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Marie Owens Thomsen

Contrairement à une idée reçue, l’investissement ESG surperforme

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Il existe sur les marchés une idée reçue selon laquelle les investissement ayant une orientation ESG (environnement, social, gouvernance) ou durable, au sens plus général, sous-performent. Cette position s’est avérée fausse en mars et avril dernier quand le marché boursier mondial a subi un des chocs les plus importants de tous les temps. Cet épisode a pu représenter le stress test ultime ouvrant définitivement la porte à tous les investisseurs favorables à ces stratégies.

Le S&P 500 est un des indices phares, qui suit la capitalisation boursière de 500 grandes sociétés américaines, représentant environ 80% de la capitalisation disponible aux Etats-Unis. En janvier 2019, S&P a lancé un indice ESG basé sur le S&P 500. De ce dernier sont exclues les sociétés ayant une notation ESG faible en absolu ou par rapport à leurs pairs, ou exerçant une activité contraire aux principes de durabilité, tel que le tabac par exemple. L’indice compte donc 311 sociétés après la révision effectuée à la fin du mois d’avril 2020.

En excluant ainsi 189 membres, la version ESG de l’indice S&P 500 a délivré une performance supérieure à l’indice principal de 2,7% depuis avril 2019. Il faut savoir que la mission du S&P 500 ESG (donc en réalité S&P 311) n’est pas de battre l’indice principal mais d’y apporter le facteur ESG. La surperformance est une bonne surprise exogène, si l’on peut dire. Il s’avère également que d’autres fournisseurs d’indices ont constaté eux aussi que les indices durables ont mieux résisté cette année que les indices principaux. Le Dow Jones Sustainability World Composite a battu le Dow Jones de 3,8% depuis le début de l’année, et le MSCI World ESG Leaders a surperformé l’indice MSCI World de 1,3%.

Morningstar nous apprend que 45,6 milliards de dollars ont été investis dans des fonds d’investissement de type ESG lors du premier trimestre de cette année, comparé aux 384,7 milliards de dollars de sorties en provenance d’autres types de fonds. Pour l’ESG cela représente une baisse de 12% du plus haut montant investi (960 milliards à a fin de 2019) par rapport à une baisse de 18% pour les autres fonds au premier trimestre. Bien sûr, de cette manière, les investisseurs votent avec leurs pieds et déterminent collectivement ce résultat. Si cette tendance devait se poursuivre, le Covid-19 serait potentiellement l’évènement clé ayant permis d’ancrer la finance durable en tant que facteur de performance ainsi que de protection à la baisse des portefeuilles d’investissement en général.

Pourtant, il reste encore du chemin à faire... La capitalisation boursière mondiale s’élevait à près de 90.000 milliards de dollars fin 2019, comparés aux 14.000 milliards de dollars investis dans l’ESG en Europe et aux 12.000 milliards aux Etats-Unis, toutes classes d’actifs confondues. Mais, la croissance de la finance durable est trois fois supérieure aux autres investissements et d’ici quelques années la thématique pourrait représenter 50% de l’investissement en 2025 à en croire Deloitte. Pour y parvenir, il faudrait réaliser des progrès dans le domaine de l’uniformisation des données ESG ainsi que dans la règlementation qui les entoure. Seul 35 % des données utilisées actuellement pour évaluer l’ESG proviennent d’un analyse volontaire des sociétés cotées elles-mêmes. Les futurs gagnants seront en toute probabilité ceux qui communiquent le mieux sur ces facteurs s’agissant des sociétés, et ceux qui savent le mieux recueillir et utiliser des données de qualité sur ces thématiques du côté des investisseurs. 

*Global Head of Economic  Indosuez Wealth Management

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