Québec offre un appui de 200 millions $US au Cirque du Soleil

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Le gouvernement Legault vient en aide au Cirque du Soleil avec un appui financier pouvant atteindre 200 millions $US, une bouée à laquelle se greffe une entente avec les actionnaires américains et chinois permettant à Québec d’un jour racheter leurs positions dans l’institution.

Le Cirque du Soleil, détenu par des intérêts étrangers à hauteur de 80 %, tente présentement de se recapitaliser afin de reprendre le dessus sur sa santé financière, engourdie par une dette d’environ un milliard $US et aggravée sérieusement par la suspension de ses activités en pleine pandémie.

L’appui de 200 millions US$ sous forme de dette survient à la suite d’un accord de principe avec le fonds américain TPG, qui détient 60 % des actions, le groupe chinois Fosun (20 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec, détentrice d’un autre bloc de 20 %, a indiqué le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, sans entrer dans les détails.

« Nous avons une clause où nous pourrons racheter, à un moment donné, la position détenue par TPG et par Fosun dans le cirque accordant ainsi une détention complète québécoise », a dit M. Fitzgibbon. « Les impôts du cirque vont continuer à être payés au Québec et au Canada. Ainsi que le salaire des dirigeants va être très raisonnable comme on fait dans toutes les situations où le gouvernement s’implique. »

Conditions

Dans la même optique, le siège du Cirque demeurera au Québec, tout comme sa propriété intellectuelle et ses dirigeants. « C’est un processus qui est très complexe et, dans les semaines à venir, nous allons voir les actionnaires faire une proposition et, pendant ce temps-là, d’autres acteurs, d’autres repreneurs pourront aussi prendre position comme on le voit présentement dans les journaux », a ajouté le ministre. Québec veut ainsi « ancrer » le redémarrage du Cirque au Québec.

Le ministre semblait ainsi faire référence à l’intérêt démontré publiquement par le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, de même que celui du cofondateur du Cirque, Guy Laliberté, qui a vendu son dernier bloc à la Caisse de dépôt au mois de février 2020. M. Laliberté en a d’ailleurs été l’actionnaire de contrôle à 90 % jusqu’en 2015, lorsque Fosun, la Caisse de dépôt et TPG sont entrés en scène dans le cadre d’une transaction évaluée à 1,5 milliard. C’est à ce moment que la part de M. Laliberté est tombée à 10 %.

« Patrimoine québécois »

La direction du Cirque a décliné les demandes d’entrevue mardi, mais une porte-parole, Caroline Couillard, a indiqué que l’entreprise accueille « favorablement l’annonce qui s’inscrit dans le processus de recapitalisation de l’entreprise ». « Le fort intérêt manifesté par le consortium composé d’Investissement Québec et de nos actionnaires actuels témoigne encore une fois de la force de notre marque et de l’importance de préserver le patrimoine québécois du Cirque du Soleil. »

Invité à en dire plus sur les modalités en vertu desquelles le gouvernement du Québec pourrait acquérir le Cirque, le ministre a affirmé que l’État ne veut pas exploiter un cirque, mais qu’il souhaite que l’institution demeure en sol québécois. « On a établi une formule que je ne veux pas divulguer pour l’instant parce qu’elle n’est pas encore publique. On a une formule où si les actionnaires disent : “Nous voulons vendre le cirque.” Parfait, on l’achète. Pouf ! C’est ça, la formule. » Il y a aussi « une date où on va pouvoir acheter », a-t-il dit.

Au moment où ces lignes étaient écrites, le fonds d’investissement américain TPG n’avait pas encore répondu à une demande d’information du Devoir. De son côté, la Caisse de dépôt n’a pas voulu faire de commentaires.

Le Cirque a mis à pied temporairement en mars 95 % de son personnel, soit environ 4700 employés, en plus d’annuler des dizaines de spectacles un peu partout dans le monde. Plus ou moins en même temps, l’agence de notation Moody’s a réduit sa cote de crédit.

Selon le député Vincent Marissal, de Québec solidaire, le gouvernement devrait investir dans le Cirque de manière à prendre part aux décisions et non pas « être un simple spectateur de la vente de ce joyau québécois ».

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