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Le Belge, Thomas De Gendt réalise un numéro au Stelvio et termine 3ème du Giro 2012
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Rétro : Thomas De Gendt, héroïque au Stelvio et troisième du Giro 2012

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"C’est surréaliste. Il y a 3 jours, je me battais pour un éventuel top 10. Et maintenant, je me retrouve sur le podium. C’est très étrange pour moi parce que c’est seulement mon 2ème grand tour. C’est un week-end incroyable. Je suis très content."

Il doit se pincer pour y croire. Thomas De Gendt termine 3ème du Tour d’Italie. Nous sommes le 27 mai 2012. Le coureur de la formation Vacansoleil vient de signer un exploit monumental. Une performance historique pour la Belgique. A 25 ans, Thomas De Gendt devient le premier Belge à monter sur le podium d’un grand tour depuis 1995 et la 3ème place de Johan Bruyneel à la Vuelta. Un podium conquis à l’issue du dernier week-end de course exceptionnel.

6 heures 54 minutes et 41 secondes

Passo Dello Stelvio, 2757m d’altitude, un col mythique du Tour d’Italie. Le 26 mai 2012, le sommet est enneigé. C’est le lieu d’arrivée de la 20ème étape. Une étape longue de 219 km. Les coureurs partent ce jour-là de Caldes/Val di Sole. 5 ascensions au programme : le Passo Del Tonale, l’Aprica, le Teglio, mais aussi le redoutable Mortirolo et la montée finale du Stelvio.

Au départ de l’étape, Thomas De Gendt pointe à la 8ème place du classement général. Le Belge est à 5’40’’ du leader espagnol, Joaquim Rodriguez. La course est lancée par 14 coureurs. Une échappée dans laquelle on retrouve notamment Roman Kreuziger, Christian Vande Velde, Oliver Zaugg et Matteo Carrara, un équipier de Thomas De Gendt.

Le Belge a d’excellentes sensations dans cette 3ème semaine du Giro. Les jambes tournent bien. A tel point qu’il décide d’attaquer à 60km de l’arrivée. Le Flandrien sort du groupe maillot rose dans les pourcentages les plus élevés du Mortirolo. Bel effort de Thomas De Gendt qui rejoint son équipier, Matteo Carrara. Une jolie manœuvre tactique. Le Belge profite du soutien de l’Italien dans les derniers mètres de l’ascension et revient sur la tête de la course dans la descente.

Le peloton des favoris est à plus de 5 minutes. Rodriguez, Hesjedal, Scarponi et Basso tentent de combler l’écart avant l’ultime difficulté, la terrible ascension du Stelvio. 22 km 400 jusqu’au sommet. C’est la Cima Coppi, le toit du Tour d’Italie 2012. Plus que 3 hommes en tête : Damiano Cunego, Mikel Nieve et… Thomas De Gendt.

Le Stelvio n’a plus de secret pour moi

Le coureur de Semmerzake emmène le trio. Il imprime son propre tempo et… à 13km de l’arrivée, Thomas De Gendt place son attaque décisive. Nieve et Cunego restent collés au bitume. Le dossard 212 part en solo et file vers une victoire prestigieuse au sommet du Stelvio. Une ascension qu’il connait par cœur.

"Le Stelvio n’a plus de secret pour moi" déclare-t-il à l’époque. "Je viens m’entraîner ici depuis 6 ans. J’ai grimpé ce col entre 20 et 30 fois. Je me suis senti poussé des ailes, mais je dois aussi avouer que dans les 10 derniers km, j’ai commencé à souffrir. C’est un sentiment formidable de pouvoir gagner sur son terrain d’entraînement en montagne."

Au sommet, Thomas De Gendt franchit la ligne le poing serré. Une arrivée en solitaire. Près de 7h de course ! 60 km d’échappée. Un succès pour l’histoire. Le Flandrien s’offre l’étape reine du Tour d’Italie. L’un des plus beaux exploits d’un Belge dans une étape de haute montagne dans un grand tour !

Je me souviens encore de la douleur ressentie dans le Stelvio

"J'avais de très bonnes sensations ce jour-là jusqu'aux 3 derniers kilomètres" s’est souvenu Thomas De Gendt lors d’une interview avec nos confrères de Sporza. "À ce moment-là, on est passé au-delà de 2500 mètres d’altitude. Le corps est en souffrance. Il ne pompe plus suffisamment d'oxygène vers les muscles. Je me souviens encore de la douleur des 3 derniers kilomètres. Je ressens encore souvent cette douleur."

A 25 ans, le Belge remporte la 6ème victoire de sa carrière. Un succès "à la De Gendt". Dans son style caractéristique. Un tempérament offensif. Une manière de courir qui deviendra sa marque de fabrique. L’homme gagne peu, mais gagne bien ! Ce jour-là, Thomas De Gendt grimpe surtout à la 4ème place du classement général. Le rêve du podium est permis. Il pointe à 27 petites secondes du regretté Michele Scarponi avant le chrono final. 28 kilomètres entièrement plats dans les rues de Milan. Un tracé qui convient parfaitement aux qualités de rouleur de notre compatriote.

Vainqueur au Stelvio et 5ème du chrono

Le jeune De Gendt manque encore d’expérience et de repères sur des épreuves de 3 semaines. Il n’a qu’un grand tour dans les pattes. L’année précédente, il s’est classé 63ème du Tour de France. Un Tour durant lequel il s’est révélé en fin de course. 6ème de la 19ème étape à l’Alpe d’Huez et 4ème du CLM de Grenoble le lendemain, le Belge se découvre d’excellentes capacités de récupération.

Un an plus tard, sur le Giro, le coureur de l’équipe Vacansoleil fait mieux encore. Après son triomphe au Stelvio, place au chrono à Milan. De Gendt prend le départ de la 21ème et dernière étape avec… le podium en tête. Il lorgne sur la 3ème place du tenant du titre, Michele Scarponi. Le Belge est bien meilleur rouleur que lui. Et le verdict tombe sur la Piazza del Duomo à l’issue du contre-la-montre de 28km. Thomas De Gendt termine 5ème de ce chrono remporté par Marco Pinotti et chipe la 3ème place à Scarponi. La victoire finale revient Ryder Hesjedal. Le Canadien s’impose pour une différence de 16 petites secondes sur le malheureux Joaquim Rodriguez. Un podium complété par Thomas De Gendt, premier Belge à monter sur le podium du Giro depuis la victoire de Johan De Muynck en 1978.

"Ma victoire d'étape au Stelvio et ma 3ème place dans ce Giro m'ont mis sur la carte du cyclisme" a confié le coureur belge à Sporza. Cette performance a donné une nouvelle dimension à sa carrière. Thomas De Gendt est devenu un chasseur d’étape. Un vainqueur d’étape dans les 3 grands tours. Le classement général ne l’intéresse pas. Le coureur belge s’est spécialisé dans les échappées au long cours. Ses succès sur le Tour au Mont Ventoux en 2016 et à Saint-Etienne en 2019 sont des modèles du genre. Des chevauchées fantastiques signées Thomas De Gendt. Un Flandrien qui n’aime pas frotter. Un électron libre qui n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il prend la clé des champs.