Chaleur dans les CHSLD: le CIUSSS de l'Estrie en phase «alerte»

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Tout le personnel dans les centres d’hébergement est sur le qui-vive pour tenter de contrer les effets de la chaleur sur les résidents. Une série de mesures spécifiques, notamment en contexte de pandémie, ont été mises en place en ce sens, mardi, alors que l’on prévoit que le mercure oscillera autour de 30 degrés Celsius au moins au cours des deux prochains jours.

En entrevue à La Voix de l’Est, lundi, une infirmière qui travaille au CHSLD Villa-Bonheur de Granby a évoqué «l’horreur» en songeant à la gestion des personnes âgées, en pleine canicule, tout en tentant de respecter les mesures sanitaires préconisées par la santé publique.

Nancy Desautels, qui seconde la présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS de l’Estrie et qui coordonne la sécurité civile, a indiqué en point de presse, mardi, que tout est mis en oeuvre pour assurer la sécurité et le bien-être des résidents des centres d’hébergement. «Dans les CHSLD, on demande d’augmenter l’hydratation, toujours en respect des directives médicales. On surveille la température des lieux [...] et les résidents de façon accrue», a-t-elle cité en exemple.

«Ce sera impossible d’installer des ventilateurs partout, sinon, il suffit qu’un résident tousse et on poussera les gouttelettes partout dans l’air. On va faire face à un gros problème», a fait valoir notre source à Villa-Bonheur.

Le directeur de la santé publique en Estrie, Dr Alain Poirier, a abondé dans le même sens en point de presse. «Les petits ventilateurs sur pied. Nos petits gadgets qu’on a dans nos maisons, il faudrait les éviter parce qu’ils propulsent [l’air] direct. [...] Ils pourraient faire en sorte que le virus voyage un peu plus si une personne est infectée.»

Il a ensuite mis un bémol. «Étant donné le très faible nombre de cas de COVID en ce moment en Estrie, et que le ventilateur sur pied diminue l’inconfort lié à la chaleur, l’utilisation est tolérée [s’il] n’est pas dirigé dans le visage des gens.»

En ce qui concerne le recours à des ventilateurs sur pied dans les aires communes «le système de rotation ne doit pas être en fonction», a spécifié le CIUSSS.

L’alimentation des résidents en CHSLD doit également être adaptée en fonction de la chaleur ambiante par des techniciens en diététique. On peut notamment substituer un jus de légumes à une soupe, incorporer des boissons fraîches, des desserts ou des collations glacés, a mentionné Mme Desautels.


« Étant donné le très faible nombre de cas de COVID en ce moment en Estrie, et que le ventilateur sur pied diminue l’inconfort lié à la chaleur, l’utilisation est tolérée [s’il] n’est pas dirigé dans le visage des gens. »
— Le directeur de la santé publique en Estrie, Dr Alain Poirier


Mesures aléatoires?

En point de presse, lundi, le directeur national de la santé publique au Québec, Dr Horacio Arruda, a déclaré que rien ne sera laissé au hasard dans toutes les régions pour contrer les effets des canicules dans les CHSLD.

«On va s’assurer, avec des génératrices extérieures, des mécanismes de ventilation faits avec des firmes spécialisées pour pouvoir, même dans une situation où il manque d’électricité, mettre des climatiseurs individuels pour rafraîchir les gens.»

Le CIUSSS envisage-t-il cette avenue dans ses installations? «On est toujours en attente de la recommandation du ministère de la Santé à cet effet», a répondu Mme Desautels.

En raison des règles de distanciation, comment utiliser les aires communes climatisées dans les CHSLD? «Lorsque la climatisation dans les chambres n’est pas disponible, nous déplacerons les résidents dans des aires communes climatisées. Des mesures particulières seront mises en place pour respecter la distanciation physique de deux mètres ou plus. Une rotation de résidents sera effectuée afin de favoriser l’accès le plus souvent possible à ces aires climatisées (minimum de deux heures consécutives par jour)», a indiqué le CIUSSS par courriel.

Le message ne semble pas s’être rendu dans tous les centres d’hébergement. Du moins selon les propos d’une infirmière du CHSLD Villa-Bonheur, à bout de souffle à la fin de son quart de travail, mardi.

«Aucun plan d’action n’a été fait pour diminuer la chaleur dans les chambres des résidents. Lundi, les familles ont été appelées pour apporter des ventilateurs. Mais aujourd’hui, les ventilateurs qu’ont a reçus sont en isolement pour 24h. Dans le salon, on est bien, mais on ne peut pas amener les 26 patients. Dans les chambres, même ceux qui ont un ventilateur, la température est de 28 degrés Celsius. Et même jusqu’à 32 degrés. Et que dire de la salle du bain, où la température atteint au moins 29 degrés. (Ça ne fait) aucun sens», a-t-elle déploré.