Un virus qui ralentit des projets d’entreprise
by Marie-Ève MartelPour un entrepreneur qui désire se lancer en affaires, prévoir est la clé. Plus un plan d’affaires est paré à toute éventualité, plus celui-ci sera solide. Or, une pandémie fait rarement partie des éléments pondérables. Pour ceux qui étaient sur le point d’ouvrir leur commerce ou qui venaient tout juste de le faire, tout est une question d’adaptation.
La pandémie ne compromettra probablement pas l’ouverture de Tanuki, Jeux et E-Sports, mais elle la retardera assurément, mentionne Alysson Gince, qui caressait le projet d’ouvrir un salon de jeux vidéo à Granby depuis un bon moment. Un lieu où les gamers, qu’ils soient débutants ou expérimentés, pourraient socialiser tout en essayant de nouveaux jeux ou en se perfectionnant sur d’autres, toutes plateformes confondues.
«Notre objectif initial était d’ouvrir à la fin août, au même moment où le cégep reprend les cours, explique la jeune entrepreneure. Avec la pandémie, c’est repoussé entre la fin septembre et la fin janvier. On a déjà trouvé notre local, mais on ne peut pas signer notre bail tant qu’on ne sait pas quand on pourra ouvrir précisément.»
Déterminer la date d’ouverture du futur commerce est d’ailleurs le plus grand défi auquel font face Mlle Gince et son partenaire d’affaires, Cédric Fortin, dans les circonstances. «On attend de voir si on va connaître une deuxième vague, et on va se fier aux restaurants. Quand ils pourront accueillir des clients pour un bon et long repas, on va avoir une idée de ce qui nous attend. Quand ce sera permis et logique de le faire, on ouvrira», indique l’entrepreneure.
Des mesures hygiéniques pour s’assurer du bon entretien des équipements, particulièrement des consoles de jeux vidéo, étaient déjà prévues. «On va vendre de la nourriture et des rafraîchissement sur place, indique Mme Gince. Si quelqu’un mange du pop corn en jouant, c’est sûr qu’on va nettoyer la manette parce qu’on ne veut pas qu’il la laisse graisseuse.»
La pandémie amène toutefois l’entrepreneure à resserrer ces mesures et à en mettre d’autres en place. «Il faudra probablement nettoyer et désinfecter les manettes entre chaque joueur, surtout s’ils essaient plus d’une console. Il faudra aussi voir les sièges pour s’assurer que les joueurs ne soient pas trop près les uns des autres. En même temps, on ne s’imagine pas mettre des plexiglas entre chaque place sur un même divan, illustre Mlle Gince. On pense à des alternatives. On pourrait avoir des fauteuils ou des bean bags à la place, ce qui permettrait d’espacer les joueurs.»
Malgré tout, Mme Gince est confiante de pouvoir ouvrir les portes de son entreprise à moyen terme. «Un entrepreneur doit pouvoir s’adapter et faire face à différents défis. Dans notre cas, le premier est la pandémie!»
Celle-ci est toutefois heureuse, après-coup, de ne pas avoir ouvert les portes de son salon l’hiver dernier. «Ça nous aurait coupé l’herbe sous le pied», croit-elle.
D’ici à ce qu’une date officielle soit arrêtée, les deux partenaires travaillent toutefois sans relâche en vue de la grande ouverture. «On travaille à solidifier notre plan d’affaires et on bâtit une communauté de joueurs autour de notre projet. Quand on pourra le lancer, on aura déjà une base solide», indique-t-elle.
D’ailleurs, un tournoi amical en ligne du jeu Super Smash Bros. Ultimate est prévu le soir du 3 juin, en collaboration avec les Jeunes Ambassadeurs de Granby.
Notoriété retardée
La situation n’est pas dramatique pour ceux qui venaient tout juste d’ouvrir les portes de leur commerce, mais les affaires vont au ralenti.
La joaillière Sabrina Cusson avait ouvert Opale, son atelier-boutique au centre-ville de Sutton, à la fin février. Plus ou moins deux semaines après la grande ouverture, la commerçante a dû temporairement fermer ses portes en raison de la pandémie, mais a pu rouvrir le 4 mai dernier après que le gouvernement provincial ait donné son feu vert à la reprise des activités des commerces jugés non essentiels.
Malgré cela, la Suttonnaise a profité de cette accalmie pour créer dans le confort de son atelier, où elle a pu se réfugier sans danger lorsqu’elle ressentait le besoin de sortir de chez elle. «Ça m’a fait un bien fou!» dit-elle.
Ses plans ont été chamboulés, reconnaît la principale intéressée. «La crise a retardé la notoriété de mon commerce. Actuellement, les gens ne savent pas que je suis là, que je suis ouverte. C’est très tranquille, surtout parce que les touristes ne peuvent pas venir», constate Mme Cusson, somme toute optimiste dans les circonstances.