À peine lancée, la saison de la cerise est déjà finie
by eva tissotLes arboriculteurs de la vallée de la cerise voient leur production divisée par trois. Une situation paradoxale, les branches croulent pourtant sous les fruits.
"Ça n’a pas commencé et c’est déjà fini !", déclare Achille Fabre, perché dans un cerisier. Le président honoraire de la maison de la Cerise à Paulhe fait les premières cueillettes de la saison, et, avec elle, les constatations sur l’état des fruits. "On aurait peut-être dû les ramasser samedi, mais les artisans qui retraitent les fruits n’étaient pas prêts et il faut les travailler tout de suite", explique-t-il. Sur les branches couvertes de fruits, la problématique se constate très vite. "La récolte de la première variété, la burlat, est inramassable, explique Achille Fabre. Il y a trop de petites, il y a eu une fécondation énorme au printemps. Il n’a pas gelé et il a fait beau. Les arbres sont couverts de fruits, mais ils ont été contrariés par la dernière pluie".
De nombreux fruits petits et fendus
En effet, de nombreux fruits sont petits et fendus, mais la galère ne s’arrête pas là. "En plus la mouche Suzukii, qui pique les fruits et les fait pourrir, est passée par-dessus aussi, poursuit-il. Pour faire une cagette de belles cerises, vendables, de cinq kilos, il faut en ramasser quinze kilos." La maison de la Cerise à Paulhe, sert d’intermédiaire entre certains producteurs et les artisans qui valorisent les fruits. Dans le verger communal du village, une équipe de huit bénévoles participe aussi à la première journée de cueillette, ils ont commencé de bonne heure Pour pouvoir fournir près de 200 kg de cerises transformées le soir même en confiture. "On est heureux là, on oublie tout, on est loin du Covid et du confinement", déclare l’un d’entre eux. Les bénévoles cueilleurs, devisent tout en choisissant bien les fruits un à un sous les feuilles. Une dizaine de cagettes trônent déjà sous le premier arbre du verger. Les récoltes des vergers de la maison de la Cerise et de certains producteurs, membres de l’association, servent à fabriquer du nectar de cerise, de la confiture, de la glace et un apéritif. Tous les produits sont en vente à la boutique à Paulhe, mais aussi dans de nombreux commerces de produits locaux.
Travailler de suite après la récolte
"La cerise c’est un produit fragile, encore plus cette année. Il faut les travailler immédiatement après la récolte, insiste Achille Fabre, qui projette aussi de faire de la vente directe. On le fera sur commande et sous forme de drive." Dans le verger les distanciations sociales sont respectées. Chacun son côté de l’arbre, au grand air, il n’y a pas besoin de masques. Dans la vallée de la cerise, la soixantaine de producteurs, qui souffre déjà depuis des années, a du souci à se faire pour cette saison aussi.
Pour protéger la récolte de cerises tardives - la seule qui est encore à "sauver"- ils sont contraints de traiter les arbres. "Certains gros producteurs ont décidé de ne pas faire leur récolte de burlat, pour eux, l’investissement ne vaut pas le coup. Leurs équipes de ramassage sont prêtes, mais le tri des cerises rend l’opération peu rentable", ajoute pour conclure l’arboriculteur contrarié.
Parmi les producteurs de la vallée de la cerise, certains produisent 300 kilos, d’autres jusqu’à 4O tonnes. Gérard Grèzes est de ceux qui produisent modérément. "Pour une fois, les arbres étaient pleins de fruits, on pensait préparer une bonne récolte" dit-il. Les orages récents en ont décidé autrement, les cerises se sont fendues. "Pour la burlat, la situation est catastrophique, c’est impossible de devoir tout trier. D’autant plus pour les gros producteurs évidemment" L’arboriculteur explique aussi que c’est la première année que la récolte de mirabelles est plus grande que celle de la cerise. Certains producteurs ont en effet abandonné la, capricieuse, cerise au profit de la mirabelle.