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Dimanche 22 mars 2020, une mutinerie inédite par son importance éclatait au centre de détention d'Uzerche © Frédéric LHERPINIERE

Des travaux déjà lancés au centre de détention d'Uzerche pour réparer les lourds dégâts de la mutinerie (Corrèze)

La direction de l’administration pénitentiaire a souhaité rapidement remettre en état les bâtiments C et D du centre de détention d’Uzerche, hors service après les importants dégâts provoqués par la violente mutinerie du 22 mars. Des travaux ont déjà débuté et, malgré les doutes qui avaient émergés après les événements et la chute des effectifs de détenus, les 130 surveillants vont rester en poste.

Après la violente mutinerie qui a secoué, dimanche 22 mars durant toute la soirée et une partie de la nuit, le centre de détention d’Uzerche, et les dégâts colossaux que ces événements à l’ampleur inédite ont engendrés, de nombreuses questions se posaient.

Combien des 130 surveillants en poste resteraient affectés à l’établissement, sachant que, suite aux dégâts colossaux, 330 détenus sur les 519 que comptait le centre au moment des faits ont dû être transférés dans des prisons partout en France ? L’administration pénitentiaire pourrait-elle consentir rapidement à des travaux pour remettre en ordre de marche l’établissement ?

Plusieurs centaines de milliers d’euros de réparations, selon un syndicat

Même si la facture s’annonce colossale avec deux bâtiments hors-service - portes défoncées, cellules inutilisables, endommagés par les fumées de plusieurs incendies allumés par les mutins, matériel et postes de surveillance arrachés… -, le ministère de la Justice a donné son aval pour réaliser les lourds travaux de réparation. « Cet établissement, important sur la carte régionale et nationale, restera un centre de détention », explique la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire de Bordeaux, à laquelle le centre d’Uzerche et la maison d’arrêt de Tulle sont rattachés.

« Certains travaux ont déjà débuté le 18 mai, notamment de sécurisation des postes protégés et des bureaux. Viendront ensuite, après la remise en état de toute la partie électrique et électronique, des travaux importants de réfection des peintures, car beaucoup d’espaces ont fait les frais des feux qui avaient été allumés », détaille-t-on.

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Les dégâts ont été tels que deux bâtiments sont actuellement hors service

Des perspectives de retour à la normale bienvenues pour les personnels et représentants de syndicats, souligne Dimitri Frères, représentant l’Ufap Unsa Justice : « Les entreprises sont passées pour faire des devis et ont déjà attaqué les travaux. Théoriquement, on peut espérer une réintégration début 2021 pour le bâtiment C, soit 200 détenus, et à la fin de premier trimestre 2021 pour le bâtiment C ». Un échéancier de chantier que confirme la direction de l’administration pénitentiaire.

Les effectifs de fonctionnaires maintenus sur site

Des travaux qui s’annoncent déjà avec un coût important, annonce le représentant syndical, évoquant plusieurs centaines de milliers d’euros : « Rien que le nettoyage, c’est plus de 500.000 €. » Si des craintes étaient par ailleurs affichées sur le maintien des personnels rattachés au centre, la direction a assuré que tous seraient maintenus : « Seule une très faible partie de l’effectif pourra, selon le principe du volontariat, temporairement être mise à disposition d’autres établissements. Mais tous resteront quoi qu’il en soit administrativement rattachés au centre d’Uzerche ».

Une satisfaction pour les personnels, dont Dimitri Frère précise : « Avant, faute de personnels suffisants, nous effectuions 30 % d’heures supplémentaires pour les besoins du service. Là, avec actuellement 167 personnes écrouées, nous fonctionnons simplement sans recourir à ces heures supplémentaires. »

Un nombre de dossiers qui a en conséquence fléchi pour les avocats et juges d'application des peines

La chute conséquente des effectifs a un effet mécanique quasi immédiat sur l’activité des avocats, régulièrement amenés à intervenir, mais aussi sur celle des juges d’application des peines. « Nous intervenions environ deux fois par semaine pour les commissions de disciplines mais aussi pour les demandes d’aménagements de peines, qui réunissent le juge d’application des peines, le procureur, l’administration, le service pénitentiaire d’insertion et de probation, au moins une journée entière par mois. De fait, moins de détenus signifie moins de dossiers, notamment pour les avocats qui assurent la permanence pénale, dont beaucoup de jeunes confrères », indique le bâtonnier du barreau de Tulle Me Nadège Pouget-Bousquet.

Julien Bachellerie