Assurance vie : pourquoi les contrats en perte valent de l'or !
Votre assurance vie multisupport est dans le rouge après la chute de la Bourse ? Pas de panique ! Vous ne le savez peut être pas, mais vous pouvez utiliser votre contrat en perte pour payer moins d’impôts et de prélèvements sociaux sur vos placements, en toute légalité. Voici comment opérer.
by Christian FontaineSi votre contrat d’assurance vie multisupport est dans le rouge à cause de la chute de la Bourse, vous n’avez sans doute qu’une seule envie : le clôturer et investir vos économies sur un placement moins risqué et plus rentable.
Surtout, n’en faites rien. Vous ne le savez sans doute pas mais, sur le plan fiscal, votre contrat d’assurance vie en perte vaut de l’or ! Non seulement, vous devez le conserver précieusement, mais en plus vous devez l’alimenter par de nouveaux versements. «Un comportement contre-intuitif, mais qui permet de réduire l’impôt et les prélèvements sociaux sur les gains à venir», explique Olivier Rozenfeld, président de Fidroit, société de formation et de conseil en gestion de patrimoine.
Un cas concret
Pour comprendre, prenons le cas d’un épargnant qui a placé 50.000 euros en assurance vie à la fin 2019. Confiant dans le potentiel des actions après une année exceptionnelle en Bourse, il a investi la totalité de la somme dans des unités de compte (UC), nom des fonds d’investissement en assurance vie, qui répliquent peu ou prou la performance des marchés financiers.
Aujourd’hui, après la correction des marchés, son contrat n’affiche plus que 40.000 euros au compteur. Il dispose, par ailleurs, de 10.000 euros de liquidités (5.000 euros mis de côté pendant le confinement, 5.000 euros de primes d’intéressement et de participation versées par son employeur en mai 2020) qu’il souhaite placer en assurance vie.
Eviter l'impôt
Première option, la plus courante : il clôture son assurance vie en perte et investit ses 50.000 euros (40.000 euros + 10 000 euros) dans un nouveau multisupport. Si la valeur des unités de compte bondit de 20%, son capital grimpera à 60.000 euros. Mais, en cas de retrait (rachat dans le jargon des assureurs), il paiera la flat tax ou PFU (prélèvement forfaitaire unique) de 30% sur ses 10.000 euros de gain.
Il ne touchera donc pas 60.000 euros mais «que» 57.000 euros. Et 3.000 euros tomberont dans la poche de l’administration fiscale et des organismes sociaux. Une ponction à laquelle il est possible d’échapper en toute légalité.
Comment ?
En optant pour la seconde stratégie. Au lieu de clôturer son contrat d’assurance vie multisupport en perte, il le conserve et y investit ses 10.000 de liquidités. Après le nouveau versement, le capital en compte atteint 50.000 euros (40.000 euros + 10.000 euros). Si les UC boursières flambent de 20%, le stock d’épargne grimpera à 60.000 euros, comme dans l’option un.
La différence : en cas de retrait en 2020 ou après, l’épargnant ne paiera pas un centime d’impôt ni de prélèvements sociaux. L’explication est simple : sur le plan fiscal, le contrat est juste à l’équilibre puisque sa valeur (60.000 euros) est égale au total des versements (50.000 euros + 10.000 euros dans un second temps), il n’y a donc pas lieu de le taxer.
Dans le cadre de notre exemple, la seconde option permet à l’épargnant de gagner quelque 3.000 euros de pouvoir d’achat sans franchir la ligne jaune, sans tour de passe-passe, simplement en utilisant tout le potentiel fiscal d’un contrat multisupport en perte. Cette seconde option est d’autant plus intéressante qu’elle permet de conserver l’antériorité fiscale du contrat et donc d’atteindre plus vite le délai des huit ans qui permet de bénéficier d’une franchise annuelle d’impôt de 4.600 euros (célibataires) ou 9.200 euros (couples mariés ou pacsés) sur les gains.
Avec l’option un, l’épargnant qui clôture son contrat perd tout le bénéfice de l’antériorité fiscale de celui-ci. Ce qui serait préjudiciable si les pertes subies sur le contrat venaient à se résorber.
La taxation des gains en assurance vie est complexe. Avant toute opération (clôture, versement, arbitrage, rachat), destinée à optimiser impôts 2020 et prélèvements sociaux, consultez votre conseiller en placements.