu la flemme de tout lire, vous me faites un résumé ?

Le second tour des élections municipales, initialement prévu le 22 mars mais reporté en raison de la crise du coronavirus, doit se tenir le 28 juin, sauf dégradation de la situation sanitaire d'ici là. Ce second tour ne concerne que 14% des communes (les autres ont été entièrement pourvues dès le premier tour), mais environ 35% du corps électoral. Ce scrutin revêt en outre un intérêt politique important, puisqu'il permettra de confirmer ou non les tendances observées au premier tour et scellera le sort des plus grandes villes dont Paris, Lyon et Marseille, ou encore Le Havre, fief du Premier ministre Edouard Philippe. Cette campagne inédite, inhabituellement longue en raison de la crise sanitaire, devra se faire dans le respect des règles de distanciation physique. Le gouvernement a prévu plusieurs aménagements pour limiter au maximum les risques d'exposition au virus pendant la campagne et le jour du vote.

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