Manque de masques : une plainte contre le CHU de Toulouse
by Loubna ChlaikhyPlus de deux semaines après le déconfinement des voix commencent à s’élever au sein du CHU de Toulouse. Entre hommages aux personnels soignants et revendications, elles dénoncent une "mise en danger".
"On est en quête de vérité." Après une première mis en demeure, un collectif d’infirmiers de blocs opératoires porte plainte désormais contre les directions des 32 hôpitaux de France, dont le CHU de Toulouse, pour "mise en danger de la vie d’autrui". En cause, le manque de masques FFP2. "Nous n’avons eu aucune réponse à notre mise en demeure, nous avons donc déposé une plainte, sur le modèle des salariés d’Amazon", explique Gregory Chakir, infirmier de bloc opératoire, et porte-parole du collectif Inter Bloc.
Un appel à exercer le droit de retrait
Tout au long de l’épidémie, les masques FFP2, les plus protecteurs, ont été rationnés et réservés pour les seules interventions à risque dans de nombreux hôpitaux. Dans les blocs opératoires, les infirmiers se retrouvent donc avec des masques chirurgicaux, qui selon eux ne les "protègent pas" du risque d’être contaminés par le Covid-19. "En France, les recommandations préconisent le port du masque FFP2 uniquement pour certains actes et certains personnels. On ne comprend pas pourquoi le principe de précaution, qui est dans le droit du travail n’a pas été privilégié", détaille Gregory Chakri. Le porte-parole évoque notamment le risque de contamination lié aux patients pouvant présenter une forme asymptomatique de la maladie. "Depuis lundi, nous appelons les infirmiers de blocs à exercer leur droit de retrait pour danger grave et imminent, sauf pour les urgences vitales et les opérations liées au cancer, pour lesquelles on continuera de se mettre en danger pour le bien de nos patients", indique le porte-parole.
Un rassemblement en hommage aux soignants morts ou infectés
Après une manifestation la semaine dernière, les soignants se sont réunis hier après-midi devant les différents établissements hospitaliers, pour rendre hommage aux personnels soignants infectés ou morts en exerçant leur métier. Après une minute de silence et des applaudissements fournis, les blouses blanches en ont profité pour évoquer leur détermination.
"On s’est mis en danger, certains ont contaminé leurs familles, maintenant on se donne rendez-vous le 16 juin pour le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre : sauver l’hôpital public", a notamment lancé Julien Terrié, soignant et représentant CGT.Contacté, le CHU n’a pas tenu à s’exprimer sur ces accusations.